Bruxelles, Belgique | AFP | jeudi 14/12/2017 - Les 28 ont prévu une "franche discussion" jeudi sur les quotas d'accueil de réfugiés, mais elle s'oriente vers un dialogue de sourds tant les divisions restent fortes sur cette mesure, à l'origine de tensions jusqu'au coeur des institutions européennes.
Le débat aura lieu lors d'un dîner entre les dirigeants des pays de l'UE et ne fera pas l'objet de conclusions écrites, lors de leur sommet réuni à Bruxelles.
Avant même ces discussions à huis clos, les déclarations des uns et des autres ont montré qu'ils campaient sur leurs positions concernant ce volet interne de la politique migratoire européenne, qui a provoqué une large fracture est-ouest ces deux dernières années.
D'un côté, les pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Slovaquie, Pologne, République tchèque) se disent prêts à montrer leur solidarité aux pays en première ligne face aux arrivées de migrants comme l'Italie, mais excluent d'accueillir des demandeurs d'asile entrés dans l'UE par la Méditerranée.
De l'autre, une majorité de pays, menés par Paris et Berlin, acceptent que la solidarité puisse s'exprimer de différentes manières, mais insistent pour qu'aucun pays ne puisse s'exonérer d'un partage de l'accueil.
"Les quotas ont vraiment divisé l'UE, nous devons être prudents pour le futur", a averti jeudi le Premier ministre slovaque Robert Fico, annonçant avec les pays de Visegrad une aide de 35 millions d'euros en soutien des actions de l'Italie pour gérer les migrations en Libye.
"C'est la preuve que le groupe de Visegrad est totalement en ligne quand il s'agit de montrer de la solidarité avec l'Italie et d'autres", a souligné le Premier ministre hongrois Viktor Orban, grand pourfendeur de la politique migratoire européenne.
Le Premier ministre italien Paolo Gentiloni a salué jeudi leur aide financière. "Mais cela ne change rien aux divergences sur les relocalisations des réfugiés", a-t-il ajouté devant la presse. "Nous en discuterons ce soir, sans les résoudre", s'est-il résigné.
La chancelière allemande Angela Merkel a appuyé ce constat, jugeant que la solidarité ne pouvait se limiter à la politique migratoire externe de l'UE. "Il ne peut pas y avoir, selon ma conception des choses, de solidarité sélective entre Etats membres", a-t-elle insisté.
"Chacun doit mettre du sien", a renchéri le président français Emmanuel Macron, saluant les gestes de "bonne volonté" des pays de Visegrad mais estimant que "ça ne résoud pas tout".
En toile de fond se joue la réforme enlisée depuis des mois du "règlement Dublin", qui confie la responsabilité du traitement d'une demande d'asile presque systématiquement aux pays de première entrée dans l'UE, sur lesquels pèsent un fardeau démesuré en situation de crise.
Les pays de l'UE avaient fait une exception en 2015, en adoptant un plan de répartition en deux ans de 160.000 demandeurs d'asile depuis l'Italie et la Grèce, dont 120.000 selon des quotas obligatoires. Mais seulement 32.000 ont été effectivement "relocalisés", en partie en raison du refus catégorique de plusieurs pays de l'Est de l'appliquer.
La Commission européenne, qui avait proposé ce plan arrivé à échéance fin septembre 2017, a renvoyé la semaine dernière Budapest, Varsovie et Prague devant la justice de l'UE pour son refus de le mettre en oeuvre.
Surtout, elle n'a pas renoncé à l'idée de nouvelles mesures de "relocalisations" obligatoires dans le cadre de la réforme en chantier de l'asile, même si elles ne seraient déclenchées qu'en situation exceptionnelle dans ses propositions.
Hostiles à ce projet, les pays du groupe de Visegrad ont accueilli avec plaisir la position du président du Conseil européen, Donald Tusk, qui a qualifié les quotas passés de mesure "hautement conflictuelle" et "inefficace".
M. Tusk a invité les dirigeants des 28 à avoir "une discussion politique ouverte et franche" jeudi pour débloquer d'ici juin 2018 la réforme de l'asile. Mais ses critiques des "relocalisations" ont provoqué une vive passe d'armes avec la Commission.
C'est "inacceptable, c'est anti-européen", avait répliqué mardi le commissaire aux Migrations, Dimitris Avramopoulos, jugeant que M. Tusk sapait "le principe de solidarité" entre Etats membres.
"La formulation de Tusk est, si on veut parler gentiment, incompréhensible", a soutenu jeudi le chancelier autrichien Christian Kern, "car l'Europe, c'est bénéficier d'avantages communs et porter aussi ensemble les éventuels fardeaux".
"On ne peut pas faire peser toute la responsabilité (de l'accueil) sur certains pays", a abondé l'Italien Antonio Tajani, le Président du Parlement européen, dont les membres demandent une répartition permanente des réfugiés, pas seulement en période d'afflux massif.
