Tahiti le 19 septembre 2023 – Les élus de Rapa ont fait part de leurs projets au haut-commissaire lors de son passage sur l’île, le week-end dernier. Ils rappellent aussi qu’ils ne veulent toujours pas d’aéroport chez eux et ont fait état de leurs craintes quant au projet de la compagnie polynésienne de transport maritime (CPTM)-Aranui de deux escales mensuelles, sur place dès 2026.
Le haut-commissaire Éric Spitz s’est rendu à Rapa, le week-end dernier, non seulement pour rencontrer les élus et parler avec eux des projets à venir mais aussi pour aller au-devant de la population. “Il y a eu plusieurs points forts. Le premier a bien évidemment été l’accueil de la population dès notre arrivée. Les chants des enfants ; les échanges avec les élus ; et puis ce sentiment un peu spécial, qui se dégage à Rapa, que l’on est dans un monde qui est régi par ses propres règles, un monde fragile et aussi un monde d’équilibre”, a commenté le haut-commissaire Éric Spitz.
Le haut-commissaire Éric Spitz s’est rendu à Rapa, le week-end dernier, non seulement pour rencontrer les élus et parler avec eux des projets à venir mais aussi pour aller au-devant de la population. “Il y a eu plusieurs points forts. Le premier a bien évidemment été l’accueil de la population dès notre arrivée. Les chants des enfants ; les échanges avec les élus ; et puis ce sentiment un peu spécial, qui se dégage à Rapa, que l’on est dans un monde qui est régi par ses propres règles, un monde fragile et aussi un monde d’équilibre”, a commenté le haut-commissaire Éric Spitz.
L’exemple de Rapa
Plusieurs projets ont été abordés avec le conseil municipal. Et le “dossier qui est au-dessus de la pile, c’est celui de l’eau”, a précisé le représentant de l’État. C’est un projet qui va s’étaler sur trois tranches. La première a été financée à hauteur de 83 millions de francs par le contrat de développement et de transition, tandis que les deux dernières sont attendues pour 2024-2027.
Il a aussi été question du bétonnage de la route reliant le village principal Ahurei à la bourgade de Area. Un chantier à l’arrêt depuis 2018 souligne le tāvana Gildas Watanabe : “Le haut-commissaire nous a promis d’en parler avec le Pays pour voir pourquoi cela n’a pas été fait. Je pense qu’il va pousser le Pays pour qu’il puisse commencer les travaux.”
La mise en place d’une centrale hybride est aussi souhaitée. Ce projet “tient à cœur” aux habitants de Rapa, constate Éric Spitz. Il s’agit de l’évolution de la centrale électrique actuellement en fonction en centrale mixte mêlant énergie solaire avec énergie thermique produite à partir de gasoil. “Ce dossier sera sans doute financé par ce qu’on appelle le Fonds Macron, c'est-à-dire le Fonds de transition énergétique”, assure le représentant de l’État.
Le haut-commissaire n’a pas hésité à rappeler dans son discours que Rapa “a fait du développement durable sans l’appeler ainsi depuis des siècles tout simplement parce que les ressources y sont rares”. Il a également souligné le fait que cette petite île isolée, la plus méridionale de Polynésie française “est en avance sur certains points comme, par exemple, le tri des déchets : il y a un tri qui est fait et tous les déchets sont envoyés hors de l’île ou alors traités sur place et il y a bien des communes de France qui devraient prendre exemple sur Rapa”.
Il a aussi été question du bétonnage de la route reliant le village principal Ahurei à la bourgade de Area. Un chantier à l’arrêt depuis 2018 souligne le tāvana Gildas Watanabe : “Le haut-commissaire nous a promis d’en parler avec le Pays pour voir pourquoi cela n’a pas été fait. Je pense qu’il va pousser le Pays pour qu’il puisse commencer les travaux.”
La mise en place d’une centrale hybride est aussi souhaitée. Ce projet “tient à cœur” aux habitants de Rapa, constate Éric Spitz. Il s’agit de l’évolution de la centrale électrique actuellement en fonction en centrale mixte mêlant énergie solaire avec énergie thermique produite à partir de gasoil. “Ce dossier sera sans doute financé par ce qu’on appelle le Fonds Macron, c'est-à-dire le Fonds de transition énergétique”, assure le représentant de l’État.
Le haut-commissaire n’a pas hésité à rappeler dans son discours que Rapa “a fait du développement durable sans l’appeler ainsi depuis des siècles tout simplement parce que les ressources y sont rares”. Il a également souligné le fait que cette petite île isolée, la plus méridionale de Polynésie française “est en avance sur certains points comme, par exemple, le tri des déchets : il y a un tri qui est fait et tous les déchets sont envoyés hors de l’île ou alors traités sur place et il y a bien des communes de France qui devraient prendre exemple sur Rapa”.
