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​Il y a 80 ans, Bir Hakeim accède à la renommée


Tahiti, le 9 juin 2022 - La bataille de Bir Hakeim vous a été racontée, au cours des 15 derniers jours, à travers certains de ses épisodes et telle qu'elle a été vécue dans les rangs tahitiens et en fonction des témoignages recueillis pour l’ouvrage Les Tahitiens dans la Seconde Guerre mondiale. En juin 1942, les volontaires du Pacifique sont entrés dans l’histoire en même temps que cette éclatante victoire de la France Libre.
 
80 ans après, le souvenir de la bataille de Bir Hakeim rend compte de l’opiniâtreté, de la bravoure au combat de nos fiers Tamari’i volontaires et de tous leurs frères d’armes. Des vertus unanimement saluées. Par l’ennemi, bien sûr. Dans son journal de guerre, Raoul Michel-Villaz écrivait à propos de la capitulation de l'Afrika Korps le 12 mai 1943 : “En mai 1943, lorsque des officiers allemands et italiens se rendent, ils nous demandent si nous étions leurs adversaires à Bir Hakeim. Nous étions pour eux des soldats d’élite, des fantômes (…). Si la France avait eu de tels soldats, les Allemands ne seraient jamais rentrés dans Paris.” Mais par la France, d’abord. “Nous ne tenons pas Bir Hakeim pour Austerlitz”, écrira André Malraux. “Mais Bir Hakeim, comme le premier combat de Jeanne d’Arc à Orléans, a été la preuve que la France n’était pas morte.”
 
À Bir Hakeim, la France Libre s’illustre avec les honneurs dans son premier combat frontal avec les troupes du Renard du désert. Elle y acquière ses lettres de noblesse et la reconnaissance d’une nation combattante aux côtés des Alliés. Du 27 mai au 10 juin 1942, dans ce camp retranché aménagé dans le désert libyen, 3 700 Français libres résisteront aux 32 000 hommes de l’Afrika Korps. Cette résistance inattendue va exaspérer le général Rommel, furieux dès l’échec de l’offensive du premier jour de l’attaque de la division italienne Ariete. Et l’obstination du Renard du désert va nécessiter, contre toute logique, le rassemblement de moyens importants qui auraient pu être mobilisées ailleurs, sur les théâtres d’opération de l’Allemagne nazie.

Un écho retentissant

Le capitaine Pierre Messmer de la 13e demi-brigade de Légion, futur ministre de la République, livre dans la préface du livre de François Broche Bir Hakeim, la France renaissante, les raisons du succès de la défense de Bir Hakeim : Rommel comme tous les généraux allemands pratiquent la blitzkrieg. Cette stratégie martiale consiste en des bombardements intenses, suivis immédiatement d’attaques de blindés. On brise et on disloque l’ennemi. Or, à Bir Hakeim c’est exactement à ce type d’attaque que la 1re Brigade française libre s’est préparée, sous le commandant du général Koenig. Elle s’est organisée en hérisson capable de se défendre d’où que viennent les attaques, avec des champs et des marais de mines, une artillerie anti-char et une solide défense aérienne, des positions de combat enterrées. Au cours des deux semaines de son siège, la Luftwaffe effectuera en vain plus de 1 400 vols de bombardement sur les positions alliées, alors que quatre divisions germano-italiennes échoueront dans leurs assauts terrestres.
L’écho de Bir Hakeim sera retentissant. La résistance héroïque des soldats de la Brigade sera relayée par l’ensemble des radios et des journaux alliés. En France occupée, les avions de la Royal Air Force vont larguer des prospectus à la gloire de la bataille de Bir Hakeim. Un journal de la résistance et un maquis s’octroient le nom de désormais célèbre localité du désert libyen.

​“Ô larmes de joie !”

Le Général de Gaulle écrira dans ses Mémoires de guerre, en souvenir de la sortie de vive force qui permit aux troupes de la 1ère brigade française libre de rompre le siège de Bir Hakeim : “Le général Koenig et une grande partie de ses troupes sont parvenus à El Gobi, hors de l’atteinte de l’ennemi (…). Je remercie le messager (…) Le congédie. Ferme la porte. Je suis seul. Ô cœur battant d’émotion, sanglots d’orgueil, larmes de joie !” La nouvelle arrive bien entendu à Tahiti, transportée par les ondes de la radio anglaise BBC. À Papeete, Loulou Spitz avait l’habitude d’écrire au crayon bleu, sur la devanture de sa bijouterie (aujourd’hui le magasin Sincère sur le front de mer), toutes les nouvelles du front. Il les traduisait en tahitien. Le journal Te Vea maohi va reproduire en 1943 une lettre de René Hintze écrite à sa famille, pour leur raconter, jour par jour, la bataille de Bir Hakeim. Les Tamari’i volontaires de Bir Hakeim auront contribué, par leur engagement et leur courage, à ce fait d’armes de la Seconde Guerre mondiale. Si le temps a maintenant fait son œuvre, il convenait de raviver encore une fois la mémoire de ce haut fait d’arme et de faire vivre l’héritage de nos fiers Tamari’i volontaires.

Rédigé par Jean-Christophe Shigetomi le Jeudi 9 Juin 2022 à 19:48 | Lu 1511 fois