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L'Assemblée rend hommage à Maco Tevane en ouverture de séance mardi  27/08/2013

La première séance de la session extraordinaire de l'Assemblée de Polynésie française (APF) a débuté par un hommage et une minute de silence à la mémoire de défunt Maco Tevane. L'académicien Marc Maamaatuaiahutapu, dit Maco Tevane, est décédé le 21 août dernier à l’âge de 76 ans.

Edouard Fritch, président de l'APF lui a rendu hommage en ces termes : "A titre personnel, je garderai d’abord précieusement en mémoire la personnalité attachante, altruiste et consensuelle qu’était Maco Tevane. Longtemps, je me souviendrai aussi de ces discours de remerciements en tahitien où l’humour subtil le disputait à la leçon de choses avec un message pour tous rempli d’anecdotes bien choisies, de courtoisie extrême, de solidarité, d’unité des Polynésiens, de paix et d’une humanité peu commune.

Au-delà des qualités non feintes du personnage privé, je veux surtout ici témoigner de deux des plus grandes valeurs le caractérisant : l’homme de culture, à la fois défenseur et promoteur de l’usage de sa langue natale ; l’homme d’engagement au service des autres, notamment dans le domaine de la vie politique et institutionnel de son pays et de sa commune de Papeete.

Maco Tevane fut d’abord un grand homme de culture de notre Pays. Par sa participation à la création le 02 août 1972 de l’Académie tahitienne, qu’il dirigea de manière continue jusqu’à encore récemment, il contribuera à donner ses lettres de noblesse à nos langues qui, depuis, font parties intégrantes de notre enseignement primaire, universitaire, voire même au sein de notre institution. Il laisse une abondante littérature, au travers des deux pièces de théâtre écrites en tahitien en 1971, « Te pea’ape’a hau-‘ore o Papa Penu ‘ o ‘ Mama Roro », et en 1972 : « Te huno’a mana’o-ore-hia », mais aussi des nombreuses publications de l’Académie tahitienne. Je me souviens aussi de son implication à sensibiliser tout enseignant venant de métropole aux subtilités du caractère et des us et coutumes des Polynésiens, afin de faciliter leur insertion dans notre société, dans notre système scolaire et leurs relations avec leurs futurs élèves.

Cette volonté de transmettre, il l’a mise en oeuvre également dès 1966 au sein de l’ORTF au travers de ses émissions radio en tahitien. Comme l’a affirmé un de ses disciples, « il a lancé le métier de journaliste bilingue. Nos émissions en polynésien, c’est grâce à Maco ».

Maco Tevane était exigeant sur la bonne pratique de notre langue. Ainsi, dans un article qu’il a publié en mars 1999 il rappelait cette maxime attribuée à nos ancêtres : « Te ta'ata e hape i tona ra reo, e 'ohure 'ura îa. », « Celui qui commet une erreur de langage mérite le supplice du pal. ». Cette maxime l’a guidée dans l’exercice de ses fonctions à la radio, mais aussi au sein de l’Académie tahitienne dont les statuts lui font obligation de « veiller à l'utilisation correcte de la langue tahitienne dans toutes ses formes d'expression ».

Pour autant, dans ce même article, il restait lucide en écartant le repli linguistique sur notre seule langue, prônant la coexistence, toujours d’une évidente actualité, de la pratique du reo maohi et du français en ces termes : « La pleine maîtrise de l'une étant garante de l'identité polynésienne, la pratique de l'autre étant garante de la reconnaissance et de la promotion de cette identité, de la communication avec le reste du monde ».

Enfin, Maco Tevane fut un homme au service de sa communauté polynésienne et de ses différentes institutions. Ses activités comme conseiller municipal ou d’adjoint au maire à partir du 2 juillet 1972 jusqu’en 1995 et celles d’avoir occupé les postes de conseiller du gouvernement, entre juin 1977 et mai 1982, et, à partir de septembre 1991, de ministre des affaires sociales, de l’emploi et de la formation professionnelle et des lois du travail, puis de ministre de la culture, de l’artisanat traditionnel et de l’environnement en portent suffisamment témoignage.

Son engagement au service des Polynésiens, sa vie durant, tout comme sa participation à de nombreux colloques, séminaires ou manifestations internationales ou régionales, ont amplement justifié qu’il soit élevé au grade d’Officier de l’Ordre national du mérite.

Au-delà de tous ces mérites, celui que je veux surtout retenir en gage de conclusion, c’est le fait qu’il ait su transmettre et faire aimer à ses enfants, et surtout à Heremoana et à Mateata, le goût de la culture, de la langue ou celui de la communication selon les normes et les techniques des temps modernes. J’ai confiance en leurs capacités de se montrer dignes des mérites de leur père et de porter encore plus loin son flambeau.

Bien sûr, je veux associer à cet hommage son épouse adorée, Caroline, épousée à Papeete en 1960, et le reste de ses enfants, à savoir Taimai et Raita, mais aussi tous leurs proches. Tous voudront bien trouver ici mes plus sincères condoléances.

Que notre frère sache reposer dans la paix du Seigneur et le calme de l’esprit ; pour ce qu’il fit à notre profit collectif, il le mérite amplement
".