Singularité politique
Parmi les spécificités culturelles de cette petite île isolée de l’archipel des Australes, il faut noter l’existence de deux conseils coutumiers tout aussi importants que le conseil municipal puisqu’ils garantissent “notre solidarité et la paix sociale dans notre île” a insisté le premier adjoint au maire. Le conseil des sages communément appelé le “Toohitu” est chargé de la gestion du foncier. Il permet également de faciliter la mise en œuvre des projets. De son côté, le comité “Rahui” s’inquiète de “la préservation de nos eaux et de notre faune marine afin de constituer une réserve alimentaire pour nos descendants et en cas de nécessité”, a complété le tāvana Gildas Watanabe.
Pour le haut-commissaire, cette gestion de la chose publique fait partie des “singularités” de Rapa dans l’espace de la République, dans la mesure où l’île est régie “par un conseil des sages à côté du conseil municipal et que toutes les décisions se prennent à l’unanimité”. Autre particularité, observée par le représentant de l’État, conséquence du Toohitu : “À Rapa, il n’y a pas de droit de propriété. C’est le conseil des sages qui décide d’attribuer une maison à des jeunes qui veulent s’installer mais ils ne sont pas pour autant propriétaires.”
Pour le haut-commissaire, cette gestion de la chose publique fait partie des “singularités” de Rapa dans l’espace de la République, dans la mesure où l’île est régie “par un conseil des sages à côté du conseil municipal et que toutes les décisions se prennent à l’unanimité”. Autre particularité, observée par le représentant de l’État, conséquence du Toohitu : “À Rapa, il n’y a pas de droit de propriété. C’est le conseil des sages qui décide d’attribuer une maison à des jeunes qui veulent s’installer mais ils ne sont pas pour autant propriétaires.”
“Nous ne voulons pas d’aéroport”
Pour le maire de l’île, Gildas Watanabe, si “Rapa est reliée au monde que par le Tuhaa Pae qui y passe une fois tous les deux mois (…). Nous n’avons, par contre, pas d’aéroport et nous n’en voulons pas”. Le tāvana précise d’ailleurs que le refus d’un tel aménagement n’est pas une décision du conseil municipal mais du Toohitu et de la population : “Il y aura du monde et beaucoup de touristes. Il est vrai que certains disent que c’est bien d’avoir des touristes mais nous ne sommes pas prêts pour les accueillir.”
Le haut-commissaire Éric Spitz dit comprendre cette décision puisque “Rapa a un fragile écosystème et effectivement toute introduction massive de personnes peut déséquilibrer le système”. Selon lui, “c’est la raison pour laquelle le Aranui V passe deux fois par an et le Aranui VI passera beaucoup plus souvent à partir de 2026 et c’est aussi la raison pour laquelle Mr Wong essaie de bien doser le nombre d’escales. Ce n’était pas simplement une mission du haut-commissaire, c’était aussi une mission du P-dg de Aranui, Mr Wong, qui voulait justement s’assurer de la réussite de l’Aranui VI lorsqu’il viendra plus régulièrement aux Australes ».
Le haut-commissaire Éric Spitz dit comprendre cette décision puisque “Rapa a un fragile écosystème et effectivement toute introduction massive de personnes peut déséquilibrer le système”. Selon lui, “c’est la raison pour laquelle le Aranui V passe deux fois par an et le Aranui VI passera beaucoup plus souvent à partir de 2026 et c’est aussi la raison pour laquelle Mr Wong essaie de bien doser le nombre d’escales. Ce n’était pas simplement une mission du haut-commissaire, c’était aussi une mission du P-dg de Aranui, Mr Wong, qui voulait justement s’assurer de la réussite de l’Aranui VI lorsqu’il viendra plus régulièrement aux Australes ».
Aranoa « deux fois par mois c’est impossible »
C’est la troisième fois que le cargo mixte Aranui fait escale à Rapa et tous sont unanimes pour dire que la venue du paquebot sur leur île ces derniers jours est une bonne chose. La présidente de l’association tourisme de Rapa, Paulina Pukoki considère que “c’est très important car c’est de l’argent qui rentre sur l’île et ce n’est pas tout le temps que les touristes viennent chez nous et c’est un vrai plaisir ”. Mais pour le tāvana Gildas Watanabe, il faut relativiser : “On va dire que c’est bien car il vient une à deux fois par an.”
