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“Tout le monde a cru”


Les associations ont priis connaissance des projets d'arrêtés vendredi avant la réunion avec le Pays ce lundi. Elles sont déçues. "On n’a aucun arrêté concernant le cannabis médical” dénonce le président de l'asssociation Tahiti Herb Cukture Karl Anihia
Les associations ont priis connaissance des projets d'arrêtés vendredi avant la réunion avec le Pays ce lundi. Elles sont déçues. "On n’a aucun arrêté concernant le cannabis médical” dénonce le président de l'asssociation Tahiti Herb Cukture Karl Anihia
Tahiti, le 30 décembre 2024 - Les projets d'arrêtés d’application relatifs au cannabis thérapeutique déçoivent les associations qui ont d’ailleurs été exclues de toutes les discussions. “J’ai été mis au courant vendredi seulement pour une réunion lundi.” Pour elles, c’est une mise en scène “médiatique” pour “une communication (…) sur une politique qui a été annoncée mais qui n’est pas concrétisée”. Pour elles, ces arrêtés sont “contraires à ce que Moetai Brotherson disait politiquement (…). Tout le monde y a cru.”
 
Des projets d’arrêtés d’application de la loi du Pays réglementant “certaines activités relatives au cannabis dépourvu de propriétés stupéfiantes et les médicaments contenant du cannabis ou des cannabinoïdes” ont été envoyés au président de l’association Tahiti Herb Culture, Karl Anihia, ainsi qu’au président du Syndicat polynésien du chanvre, Philippe Cathelain-Tauotaha. “Je ne suis pas satisfait de ces arrêtés d'application”, confie le premier. Celui-ci trouve d’ailleurs regrettable que le gouvernement leur ait envoyé ces documents vendredi pour une rencontre ce lundi après-midi. “À l’unanimité, on est tous déçus pour ce manque de considération.”
 
“On est devant le fait accompli puisque tout a déjà été décidé (…). On a l’impression d’être juste des figurants”, déplore Karl Anihia. Le président de l’association Tahiti Herb Culture considère d’ailleurs que la rencontre de ce lundi avec le ministre de l’Agriculture Taivini Teai et celui de la Santé Cédric Mercadal n’est qu’une mise en scène “médiatique” pour “une communication (…) sur une politique qui a été annoncée mais qui n’est pas concrétisée”. Il regrette qu’ils aient été exclus des groupes de travail : “Ce n'est pas sérieux, ce n’est pas du tout comme cela que ça marche”.

“On n’a aucun arrêté concernant le cannabis médical”

Karl Anihia se dit très inquiet pour l’avenir des tradipraticiens mais aussi pour les huiles de cannabis thérapeutique. “Et qu'on ne me parle pas de thérapeutique. (...) il faut être clair aujourd'hui (...) à l’heure où je vous parle, il n’est question que d'importation. L’Epidiolex et le Sativex sont les seuls médicaments qui seront autorisés à être distribués à nos malades”, déplore le président de l’association Tahiti Herb Culture.
 
“Il faut arrêter d'être hypocrite”, scande-t-il, et rappelle que le président du Pays Moetai Brotherson est au courant que “notre population a utilisé des huiles produites localement” et que les discussions avec lui ont été entamées il y a “dix ans, donc ce n’est pas quelqu'un qui ne connait pas le sujet, bien au contraire”.
 
Pour Karl Anihia, dès que ces arrêtés seront applicables – selon lui en janvier prochain – “c’est la fin de toutes nos huiles et de nos tradipraticiens”. Il rappelle également que l’ensemble des élus de l'assemblée et le président du Pays ont tous reçu une fiole d'huile de cannabis thérapeutique en cadeau.

“C’est contraire à ce qu’il disait politiquement”

Karl Anihia rappelle qu’en métropole, le chanvre est considéré comme “du cannabis non stupéfiant, c'est-à-dire qu’il n'y a aucun danger pour la santé publique”. Et que dans ce cadre-là, à l’Assemblée nationale, une mission d’information sur la règlementation et l’impact des différents usages du cannabis avait été mise en place, dont faisait d’ailleurs partie Moetai Brotherson. Et il avait été décidé “d'augmenter le taux de THC à 1% dans les outre-mer”, rappelle Karl Anihia.  
 
Ce dernier déplore que l’ancien député aujourd’hui aux manettes du Pays en tant que président “ne l'applique pas dans sa propre loi. C’est contraire à ce qu’il disait politiquement”, et qu’il ait fixé le taux de THC à 0,3%.
 
Karl Anihia a du mal à croire qu’il a fallu au gouvernement six mois pour sortir ces arrêtés d’application. “Six mois de travail pour ça ? C’est se moquer de tout le monde et des malades.” Il rappelle aussi que le 4 mai dernier, Moetai Brotherson s’était engagé “devant les malades, nos résilients et une délégation composée de médecins à ce que nos malades bénéficient de médicaments avant la fin de l’année et il n’en est rien”.
 
Il considère qu’avec ces arrêtés, “il n'y a aucun développement économique” et que cela relève finalement d’“une expérimentation du chanvre qui existe depuis 35 ans en France et qui n’a pas besoin d’expérimentation. On perd du temps. Cela va être quoi, un appât politique pour les prochaines élections ? On en a marre.”
 
“Si on veut aller dans cette activité-là, ils l’ont rendu encore plus restrictive (…). Je suis très écœuré de ce qui se passe (…). Tout le monde y a cru, il (Moetai Brotherson, NDLR) a mené sa politique sur ça.”

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mardi 31 Décembre 2024 à 05:25 | Lu 3990 fois