Jamais elle n’avait rencontré une femme de cette envergure. Jamais. Bien sûr, son prénom lui évoquait quelque chose qu’elle n’arrivait à préciser. Impressionnée par sa verve lors de leurs premiers échanges, elle s’était laissé apprivoiser par son sourire, son regard lumineux et pétillant. Sa gestuelle venait fleurir son discours. C’est fou comme ses mains faisaient parler ses mots.
Marguerite.
On était venu lui dire à l’oreille de qui il s’agissait. Une personnalité reconnue, libre, intemporelle en Polynésie.
Marguerite est si spontanée. Aussi simple que raffinée. Quand cette femme raconte le Tahiti d’antan, le monde s’arrête pour l’écouter. Cette grande oratrice vit ce qu’elle dit avec tellement d’intensité. Quand, dans sa jeunesse, ses racines et sa culture ont été arrachées pour la soumettre, Marguerite a lutté pour son peuple. En silence en société. À coups de danse libre dans la vallée. Marguerite s’y rendait avec ses amies pour danser, parler en reo tahiti et ne pas perdre son identité. À travers cette rébellion secrète, elle a aussi réussi à préserver l’essence du 'ori tahiti. Elle se refusait à être entravée par des chaînes qui étoufferaient à petit feu les siens et ses ancêtres. Pendant son récit, on l’imagine partir dans la vallée, pieds nus, détacher ses longs cheveux noirs de jais et respirer le souffle de Vie la guider là où chacun de ses mouvements exprimera une intention précise. Ses doigts, ses pas, ses bras, sa posture donnent vie aux notes de musique et aux paroles chères à son cœur. Il s’agit pour elle de ne jamais couper le cordon avec la terre de ses ancêtres.
Quand Marguerite lui raconte tout cela, elle est subjuguée par ce que lui transmet cette femme. La vie. La survie et le courage aussi. Jusque dans ses tripes, elle ressent le combat de Marguerite. Le combat pour préserver son identité et celui de son peuple. Le combat d’une vie de femme déterminée qu’elle porte encore aujourd’hui à travers la représentation du 'ori tahiti au fenua et dans le monde entier.
Marguerite est un trésor à elle seule. Elle est gardienne d’un temple sacré. D’ailleurs, lorsqu’elle lui raconte ses danses secrètes, Marguerite a un éclat dans le regard absolument divin. Elle se sent si petite à côté de cette immense danseuse. Elle a honte aussi, un peu. Honte de ce que son peuple a infligé au sien. Elle a envie de pleurer tant ce témoignage combatif est une ode à la vie et à la liberté. Marguerite lui dit qu’elle devait le faire, comme une mission pour son peuple et ses souvenirs. Elle s’est battue pour que la transmission de leur identité culturelle perdure. Face à la soumission, tant de gens se taisent, s’inclinent. Pas Marguerite. Sans la danse, sa flamme de vie incandescente se serait évanouie. Marguerite ne se taira jamais plus : elle a inspiré tant d’autres femmes à travers son engagement et sa détermination.
As-tu reconnu cette héroïne, garante de l’héritage du patrimoine polynésien ?
Sigolene Vielle
Marguerite.
On était venu lui dire à l’oreille de qui il s’agissait. Une personnalité reconnue, libre, intemporelle en Polynésie.
Marguerite est si spontanée. Aussi simple que raffinée. Quand cette femme raconte le Tahiti d’antan, le monde s’arrête pour l’écouter. Cette grande oratrice vit ce qu’elle dit avec tellement d’intensité. Quand, dans sa jeunesse, ses racines et sa culture ont été arrachées pour la soumettre, Marguerite a lutté pour son peuple. En silence en société. À coups de danse libre dans la vallée. Marguerite s’y rendait avec ses amies pour danser, parler en reo tahiti et ne pas perdre son identité. À travers cette rébellion secrète, elle a aussi réussi à préserver l’essence du 'ori tahiti. Elle se refusait à être entravée par des chaînes qui étoufferaient à petit feu les siens et ses ancêtres. Pendant son récit, on l’imagine partir dans la vallée, pieds nus, détacher ses longs cheveux noirs de jais et respirer le souffle de Vie la guider là où chacun de ses mouvements exprimera une intention précise. Ses doigts, ses pas, ses bras, sa posture donnent vie aux notes de musique et aux paroles chères à son cœur. Il s’agit pour elle de ne jamais couper le cordon avec la terre de ses ancêtres.
Quand Marguerite lui raconte tout cela, elle est subjuguée par ce que lui transmet cette femme. La vie. La survie et le courage aussi. Jusque dans ses tripes, elle ressent le combat de Marguerite. Le combat pour préserver son identité et celui de son peuple. Le combat d’une vie de femme déterminée qu’elle porte encore aujourd’hui à travers la représentation du 'ori tahiti au fenua et dans le monde entier.
Marguerite est un trésor à elle seule. Elle est gardienne d’un temple sacré. D’ailleurs, lorsqu’elle lui raconte ses danses secrètes, Marguerite a un éclat dans le regard absolument divin. Elle se sent si petite à côté de cette immense danseuse. Elle a honte aussi, un peu. Honte de ce que son peuple a infligé au sien. Elle a envie de pleurer tant ce témoignage combatif est une ode à la vie et à la liberté. Marguerite lui dit qu’elle devait le faire, comme une mission pour son peuple et ses souvenirs. Elle s’est battue pour que la transmission de leur identité culturelle perdure. Face à la soumission, tant de gens se taisent, s’inclinent. Pas Marguerite. Sans la danse, sa flamme de vie incandescente se serait évanouie. Marguerite ne se taira jamais plus : elle a inspiré tant d’autres femmes à travers son engagement et sa détermination.
As-tu reconnu cette héroïne, garante de l’héritage du patrimoine polynésien ?
Sigolene Vielle