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​Les évasans explosent à Uturoa


Tahiti le 10 octobre 2024. Avec un bloc opératoire en moins depuis le 14 juillet dernier, à la suite d’une panne majeure du système de refroidissement, l’hôpital de Uturoa se voit contrait d’évasaner de nombreux patients nécessitant des opérations en direction du CHT de Pirae. Un coût pour la CPS qui avoisinera le demi-milliard de francs l'année prochaine.
 
 
Alors que feux d’artifices et défilés égayaient la journée du 14 juillet dernier, un bloc opératoire de l’hôpital de Uturoa s’est retrouvé inondé à la suite de la panne d’une machine servant à climatiser les pièces.


Dès le lendemain, médecins, personnels de santé et direction interpellaient le gouvernement sur le problème qui risquait alors, selon les professionnels sur place, de durer entre 3 et 6 mois. Opérations et accouchements devenaient alors restreints avec un seul bloc ouvert jusqu’au mois de novembre, date qui avait été annoncée au personnel de Uturoa.


Le 18 juillet, Cédric Mercadal signait une note informant que « la situation actuelle du bloc opératoire de l’hôpital de Uturoa conduit à assurer une activité chirurgicale en mode dégradé qui sera adaptée en fonction des délais de réparation du circuit de l’air ». Ainsi, la salle du bloc 2 devait être préparée pour accueillir « les interventions chirurgicales pour urgence vitale » et « les interventions chirurgicales, quel que soit le degré d’urgence, à l’exception de l’orthopédie prothétique, de la chirurgie des grands brûlés et de la greffe d’organe. »


Cependant, une note interne à l’hôpital de Uturoa déconseillerait au contraire de procéder de la sorte et seules les urgences vitales et quelques autres interventions sont finalement programmées.


L’urgence de remettre l’hôpital de Uturoa en pleine activité n’a cependant pas été des plus rapides dans son traitement. Selon nos informations, les opérations de remplacement du bloc froid et la remise en route du système de circulation d’air n’ont été commandés que tout récemment. Un membre de la Direction de la santé devrait d’ailleurs se rendre à Uturoa ce vendredi pour présenter à l'hôpital le planning des travaux qui ne devraient pas être livrés avant le mois d’avril, si tout se passe bien. Une annonce dont semblent douter les médecins sur place, le temps que les commandes soient faites, que les travaux soient effectués, et que les tests de sécurisation du bloc soient faits.

​Des coûts qui explosent

En attendant, deux équipes de médecins affectés à ces blocs opératoires pourraient se voir proposer des missions aux Marquises ou des opérations au Taaone, pour ne pas perdre en compétence. Comme les pilotes, ces derniers ont besoin de pratiquer régulièrement, ce qui n’est actuellement plus possible correctement à Raiatea. L’hôpital a besoin d’une équipe de bloc complète pour répondre à son obligation de moyen alors que la seconde équipe est donc en trop. Le jeu des congés, des jours de récupération à rattraper et des arrêts maladies permettent cependant que les médecins qui tournent dans ces deux équipes, ne soient pas payés sans pouvoir pratiquer.

 
Nécessairement, avec un bloc opératoire en moins, l’hôpital de Uturoa est obligé d’avoir recours aux évasans afin de traiter des patients. Le surcoût total pour la CPS de la prise en charge de ces évacuations sanitaires (transport aérien et routier + nuitées d’hospitalisation) sur les 9 mois d’attente de la remise en service du bloc pourrait atteindre, en fourchette basse, un peu plus de 231 millions de francs. Le chiffre devrait monter, sur une estimation haute, jusqu’au demi-milliard de francs, à raison de 60 évasans par trimestre, dont 55 pour de la chirurgie, et 5 pour la gynécologie.


Une dépense dont se seraient bien passées les caisses de la CPS.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Jeudi 10 Octobre 2024 à 18:17 | Lu 2861 fois