Tahiti Infos

Un nouvel an sous tension pour les urgences du CHPF


Entre 2h30 et 8h du matin, les urgences de l’hôpital de Taaone ont accueilli 45 patients. Crédit photo : Thibault Segalard.
Entre 2h30 et 8h du matin, les urgences de l’hôpital de Taaone ont accueilli 45 patients. Crédit photo : Thibault Segalard.
Tahiti, le 1er janvier 2025 - Les urgences du CHPF ont connu une nuit de Saint-Sylvestre intense, avec 45 patients pris en charge entre 2h30 et 8h, soit le double d’une nuit ordinaire, pour un effectif équivalent. Le SAMU a également été fortement sollicité, enregistrant 150 appels en quelques heures. Si aucun décès n’est à déplorer, les équipes médicales ont dû faire face à de nombreux cas, parfois graves, majoritairement liés à l’alcool, aux accidents de la route et aux bagarres.
 
Comme chaque année, la soirée du Nouvel An s’est révélée éprouvante pour les services d’urgence et le SAMU. Entre 2h30 et 8h du matin, les urgences de l’hôpital de Taaone ont accueilli 45 patients, soit le double d’une nuit ordinaire. Pourtant, les effectifs étaient les mêmes qu’en temps normal, soit une trentaine de personnes réparties entre le SAMU et les urgences.
 
"Comme d’habitude, le début de soirée était relativement calme, mais l’activité a commencé à devenir soutenue vers 2h du matin. À 8h, 15 patients attendaient encore d’être pris en charge", a expliqué ce matin à Tahiti Infos Véronique Quétard, médecin urgentiste au CHPF. Le SAMU a également été sollicité de manière exceptionnelle : pas moins de 150 appels de régulation ont été enregistrés entre 20h et 8h, dont 100 après 3h du matin. Le SMUR (Service mobile d’urgence et de réanimation), qui est une ambulance pré-hospitalière intervenant avec un médecin, un infirmier et du matériel de réanimation, a été mobilisé à trois reprises dans la nuit. "En temps normal, nous effectuons trois sorties sur 24 heures, pas en une seule nuit", précise Véronique Quétard dans le couloir des urgences.
 
Prioriser les cas
 
Face à cette affluence, les équipes médicales ont dû redoubler d’organisation et de discernement. "Cela demande beaucoup d’implication et une grande pertinence pour gérer le flux de patients. Nous classons les cas, à leur arrivée, par ordre de gravité, ce qui nécessite de rester extrêmement pertinent dans nos priorisations", souligne l'urgentiste.
 

Parmi les patients admis aux urgences la nuit dernière, la majorité présentait un état d’ivresse. Crédit photo : Archives TI.
Parmi les patients admis aux urgences la nuit dernière, la majorité présentait un état d’ivresse. Crédit photo : Archives TI.
Parmi les patients admis aux urgences, la majorité présentait un état d’ivresse. La plupart des blessures sont liées à des accidents de la voie publique ou des bagarres. Plusieurs cas graves ont toutefois marqué la nuit. "Les urgences les plus critiques sont arrivées avec le SMUR : traumatismes crâniens, fractures, lésions intra-abdominales et intra-thoraciques, notamment au niveau des poumons, de la rate et du foie", détaille Véronique Quétard. Fait notable, aucun blessé causé par des feux d’artifice ou des pétards n’a été recensé.
 
Pas de décès
 
Fort heureusement, aucun décès n’est à déplorer cette nuit-là, une accalmie bienvenue après un mois de décembre particulièrement meurtrier. Au cours des cinq dernières semaines, un tiers des 39 décès survenus sur les routes polynésiennes a été enregistré.
 
Parmi les drames marquants, celui de Punaauia, où deux adolescentes ont perdu la vie, et celui du 21 décembre à Teva I Uta, qui a coûté la vie à trois trentenaires. "La cinétique est effroyable", confiait Bertrand Remaudière, chef du SAMU, lors de la visite du Haut-Commissaire au CHPF ce mardi. "En 15 ans d’expérience dans les urgences polynésiennes, je n’ai jamais vu des chiffres aussi alarmants en fin d’année. Cela nous préoccupe énormément." Statistiquement, pour chaque décès sur la route, il y a quatre blessés graves, rappelle le médecin urgentiste. "Nous avons l’impression qu’il y a davantage d’accidents, de violence, y compris intrafamiliale, et une agressivité générale qui semble s’intensifier. Et c’est malheureux pour tout le monde."

Alors que 2025 débute, chacun espère que cette nouvelle année marquera une rupture avec cette inquiétante dynamique. Une prise de conscience collective reste essentielle pour enrayer ces tragédies.
 

Rédigé par Thibault Segalard le Mercredi 1 Janvier 2025 à 14:41 | Lu 4162 fois