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Présidentielle au Honduras: l'opposant de gauche Nasralla en tête


Tegucigalpa, Honduras | AFP | lundi 27/11/2017 - Le candidat de l'opposition de gauche Salvador Nasralla arrivait en tête de l'élection présidentielle au Honduras avec 45,17% des voix, selon les premiers résultats partiels annoncés dans la nuit de dimanche à lundi, au terme d'une soirée pleine de rebondissements.

M. Nasralla devance le président sortant Juan Orlando Hernandez, crédité de 40,21% des voix, selon le dépouillement de 57% des votes, a annoncé le Tribunal suprême électoral (TSE), après une longue attente, source de confusion.
"Les chiffres du tribunal ne sont pas concluants, car ils n'englobent que les résultats des principales villes du pays", a toutefois affirmé M. Hernandez dans un message audio à ses partisans. "Nous devons être patients et mener le processus jusqu'à son terme", a-t-il ajouté.
De leur côté, les partisans de M. Nasralla se sont rassemblés devant le TSE aux cris de "oui nous y sommes arrivés" ou encore "JOH dehors", en référence aux initiales du président sortant. "Nous avons vaincu la dictature, nous avons vaincu la fraude, moi je savais que nous allions gagner" se réjouissait Julio Lainez, un étudiant de 22 ans.
Un peu plus tôt dans la soirée, les deux adversaires avaient revendiqué la victoire. L'élection présidentielle au Honduras, déjà marquée par des craintes de fraude, avait alors pris un tour polémique.
"Vu que la tendance ne change pas, je peux vous dire que je suis le nouveau président du Honduras", avait lancé M. Nasralla euphorique à ses partisans, assurant être en tête et ne pas pouvoir être rattrapé, alors que les résultats officiels n'avaient pas été proclamés.
"Le décompte est plus que clair et indiscutable, nous avons gagné cette élection", avait déclaré quelques heures auparavant M. Hernandez, 49 ans, devant les militants du Partido Nacional (PN, droite).
Salvador Nasralla, 64 ans et candidat de l'Alliance de l'opposition contre la Dictature, une coalition de partis de gauche, est un journaliste de télévision novice en politique. 
La décision de la Cour constitutionnelle d'autoriser la candidature de l'actuel président, M. Hernandez, alors que la Constitution interdit toute réélection, est dénoncée par l'opposition.
M. Hernandez était arrivé au pouvoir en 2013 après une élection contestée par la gauche.
Outre M. Nasralla, Luis Zelaya, 50 ans, du Partido Liberal (PL), l'autre formation de droite du pays, figure aussi dans le trio de tête pour cette élection à un tour. Il a obtenu 13,77% des voix, selon le TSE.
MM. Nasralla et Zelaya avaient averti qu'ils ne reconnaîtraient pas une réélection du président Hernandez.
"Nous avons constaté un processus (électoral) tranquille, l'évaluation que nous faisons jusqu'à présent est positive", a estimé dans la journée l'eurodéputée portugaise Marisa Matias, responsable de la mission des observateurs de l'Union européenne (UE).
Le Tribunal suprême électoral (TSE), critiqué sur les réseaux sociaux pour son retard dans l'annonce des résultats officiels, assure que ces élections sont "les plus scrutées de l'histoire", avec la présence de 16.000 observateurs, dont 600 venus de l'UE et d'autres notamment de l'Organisation des Etats américains (OEA). 
Aucun incident n'a été signalé. Le gouvernement avait déployé plus de 35.000 policiers et soldats dans tout le pays afin de garantir la sécurité du vote, a indiqué le ministre de la Sécurité, Julian Pacheco.
Dans ce petit pays situé au cœur du "triangle de la mort" de l'Amérique centrale, miné par les gangs et la pauvreté et affichant un des plus forts taux d'homicides au monde, les tensions politiques risquent de rouvrir les blessures laissées par le coup d'Etat de 2009. Le président Manuel Zelaya avait alors été chassé du pouvoir par l'armée, soutenue par la droite et par le monde des affaires.
L'analyste politique Victor Meza, du Centre de documentation du Honduras, juge qu'"il y a un climat de crispation". "Pour la première fois, ce n'est pas une lutte entre conservateurs et libéraux, mais entre une dictature et la démocratie". 

le Lundi 27 Novembre 2017 à 05:23 | Lu 749 fois