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Violence et amnésie à Bora Bora


Tahiti, le 4 novembre 2024 - Condamné par le tribunal correctionnel à une peine mixte de 12 mois d'emprisonnement, dont six mois ferme et six mois avec sursis, un père de famille assure ne pas se souvenir des faits de violence qui lui sont reprochés. Alcoolisé et en récidive, ce dernier a pourtant causé à sa compagne cinq jours d'ITT ainsi qu'un choc psychologique important.
 
L'homme présenté ce lundi devant le tribunal correctionnel de Papeete est d'origine modeste et vit à Bora Bora depuis toujours. Parents de trois enfants, sa compagne et lui partagent le même toit depuis plus de 20 ans. Une relation houleuse, ponctuée d'altercations violentes dues, selon le voisinage, à une consommation d'alcool déraisonnable aussi bien pour l'un que pour l'autre. Une violence excessive qui, le 31 octobre dernier, a nécessité l'intervention de la gendarmerie. En effet, ce jour-là, le prévenu, alcoolisé au retour de son travail, s'en est pris à sa compagne sans raison apparente. Une saute d'humeur qui a valu à celle-ci de se faire insulter devant ses enfants alors qu'elle faisait à manger en vue de fêter l'anniversaire d'un membre de la famille. Voyant l'état d'ébriété de son compagnon, la femme a préféré sortir de la maison afin d'éviter une énième scène de violence devant les enfants. Un choix qui a, malheureusement, agacé davantage le tāne. Hors de contrôle, ce dernier aurait asséné un coup de pied foudroyant à sa femme : “J'ai eu terriblement mal”, a confié la mère de famille aux gendarmes lors de sa déposition. “Sur une échelle de 1 à 10, la douleur était de 10 !”
 
Un coup d'une violence inouïe ayant entraîné une contusion au niveau de la cuisse gauche ainsi que cinq jours d'ITT. Testé positif à l'alcool lors de l'intervention de la gendarmerie, l'homme avait un taux d'alcool de 0,72 gramme par litre de sang au moment des faits. Incapable de se souvenir de quoi que ce soit, celui-ci prétend néanmoins être sûr de ne pas avoir donné un tel coup à sa femme. Une certitude qu'il a justifiée à la barre : “Je sais dans mon for intérieur que je n'ai pas donné ce coup. Ayant déjà été condamné auparavant pour des faits similaires, je savais que ce genre de réaction pouvait m'envoyer en prison.” Néanmoins, l'homme reconnaît avoir certainement dépassé les bornes : “J'étais en colère mais à cause de nos locataires, ça n'avait rien à voir avec elle. Je me souviens avoir renversé la table de la cuisine mais ce n'était pas contre elle. (...) Aujourd'hui, je demande pardon. J'arrête de boire de l'alcool.”
 
Ce à quoi le tribunal correctionnel s'est empressé de répondre : “Qu'il s'agisse d'un coup de pied ou d'une table que vous avez jetée, cela reste de la violence, monsieur. Aujourd'hui, vous dites vouloir arrêter de boire, mais pourquoi ne pas l'avoir déjà fait suite à vos deux précédentes condamnations ?” Pour le prévenu, l'explication est toute trouvée : “C'est ma femme qui continue d'acheter de l'alcool alors qu'elle me connaît, elle sait comment je réagis.” Un manque de maturité et du sens de la responsabilité que le ministère public n'a pas manqué de souligner lors de ses réquisitions, affirmant que le prévenu a bénéficié d'alertes suffisantes mais n'en a hélas tiré aucune leçon. “La crise a bel et bien existé, et le coup aussi. La victime ne les a pas inventés”, a argumenté le procureur avant de requérir une peine de huit mois d'emprisonnement dont quatre assortis d'un sursis probatoire. Jugé coupable par le tribunal correctionnel des faits qui lui ont été reprochés, l'homme a finalement écopé d'une peine mixte de 12 mois dont six fermes et six de sursis probatoire avec obligation d'arrêter l'alcool et de trouver du travail.

Rédigé par Wendy Cowan le Lundi 4 Novembre 2024 à 17:28 | Lu 605 fois