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Derniers jours d'expo pour Ioané


TAHITI, le 5 juillet 2021 - L’artiste peintre l’annonce : il arrête les expositions. Il n’arrêtera pas son art pour autant. Le dessin et la peinture faisant partie de sa vie depuis 62 ans. Pour profiter des derniers jours de l’exposition, rendez-vous à la galerie Au Chevalet.

Dans la galerie du Chevalet, l’artiste peintre fait les présentations. Il raconte sa dernière exposition. Il s’attarde sur les couchers de soleil qu’il n’avait pas, jusqu’alors l’habitude de peindre. Il insiste sur les fleurs qu’il peint depuis toujours pour leur "légèreté", il explicite les nus qui sont des "œuvres de recherche" réalisées à partir de photos ou d'images en noir et blanc. Et puis, devant l’un de ses grands formats il s’arrête. "C’est mon préféré", dit-il.

Face à Ioané, Jésus et Marie sont en conversation. Jésus tient un 'uru dans la main, "de la nourriture pour le corps et pour demain, la vie éternelle". Il s’agit d’une toile symbolique. Le peintre précise alors qu’il évolue "dans ce domaine de la spiritualité", qu’il veut "faire passer un message" à ceux de plus en plus nombreux qui s’en éloignent.

Dernier rendez-vous


Une cinquantaine de toiles ornent les murs de la galerie. C’est la dernière fois que des toiles signées Ioané seront rassemblées car le peintre annonce vouloir arrêter. "Une exposition c’est un souci, car il faut réunir un nombre d’œuvres significatif et cela devient difficile pour moi." Mais il n’arrêtera pas de peindre. Voilà 62 ans qu’il s’exprime avec toiles et pinceaux, il continuera.

Il a démarré alors qu’il était âgé d’une quinzaine d’années. Né en Algérie, il a quitté sa terre natale pour aller vivre chez une tante au Maroc lors de la guerre. "Mes parents étaient en difficulté, j’ai dû partir." À Casablanca (Maroc), il a été "impressionné" par Tortoza. C’était un artiste qui peignait alla prima (une couche de peinture), sur le motif (peinture réalisée à l'endroit même où se trouve la scène). "J’étais fasciné par sa justesse, il avait la maîtrise." À la fin de l’exercice, il y avait une correspondance très étroite entre le tableau et le paysage. Ioané a suivi l’exemple.

Il est allé en France pour suivre des études, il a fait carrière dans la Marine. Au passage, à Toulon où il a vécu, il a fréquenté des élèves de l’école des Beaux-arts et enseignait Baboulène. Il a fréquenté Dufresne et Lau breton, eux aussi des peintres sur le motif, qui lui ont communiqué les bases de la peinture. Ioané s’est équipé d’un chevalet et d’une palette pour s’installer comme ses "maîtres" en extérieur.

Une première exposition en 1983

Il est arrivé en Polynésie en 1982 avec le CEP. Dès 1983, il exposait à l’Opati, à Papeete. Il voulait montrer rapidement qui il était. À cette occasion et pour aller vite, il avait choisi exceptionnellement le pastel. Ses toiles, stockées dans sa voiture, avaient miraculeusement échappé aux caprices du cyclones Veena. Sa première apparition avait rencontré "un certain succès", assure-t-il. "Le professeur du conservatoire Rui Juventin était passé avec ses élèves et avait été enchanté ! "

Depuis, il a exposé une douzaine de fois individuellement. Il a également participé à différentes expositions collectives. Il est revenu à l’huile, abandonnant le pastel, "trop délicat". Il a continué à peindre sur le motif tout au long de sa carrière artistique. "Quand on est habitué à une démarche, on la suit quel que soit le médium. Et ce, quelles que soient les contraintes." À ce propos, il explique par exemple qu’il faut être capable de transcrire un très grand paysage en petit dessin, qu’il être très attentif à "l’éclairage", comme un nuage qui passe et qui change toute la luminosité, qu’il faut s’adapter à la pluie et au vent souvent imprévisibles en Polynésie et qu’il faut être "équipé". En plein soleil, il faut dresser une ombrelle blanche de préférence, sans cela "on utilise des tons trop puissant".

Ces contraintes sont devenues trop lourdes pour Ioané qui a abandonné cette démarche. Il peint désormais, à regret, à partir de photographies. "J’ai 87 ans", souligne-t-il. Les amateurs pourront toujours profiter de ses talents en le contactant directement, mais pour apprécier de tableaux exposés, c’est maintenant.

Pratique

Jusqu’au samedi 10 juillet.
Accès libre et gratuit à la galerie du Chevalet.
Horaires : lundi de 13h30 à 17h30. Mardi, mercredi et jeudi de 8 heures à midi et de 13 h30 à 17h30. Le vendredi de 8 heures à midi et de 13h30 à 16h30. Le samedi de 8 heures à midi.

Contacts

Tél. : 40 45 21 10
Mail : [email protected]

Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 5 Juillet 2021 à 21:04 | Lu 1523 fois