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Un plan vers un "avenir meilleur" pour les Etats insulaires en danger


Crédit Roberto SCHMIDT / AFP
Crédit Roberto SCHMIDT / AFP
Nations unies, États-Unis | AFP | jeudi 30/05/2024 - Les petits Etats insulaires, en première ligne des impacts dévastateurs du changement climatique, ont tracé jeudi le chemin destiné à les mener vers un "avenir meilleur", adoptant un programme pour une "prospérité résiliente" qui ne sera possible sans un soutien international.

"Nous célébrons un nouveau départ vers un avenir meilleur" pour les petits Etats insulaires en développement (PEID), a lancé le Premier ministre d'Antigua-et-Barbuda Gaston Browne, en conclusion de la 4e Conférence de l'ONU sur ces Etats particulièrement vulnérables, organisée dans sa capitale Saint John's.

"C'est le début d'un sprint de 10 ans et j'espère qu'il n'y aura pas de freins imposés aux PEID", a renchéri la vice-secrétaire générale des Nations unies, Amina Mohammed, soulignant l'"injustice mondiale" à laquelle ils font face.

Dans les Caraïbes, au milieu du Pacifique ou dans l'océan Indien, "les dix prochaines années seront cruciales" pour ces 39 pays, souligne le programme d'action adopté jeudi.

Avec leur 65 millions d'habitants, ils font face de longue date à des défis spécifiques qui les rendent particulièrement sensibles aux chocs extérieurs: petit territoire, population éparpillée, isolement géographique et économies peu diversifiées et dépendantes des importations. 

Des difficultés auxquelles s'ajoute une vulnérabilité exceptionnelle aux impacts du réchauffement climatique, alors qu'ils sont responsables de moins de 1% des émissions mondiales: sécheresses, inondations, ouragans, et montée du niveau de la mer qui risque littéralement d'effacer certains d'entre eux de la carte, comme les Maldives ou Tuvalu.

Dans ce contexte, pour qu'ils parviennent "à un développement durable et à une prospérité résiliente", ils doivent notamment "diversifier leurs économies et renforcer les moyens dont ils disposent en matière de production", insiste le document adopté jeudi. 

Ils misent ainsi sur les investissements "dans l'économie de pointe et l'économie numérique", le développement des énergies renouvelables ou l'"économie bleue" basée sur l'utilisation durable des ressources marines.

- Réforme du système financier -
Sans laisser de côté le tourisme qui représente aujourd'hui environ 20% du PIB pour près de deux-tiers de ces Etats, et jusqu'à 65% pour les Maldives, selon le FMI.

Un tourisme "résilient et durable", insistent-ils, incluant la réduction des pollutions de toutes sortes et la conservation de la biodiversité, notamment des récifs coralliens en danger qui attirent chaque année des plongeurs du monde entier.

Mais dans un environnement mondial où les menaces économiques, climatiques ou géopolitiques "pèsent sur leur développement", "sans le soutien total de la communauté internationale, les conséquences pourraient être de très vaste portée pour eux".

La mise en place des mesures d'adaptation aux impacts du réchauffement dans ces 39 pays nécessiterait à elle seule entre 4,7 et 7,3 milliards de dollars par an, selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Mais alors que nombre d'entre eux sont étouffés par le poids de la dette, la plupart de ces Etats insulaires sont classés au moins comme pays à revenus intermédiaires et sont ainsi exclus de l'aide internationale et des financements à taux préférentiels des banques de développement.

Ils réclament ainsi en particulier une réforme du système financier international.

Plusieurs de leurs représentants ont ainsi plaidé cette semaine à Antigua pour que les règles de cette finance internationale ne soient plus uniquement basée sur le PIB mais sur un "index multidimensionnel de vulnérabilité" qui inclurait d'autres facteurs comme la dépendance économique, l'exposition au changement climatique et aux épidémies, les conflits, la mortalité infantile...

Et Gaston Browne a promis que le plan sur dix ans adopté jeudi ne serait pas "enterré", mais qu'il serait utilisé pour "se battre et défendre les PEID" et pour que ceux-ci soient entendus là où les décisions sont prises.

"Afin que les intérêts et les inquiétudes des PEID soient pris en compte".

le Vendredi 31 Mai 2024 à 05:57 | Lu 469 fois