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Heiata Aka sur la piste du "tout premier"


TAHITI, le 25 octobre 2021 - Professeure au Centre des métiers d’art, Heiata Aka est également artiste. Elle revient pour la troisième fois salle Muriavai avec une exposition intitulée Tahi Tumu. Un titre qu’elle interprète comme le tout premier. Elle présentera des gravures sur nacre et noix de coco ainsi que des tableaux.

"Si je suis prête ? Je ne sais pas", répond Heiata Aka en toute franchise. Elle sourit. Elle travaille sur une nouvelle pièce. Les jours sont comptés, elle expose son travail à partir de mardi prochain salle Muriāvai. En attendant, elle est assise au Centre des métiers d’arts (CMA), dans son atelier, entourée de ses élèves.

"Ils sont en autonomie." Régulièrement elle arrête sa propre tache et va au-devant d’eux. "Je discute de leur projet, et notamment de l’aspect technique." Professeure de gravure au CMA, Heiata Aka a donné pour consigne à sa classe de s’intéresser aux motifs des Australes, elle a mis entre les mains de ses élèves des noix de coco. "C’est la première fois qu’ils travaillent un tel support, je veux les amener à découvrir cette matière." Ils ont à décliner les motifs de manière contemporaine, esthétique. "J’insiste toujours sur cela, le beau, l’élégant. Il faut être également apprendre à minutieux", indique Heiata Aka qui ajoute : "on est toujours dans le questionnement du patrimoine". Elle a hâte de voir les créations à venir. Les siennes seront bientôt sous la lumière.

Aux origines

"Tahi Tumu" est, littéralement, "le premier arbre", traduit Heiata Aka. Elle a transposé la symbolique de l’arbre à l’être, l’humain, le spirituel, l’émotionnel. Elle a mené une réflexion sur l’origine, sur le tout premier. Par la force des choses, "il n’a plus qu’un nom, on le connait seulement au travers de mythes, de légendes, de motifs, mais qui était-il ? "

L’artiste a des réponses à cette question, ses réponses. Elle dit savoir pour elle ce que le tout premier symbolise, "mais qu’en est-il du visiteur ?" Heiata Aka a à cœur d’entraîner toutes celles et tous ceux qui observeront son travail à suivre ses traces à la rencontre du tout premier.

Pour cela, elle présentera des gravures sur nacre, sur noix de coco ainsi que des tableaux. "De l’abstrait", précise-t-elle. Elle rassure, reconnaissant que "oui, l’abstrait donne l’impression de partir dans tous les sens", mais que, grâce à l’énergie, les couleurs, le graphisme et un motif de rappel, elle rattrapera ses visiteurs. Ce motif sera issu des Marquises, des Tuamotu, de Nouvelle-Zélande…

Des origines d’origines

Elle attend des visiteurs qu’ils s’interrogent à leur tour. S’ils ressentent une émotion, alors d’où vient-elle ? À l’inverse, s’ils restent de glace et que rien ne se passe, alors d’où vient le "rien" ? "J’aime vraiment aller vers ce rien et comprendre, pourquoi ça n’accroche pas ? "

Si Heiata Aka a tourné autour du tout premier, elle ne s’est pas arrêtée sur la seule origine du tout. Elle est partie de Tahiti Tumu, à la fois "singulier" et "pluriel" pour passer ensuite d’origine en origine. "Moi-même, vous-même, à partir de quand devenez-vous une origine pour ce qui vient ? Est-ce que je suis une origine ? Est-ce que je vais, je dois apporter quelque chose ? Tout cela est si fort !"

Dans ce contexte, elle a porté un regard sur les piliers de sa vie, ceux qui l’ont construite, sur ses propres filles et ce qu’elle pourra leur laisser, mais aussi sur l’équilibre entre les énergies masculines et féminines - "même si les femmes prennent une certaine revanche actuellement, l’énergie masculine reste forte" -, sur le "rien" contemporain. Les nouvelles générations se détournent du patrimoine, de la culture, au profit par exemple d’interactions numériques et de réseaux dits "sociaux". "Qui peut dire ses racines ? Jusqu’où chacun est capable de remonter dans sa généalogie ? Si on ne se rappelle pas ses grands-parents, arrières-grands-parents, arrières-arrières-grands-parents, alors qui pour se rappeler le tout premier ? "

Les œuvres de Heiata Aka sont présentées avec celles de son compagnon Teva Fauura qui a repris la société Aka lorsque Heiata est devenue professeure. Il s’agit principalement de bijoux qui illustrent eux aussi le thème retenu, Tahit Tumu.

Heiata à l'œuvre dans son atelier au Centre des métiers d'art.
  • Heiata à l'œuvre dans son atelier au Centre des métiers d'art.
  • Heiata à l'œuvre dans son atelier au Centre des métiers d'art.
  • Heiata à l'œuvre dans son atelier au Centre des métiers d'art.
  • Heiata à l'œuvre dans son atelier au Centre des métiers d'art.
Pratique

Du mardi 2 au samedi 6 novembre, Salle Muriāvai à la Maison de la culture.
Horaires : de 9 heures à 17 heures du lundi au vendredi et de 9 heures à midi le samedi.
Entrée libre.

Contacts

Tél. : 40 544 544
Site internet Maison de la culture
Page FB : Maison de la Culture de Tahiti

Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 25 Octobre 2021 à 18:32 | Lu 1559 fois