On ne pouvait pas ne pas avoir déjà remarqué Teiva Jacquelain à Tahiti. Avec son cousin Makalea Foliaki ils étaient les deux « flèches » du RC Pirae, deux ailiers fulgurants qui permettaient souvent à l’équipe de Pirae de marquer.
Le départ de Pirae de Teiva Jacquelain a d’ailleurs été ressenti mais si Apolosi Foliaki (le président du RC Pirae) et Teiki Dubois (le directeur sportif), ont été les artisans du partenariat entre le RC Toulon et le RC Pirae, c’est justement pour offrir ce genre d’opportunité aux jeunes talents polynésiens.
La particularité de Teiva, c’est qu’il était également licencié au club d’athlétisme Central Sport, toujours avec son cousin Makalea. Cela a été sa manière à lui de se préparer pour le rugby, pour améliorer sa vitesse, déterminante pour sa position d’ailier destiné à marquer des essais avant d’être rattrapé par la défense adverse.
Après un an passé avec l’équipe espoir du RC Toulon, il a eu l'opportunité de jouer avec l’équipe professionnelle contre le Stade Français, une opportunité qu’il n'a pas laissé s’échapper puisqu’il parvient à marquer un essai. Rappelons que le RC Toulon a été champion d’Europe en 2013, 2014 et 2015, entre autres. Le chemin est long et, comme pour tout Polynésien, l’éloignement avec la Polynésie reste difficile mais Teiva veut poursuivre son rêve. SB
Teiva Jacquelain en interview exclusive :
Ton parcours sportif ?
« J’ai débuté le sport très jeune, j’ai toujours aimé les challenges, bouger et me dépenser. J’ai goûté à toutes sortes de sports avant de trouver chaussure à mon pied, passant du football, au taekwondo, du tir à l’arc à l’athlétisme...J’ai commencé à m’intéresser au rugby en voyant des matchs à la télé vers l’âge de 13 ans, j’ai tout de suite accroché. Dès mon 1er entrainement, j’ai su que ce serait ça et rien d’autre. C’est devenu une passion. »
Que représente la Polynésie pour toi ?
« La Polynésie, pour moi, ce sont mes racines, ma mère est polynésienne. C’est une fierté pour moi d’être polynésien. Ca bout en moi et ça ne changera jamais, c’est une force. Notre culture et nos valeurs sont notre identité et si je peux la transmettre ou la faire connaitre à ma manière, je le ferais autant que possible. Je trouve que le rugby va très bien au polynésien, car c’est un esprit de partage, d’entraide et de combat.
J’ai quitté Tahiti en août 2015, il y a un an, pour tenter de réaliser mes rêves. »
Comment as-tu pu intégrer l’effectif du RC Toulon ?
« J’ai pu intégrer l’effectif de Toulon en ayant fait de bonnes saisons sur le championnat à Tahiti et en ayant beaucoup travaillé, notamment grâce à une convention signée entre le club de Pirae et le RCT. J’ai fait la saison avec l’équipe espoir où j’ai énormément appris, j’ai pu monter un échelon pour réussir à signer dernièrement un contrat pour la saison 2016/2017 en tant qu’officiel au centre de formation. Je suis très content mais le plus dur reste à venir, il faut continuer à faire ses preuves pour mériter mieux. »
Ton analyse de ton premier match et de ton premier essai ?
« J’ai eu l’opportunité de jouer avec l’équipe professionnelle pour deux matchs amicaux, face au Stade Français et face à Toulouse, cela a été une grande expérience. J’ai pu avoir un avant goût de l’exigence du monde professionnel mais aussi toucher du doigt le rêve de tout jeune rugbyman. Il y a encore beaucoup de travail mais je suis très fier.
C’est sûr que marquer un essai met en confiance et remplit de joie surtout pour une première mais je le dois surtout à une belle passe de Jonathan Pélissié qui m’a mis en valeur. »
Comment cela se passe au niveau professionnel, tes objectifs ?
« A l’heure d’aujourd’hui, j’ai un an pour décrocher un contrat professionnel, que ce soit à Toulon ou ailleurs. Maintenant que j’ai signé un contrat au centre de formation, cela m’assure une certaine stabilité. Je vais pouvoir reprendre mes études cette année, études que j’avais mis un peu de côté pour me consacrer pleinement à ma venue au RCT. J’aurais des heures aménagées entre mes entrainements. »
La Polynésie te manque, ton club de Pirae ?
« Oui le fenua me manque beaucoup, comme tous les polynésiens que j’ai l’occasion de croiser ici. On est solidaire entre nous, on parle de nos envies, de nos familles et de nos manques. J’espère y retourner bientôt. Mon club me manque aussi mais je suis chanceux de jouer dans un club élite, je sais qu’ils me suivent et me soutiennent, ça me motive dans les coups de mou. On se parle souvent et je suis les résultats de leurs matchs, j’essaye d’être un exemple pour les jeunes qui ont eux aussi ce rêve au fond d’eux. »
Un remerciement ?
« Je terminerai par remercier ma famille qui m’aide dans ma réussite comme dans mes échecs, tout ceux qui me soutiennent. J’encourage et je soutiens tous les rugbymen polynésiens en France ou ailleurs car ils le méritent tout autant, merci à tous ceux qui m’ont aidé à grandir. Croyez en chacun de vous. Et vive Tahiti ! » Propos recueillis par SB