Et quand est évoqué le projet d’augmenter la fréquence de liaison, à raison de deux fois par mois, avec l’arrivée du Aranoa – le nouveau venu de la flottilles Aranui – sur l’île les voix se lèvent pour s’y opposer. Paulina Pukoki estime que “c’est trop, car c’est toute une préparation et toute une organisation. Et il ne faut pas oublier que le Tuhaa Pae va sortir son nouveau bateau en même temps que le Aranoa [...]. C’est à voir et à discuter avec toute la population”.
Un avis que partage le premier adjoint au maire pour qui Rapa ne peut “répondre et satisfaire le Aranoa parce que nous ne sommes pas encore prêts pour accueillir autant de touristes. Une fois par mois c’est impossible, on n’est pas comme les Marquises qui sont déjà structurées. Une à deux fois dans l’année, c’est bien pour nous”. Il précise d’ailleurs que cette réserve a été abordée avec le P-dg de la compagnie polynésienne de transport maritime (CPTM)-Aranui Philippe Wong : lorsque son projet a été présenté au Toohitu et aux habitants de l’île “on a été catégorique, la population à 80 voire 90% était pour que le Aranoa vienne toucher notre île une à deux fois dans l’année mais pas plus”. Il estime d’ailleurs que Philippe Wong “a très bien compris cela”.
Et quand est évoqué le projet d’augmenter la fréquence de liaison, à raison de deux fois par mois, avec l’arrivée du Aranoa – le nouveau venu de la flottilles Aranui – sur l’île les voix se lèvent pour s’y opposer. Paulina Pukoki estime que “c’est trop, car c’est toute une préparation et toute une organisation. Et il ne faut pas oublier que le Tuhaa Pae va sortir son nouveau bateau en même temps que le Aranoa [...]. C’est à voir et à discuter avec toute la population”.
Un avis que partage le premier adjoint au maire pour qui Rapa ne peut “répondre et satisfaire le Aranoa parce que nous ne sommes pas encore prêts pour accueillir autant de touristes. Une fois par mois c’est impossible, on n’est pas comme les Marquises qui sont déjà structurées. Une à deux fois dans l’année, c’est bien pour nous”. Il précise d’ailleurs que cette réserve a été abordée avec le P-dg de la compagnie polynésienne de transport maritime (CPTM)-Aranui Philippe Wong : lorsque son projet a été présenté au Toohitu et aux habitants de l’île “on a été catégorique, la population à 80 voire 90% était pour que le Aranoa vienne toucher notre île une à deux fois dans l’année mais pas plus”. Il estime d’ailleurs que Philippe Wong “a très bien compris cela”.
“On les a rassurés”
Le P-dg de CPTM-Aranui tempère. Car pour lui, cette escale est la “cerise sur le gâteau” dans son offre de croisières. Ce voyage jusqu’à Rapa doit lui permettre de “lancer la découverte de la destination”. Mais il estime aussi que “c’est important d’y aller progressivement”, avant l’arrivée du Aranoa, début 2026. Conscient de cette crainte des habitants de l’île il estime “qu’ils veulent bien faire les choses”. Mais il l’assure : “On les a rassurés. On leur a dit que tous nos voyages ne seront pas remplis à 200 passagers.” Il précise aussi qu’avec ces escales, les passagers “ne seront là que pendant 24 heures sans trop chambouler les habitudes. Il n’y aura pas de modifications, c’est ce qu’on appelle du tourisme inclusif. On ne veut surtout pas trop bouleverser. Bien entendu on est demandeur de guides touristiques, de repas locaux et cela va participer au développement économique et touristique”. Selon lui, son positionnement en tant que deuxième opérateur sur les Australes ne peut qu’améliorer une desserte “qui nécessite en capacité la présence d’un deuxième bateau”, notamment pour le fret : transport de matériaux, ravitaillement de la population.
Plus encore, Philippe Wong explique que pour le Aranoa, la compagnie maritime envisage de se rendre dans toutes les îles des Australes ce qui facilitera le transport intra-archipel. Un navire Aranoa qui prévoit de faire escale à Bora-Bora avant de boucler ses croisières à Papeete. Une aubaine pour les agriculteurs des Australes avec un potentiel de développement du marché avec les hôteliers de la Perle du Pacifique. L’île a encore du temps pour songer à tout cela d’ici 2026. Mais ce n’est pas gagné.
Plus encore, Philippe Wong explique que pour le Aranoa, la compagnie maritime envisage de se rendre dans toutes les îles des Australes ce qui facilitera le transport intra-archipel. Un navire Aranoa qui prévoit de faire escale à Bora-Bora avant de boucler ses croisières à Papeete. Une aubaine pour les agriculteurs des Australes avec un potentiel de développement du marché avec les hôteliers de la Perle du Pacifique. L’île a encore du temps pour songer à tout cela d’ici 2026. Mais ce n’est pas gagné.