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Vendée va'a : le retour des sacrées championnes à Raiatea


La Team Vahine hoe no Raiatea a fini première des femmes en 5h 17min et 45sec à la Vendée Va'a le 28 mai, aux Sables d'Olonne. ©Vendée Va’a
La Team Vahine hoe no Raiatea a fini première des femmes en 5h 17min et 45sec à la Vendée Va'a le 28 mai, aux Sables d'Olonne. ©Vendée Va’a
Raiatea, le 8 juin 2022 – L’équipe Vahine Hoe no Raiatea est arrivée première en féminines à la Vendée Va’a. De retour sur l’île Sacrée, Tahiti Infos a rencontré les championnes de ce team pour recueillir leurs impressions et revenir sur leur parcours et leur préparation.
 
Cela fait une semaine qu’elles sont rentrées. Celles qui ont ramené le titre de la Vendée Va’a 2022 "ne réalisent toujours pas". Elles sont neuf à avoir participé à cette victoire aux Sables d’Olonne du 25 au 28 mai dernier, en finissant premières des femmes à l’issue d’une course de 5h 17min et 45sec. Nateahi Sommer, Poema Lirand, Sarah Clabaux, Lavaina Teura, Poema Mauri,Yolande Haapa, Tatiana Vogel, Heiva Monpas et Leila Tama ont porté haut les couleurs de la Polynésie, et de leur île de Raiatea. Accompagnées de leur coach Éric Tane, elles reviennent sur cette expérience.
 
La préparation physique tout d’abord. Elle a commencé dès mars. Suite aux sélections en février, les rameuses ont enchaîné les tours de terrain et les kilomètres d’eau salée. “On a beaucoup, beaucoup, beaucoup courru”, se rappellent-elles en riant. Mais cette préparation était nécessaire puisque c’est la première fois qu’une équipe de femmes de Raiatea part pour cette compétition. Le projet, porté par Doris Hart, la présidente du District va'a de Raiatea (DVR), était prévu pour 2020, mais a dû être retardé à cette année en raison du Covid.
 
Le long trajet de Raiatea aux Sables d’Olonne
 
C’est finalement le 20 mai qu’elles ont quitté le fenua. Arrivées en métropole le dimanche 22, elles ont enchaîné par près de 6 heures de bus jusqu’aux Sables d’Olonne. “Le voyage a été très long. On n’a eu que lundi pour récupérer, puis mardi on a essayé la pirogue. Mercredi la Vendée Va’a ouvrait. Le jeudi on était à l’eau, jusqu’à samedi pour la dernière étape. Pour certaines, ça a été assez dur au niveau du décalage horaire”, explique la capitaine Sarah Clabaux. Sa coéquipière Yolande Haapa confirme : “Oui c’était dur, mais notre but c’était de ramer. J’avais hâte de ramer. Malgré les courbatures dues au voyage, et le froid là-bas, le mental était là.”
 
Des différences d'environnement à dompter
 
Elles reviennent également sur les différences de conditions météorologiques. “Au début c’était un peu dur le froid, mais une fois lancées sur la pirogue, c’est bon, on revient dans le bain”. Elles  s’accordent également sur la différence de navigabilité. Yolande Haapa précise qu’“en tant que peperu, c’était très dur. Le courant surtout, est impressionnant ! C’est tellement rapide, avec une sorte de houle sèche qui te baffe des deux cotés. C’est difficile de maintenir la pirogue au cap. C’est bien plus compliqué qu’ici.” Sarah Cablaux rajoute : “Moi pareil, je n’avais pas la même sensation de traction qu’ici. Là-bas, la mer est beaucoup plus porteuse, donc quand tu rames tu ne sens pas forcément la force que tu donnes dans la mer. On avait toutes l’impression de devoir mettre beaucoup plus de force, sinon t’as l’impression de faire du sur place.” Elles n’ont eu que la journée de mardi pour s’adapter à ces conditions. “On avait toutes hâte de ramer. On y est allées au 'feeling'. On ne s’est pas pris la tête pour ça. On s’est dit : On va faire ce qu’on sait faire, et si on est devant, tant mieux. Il nous fallait juste au moins assurer le podium.”
 
Coup de pression et victoire à la clé
 
Avec une formation différente à chaque étape, le team a pris le départ. Les rameuses sont arrivées premières à l’étape 1 de 15 km, puis secondes à l’étape 2 de 26 km. “Ça nous a mis la pression à ce moment-là quand même. Généralement elles partaient devant nous, et on arrivait à les rattraper. Mais là, elles avaient la niaque. On a mené pendant plus de la moitié de la course, mais dès qu’on a contourné la bouée pour le retour, elles ont pris les vagues et ont surfé. On savait qu’on n’arriverait pas à les rattraper. Mais on s’est dit on va assurer au moins le chrono.” Le lendemain, à l’étape 3 de 15 km, elles se rattrapent et terminent premières. “À l’arrivée, ce n’était que de la joie. On était contentes. On s’est dit c’est bon, on a fait le boulot, on peut rentrer la tête haute. Les parcours étaient magnifiques. On a été très bien accueillies, on a bien mangé. L’organisation était top, avec les 270 bénévoles. Vraiment rien à redire. On a envie d’y retourner !”
 
Mais la fête fut courte pour les rameuses, qui ont dû prendre le bus pour Paris le soir de la dernière étape, puis l’avion le dimanche. “On est revenues dimanche soir à Tahiti, et le lendemain on a pris le vol pour revenir à Raiatea. Et on a repris le cours de nos vies. On n’a pas eu le temps de respirer : direct dans l’avion ; et ça y est, tu reprends le boulot", résument-elles en rigolant.
 
Le prochain objectif de la team Vahine Hoe no Raiatea est la Hawaiki Nui Va’a. Quant à une participation à la Vendée Va’a 2023, “c’est les fonds qui décideront”, relativise cette fine équipe de rameuses.

Éric Tane, coach du team Vahine Hoe no Raiatea, champion du monde de V1 en 2002 : “On y allait pour gagner !”

“Je savais déjà que si on allait là-bas, c’était pour gagner ! On s’est beaucoup préparé. Leur entraînement était semblable à celui des hommes : entraînement 6 jours sur 7, footings à 4 heures du matin, rame le soir. Elles avaient de longues distances à faire aussi, en général les samedis. On partait du quai de Raiatea jusqu’à Taha’a, c’est l’étape des hommes de la Hawaiki Nui, donc on faisait ça tous les samedis aller-retour, environ 26 kilomètres. C’était indispensable ! Parce que arrivés là bas, il faut faire la compétition, mais il faut vaincre le froid aussi. Et puis il fallait créer le groupe. Tout au début il fallait leur donner une même façon de ramer, le même geste, la synchronisation. Et ce n’est pas juste envoyer le bras devant. C’est tout le geste, avec le corps, l’amplitude. C’est un panel de mouvements à apprendre ensemble. Et elles sont neuf, donc il fallait le faire avec toutes les formations. Quant à mon ressenti par rapport à cette course ? Je savais déjà qu’on y allait pour gagner. Sauf s’il y avait des fautes d’inattention, comme dans la 2e étape.”
 
 
 


Rédigé par V. Leroi le Jeudi 9 Juin 2022 à 17:32 | Lu 1992 fois