Les "relocalisations" ne concernent que les migrants éligibles à l'asile dans l'UE, qui constituent désormais une minorité des arrivants. "Mais cette question est devenue quasiment une question théologique, une question de valeurs", a commenté une source européenne.
Le débat aura lieu lors d'un dîner entre les dirigeants des pays de l'UE et ne fera pas l'objet de conclusions écrites, lors de leur sommet réuni à Bruxelles.
Avant même ces discussions à huis clos, les déclarations des uns et des autres ont montré qu'ils campaient sur leurs positions concernant ce volet interne de la politique migratoire européenne, qui a provoqué une large fracture est-ouest ces deux dernières années.
D'un côté, les pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Slovaquie, Pologne, République tchèque) se disent prêts à montrer leur solidarité aux pays en première ligne face aux arrivées de migrants comme l'Italie, mais excluent d'accueillir des demandeurs d'asile entrés dans l'UE par la Méditerranée.
De l'autre, une majorité de pays, menés par Paris et Berlin, acceptent que la solidarité puisse s'exprimer de différentes manières, mais insistent pour qu'aucun pays ne puisse s'exonérer d'un partage de l'accueil.
- 'Mettre du sien' -
"Les quotas ont vraiment divisé l'UE, nous devons être prudents pour le futur", a averti jeudi le Premier ministre slovaque Robert Fico, annonçant avec les pays de Visegrad une aide de 35 millions d'euros en soutien des actions de l'Italie pour gérer les migrations en Libye.
"C'est la preuve que le groupe de Visegrad est totalement en ligne quand il s'agit de montrer de la solidarité avec l'Italie et d'autres", a souligné le Premier ministre hongrois Viktor Orban, grand pourfendeur de la politique migratoire européenne.
Le Premier ministre italien Paolo Gentiloni a salué jeudi leur aide financière. "Mais cela ne change rien aux divergences sur les relocalisations des réfugiés", a-t-il ajouté devant la presse. "Nous en discuterons ce soir, sans les résoudre", s'est-il résigné.
La chancelière allemande Angela Merkel a appuyé ce constat, jugeant que la solidarité ne pouvait se limiter à la politique migratoire externe de l'UE. "Il ne peut pas y avoir, selon ma conception des choses, de solidarité sélective entre Etats membres", a-t-elle insisté.
"Chacun doit mettre du sien", a renchéri le président français Emmanuel Macron, saluant les gestes de "bonne volonté" des pays de Visegrad mais estimant que "ça ne résoud pas tout".
- 'Anti-européen'-
En toile de fond se joue la réforme enlisée depuis des mois du "règlement Dublin", qui confie la responsabilité du traitement d'une demande d'asile presque systématiquement aux pays de première entrée dans l'UE, sur lesquels pèsent un fardeau démesuré en situation de crise.
Les pays de l'UE avaient fait une exception en 2015, en adoptant un plan de répartition en deux ans de 160.000 demandeurs d'asile depuis l'Italie et la Grèce, dont 120.000 selon des quotas obligatoires. Mais seulement 32.000 ont été effectivement "relocalisés", en partie en raison du refus catégorique de plusieurs pays de l'Est de l'appliquer.
La Commission européenne, qui avait proposé ce plan arrivé à échéance fin septembre 2017, a renvoyé la semaine dernière Budapest, Varsovie et Prague devant la justice de l'UE pour son refus de le mettre en oeuvre.
Surtout, elle n'a pas renoncé à l'idée de nouvelles mesures de "relocalisations" obligatoires dans le cadre de la réforme en chantier de l'asile, même si elles ne seraient déclenchées qu'en situation exceptionnelle dans ses propositions.
Hostiles à ce projet, les pays du groupe de Visegrad ont accueilli avec plaisir la position du président du Conseil européen, Donald Tusk, qui a qualifié les quotas passés de mesure "hautement conflictuelle" et "inefficace".
M. Tusk a invité les dirigeants des 28 à avoir "une discussion politique ouverte et franche" jeudi pour débloquer d'ici juin 2018 la réforme de l'asile. Mais ses critiques des "relocalisations" ont provoqué une vive passe d'armes avec la Commission.
C'est "inacceptable, c'est anti-européen", avait répliqué mardi le commissaire aux Migrations, Dimitris Avramopoulos, jugeant que M. Tusk sapait "le principe de solidarité" entre Etats membres.
"La formulation de Tusk est, si on veut parler gentiment, incompréhensible", a soutenu jeudi le chancelier autrichien Christian Kern, "car l'Europe, c'est bénéficier d'avantages communs et porter aussi ensemble les éventuels fardeaux".
"On ne peut pas faire peser toute la responsabilité (de l'accueil) sur certains pays", a abondé l'Italien Antonio Tajani, le Président du Parlement européen, dont les membres demandent une répartition permanente des réfugiés, pas seulement en période d'afflux massif.
Les "relocalisations" ne concernent que les migrants éligibles à l'asile dans l'UE, qui constituent désormais une minorité des arrivants. "Mais cette question est devenue quasiment une question théologique, une question de valeurs", a commenté une source européenne.