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Un an requis pour la mort d'un scootériste à Tiarei


Tahiti, le 30 mars 2023 – Le tribunal correctionnel a jugé jeudi un entrepreneur de 59 ans poursuivi pour un homicide involontaire. Le 21 octobre dernier et alors qu'il avait bu une “dizaine” de bières, le prévenu avait percuté un homme de 28 ans qui circulait sur un scooter à Tiarei. Trois ans de prison dont deux avec sursis ont été requis à son encontre. Décision le 4 avril. 
 
Un entrepreneur du BTP de 59 ans, père de deux jeunes enfants, a été présenté en comparution immédiate jeudi pour répondre d'un homicide involontaire aggravé commis le 21 octobre dernier à Tiarei. 
 
L'accident mortel s'était produit en début de soirée alors que le prévenu rentrait chez lui après avoir bu une “dizaines” de canettes de bière avec ses collègues de travail. Après avoir laissé une voiture passer, l'homme s'était engagé pour entrer dans sa maison. C'est à ce moment-là qu'un scooter arrivant en face de lui s'était encastré dans son véhicule. Sous la violence du choc, le conducteur du deux-roues, un homme de 28 ans père d'un enfant de six ans, avait été projeté à sept mètres du point d'impact. Le scooter avait fini sa course sous la voiture complètement “broyé”. Malgré l'intervention des secours, le jeune homme, qui avait consommé du paka et qui n'avait plus de vision sur un œil, était décédé quelques heures plus tard au CHPF des suites d'un traumatisme crânien et de multiples fractures thoraciques. 
 
Changement de version
 
Placé en garde à vue, le conducteur de la voiture avait déclaré à plusieurs reprises qu'après avoir laissé passer une voiture, il avait aperçu “deux lumières” au loin et qu'il s'était donc engagé car il pensait en avoir le temps. A la barre du tribunal jeudi, le quinquagénaire a cette fois affirmé qu'il était à l'arrêt et qu'il ne s'était pas encore engagé lorsque le scooter l'avait percuté. Un changement de version qui a fait réagir le procureur de la République qui a pris la parole pour expliquer que le prévenu était en train de revenir, “doucement mais sûrement” sur ses déclarations. 
 
Alors que le président du tribunal lui rappelait qu'il présentait un taux d'alcoolémie “important” d'1,8 gramme par litre de sang lors de l'accident, le prévenu a affirmé qu'il avait bu “un peu” d'alcool “comme tout le monde à l'apéro” mais qu'il était “conscient”. Le magistrat a également expliqué qu'après l'accident, le prévenu n'avait ni cherché la victime, ni appelé les secours. Ce à quoi l'intéressé a répondu en assurant qu'il était “sonné”.
 
Pas le “fruit du hasard”
 
“Choquée” par l'attitude du prévenu, l'avocate de la famille de la victime, Me Solène Rebeyrol, a dénoncé lors de sa plaidoirie les revirements d'un homme qui cherche à se “dédouaner” et à “rejeter la faute sur la victime”. “On vous dira que ce jeune homme, père d'un petit garçon, n'était pas tout blanc, qu'il avait consommé du paka et qu'il était borgne. Mais il ne faut pas oublier que c'est le prévenu qui lui a coupé la route.”
 
Même constat pour le procureur de la République qui a tenu, dans ses réquisitions, à rappeler que si les “chiffres de l'accidentologie sont importants”, les morts sur la route ne sont pas le “fruit du hasard”. Pour le représentant du parquet, l'homicide involontaire est caractérisé puisque le jour de l'accident et alors qu'il était ivre, le prévenu avait “mal évalué les distances”. Avant de requérir trois ans de prison dont deux avec sursis et l'annulation du permis de conduire, le représentant du ministère public a ensuite dénoncé le “scénario” selon lequel c'est la victime qui avait percuté la voiture en affirmant que cette thèse s'apparentait à la “rédaction d'un roman”. 
 
Sans grande surprise, l'avocat du prévenu, Me Dominique Bourion, a plaidé la relaxe de son client en affirmant que les dégâts constatés sur les deux véhicules permettaient d'établir que son client était à l'arrêt et que c'était donc le scooter qui était venu le percuter. “Ce n'est pas très agréable de le dire et je suis désolée pour la famille mais cet homme roulait vite, sans lumière et il venait de consommer du paka. De plus, il n'avait qu'un œil et un champ visuel limité. Il s'est jeté sur le véhicule.” Le tribunal correctionnel rendra sa décision le 4 avril. 
 

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 30 Mars 2023 à 17:47 | Lu 2751 fois