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Portraits de futurs profs polynésiens


La première cérémonie de remise de diplôme de l'ESPE regroupe les promos 2015 et 2016
La première cérémonie de remise de diplôme de l'ESPE regroupe les promos 2015 et 2016
PUNAAUIA, le 9 juin 2016 - La première cérémonie de remise de diplômes de l'École supérieure du professorat et de l'éducation a eu lieu ce mercredi. Ils sont une centaine de diplômés, certains en poste, d'autres qui se préparent aux concours ou attendent les résultats. Nous avons rencontré certains de ces jeunes diplômés, qui ont tous des parcours différents…

Ce mercredi 8 juin, une centaine d'étudiants de l'École supérieure du professorat et de l'éducation (ESPE) a reçu son diplôme. Deux promotions étaient réunies : une soixantaine d'élèves de cette année et une quarantaine d'élèves de l'année dernière, qui n'avait pas encore eu droit à leur propre cérémonie. Il s'agissait donc de la première remise de diplôme de l'ESPE, qui a ouvert il y a trois ans.

Le diplôme reçu est un master 2 en Métier de l'éducation, de l'enseignement et de la formation (MEEF). Avoir ce précieux sésame permettra aux étudiants d'entrer dans l'administration scolaire, en tant que prof, CPE ou formateur. Pas encore de professeurs des écoles, puisque les premiers diplômés de cette option sortiront de l'ESPE l'année prochaine.

"Les enseignants que nous envoyons sur le terrain ont une formation supérieure, puisqu'avant ils avaient une licence et maintenant c'est un master. Ensuite, au niveau de l'ESPE, nous avons mis l'accent sur tout ce qui est pratique pédagogique, analyse de pratique, tout ce qui est gestion de classe…" se félicite Jean Chaumine le directeur de l'ESPE, une école rattachée à l'Université de la Polynésie française.

Les étudiants qui ont reçu leur diplôme étaient ravis, même s'ils n'ont pas tous un poste assuré : il faut aussi réussir les concours. Certains les ont passés l'année dernière et ont effectué les stages et autres cours correspondants en deuxième année. D'autres les ont ratés et ont dû les retenter cette année, en même temps que leur master 2, et attendent les résultats. D'autres, enfin, se sont concentrés sur leurs mémoires et stages de deuxième année et tenteront le concours l'année prochaine : le diplôme leur permet déjà d'effectuer des remplacements, en attendant.


Engalie Tanseau
"Je suis professeur au lycée professionnel de Papara. J'ai passé le master MEEF l'année dernière, et en même temps le stage pour être titulaire. J'ai donc été affectée au lycée de Papara comme professeur de Biotechnologie, santé et environnement. J'étais dans la toute première promotion de l'ESPE. Nous étions une vingtaine qui avions déjà un master, mais nous avons dû passer en même temps le master MEEF, à cause de la réforme. Mais sans ça, je ne me serais pas sentie très à l'aise en école. On a eu des cours utiles, surtout sur tout ce qui est science de l'éducation, qui nous a apporté des connaissances sur le comportement des élèves, la pédagogie… Sans ça, je n'aurais pas été aussi prête.

Depuis petite je voulais faire ce métier. Au début je voulais être instit, ensuite j'ai décidé de devenir prof. Là j'aime bien, après je suis jeune, on est motivés, c'est super ! Après, il faut aimer le contact avec les élèves, et il faut surtout être patient.

Une anecdote sur l'ESPE… Oui, alors au début, on a dû faire beaucoup de dossiers. Celui dont je me souviens le plus était en CIIEE, donc informatique. C'était très dur parce que c'étaient des dossiers très lourds. Par contre, ça nous a été très utile en cours avec les élèves. On a appris par exemple comment travailler en collaboration avec une classe, alors que c'était nouveau et qu'on ne connaissait pas trop."


Titaina, avec le directeur de l'UPF, Eric Conte
Titaina, avec le directeur de l'UPF, Eric Conte
Titaina Ferrand
"Là j'ai mon diplôme avec option formation et médiation en culture scientifique. En fait, moi j'avais envie de reprendre mes études, m'intéresser à autre chose. J'avais une formation en maths à la base, mais ce n'était pas possible de faire les maths, donc j'ai pris ça un peu par défaut… Mais je dois dire que c'était super intéressant !

Maintenant, je ne sais pas encore ce que je vais faire avec ce diplôme. Pour l'instant je suis hôtesse de l'air chez ATN, ça me va pour aujourd'hui. Mais je pourrais peut-être changer, on ne sait jamais de quoi est fait l'avenir et c'est bien d'être prêt. En fait, surtout, j'aime apprendre, donc il me fallait un petit coup de boost avec une motivation pour reprendre des études !"


Daniel Vanfau
"Je vais devenir professeur d'anglais. Je vais passer les concours l'année prochaine ! J'ai 31 ans, il faut dire que j'ai une formation de biologiste à la base. Je voulais devenir professeur de SVT, mais il n'y a pas la formation jusqu'au master en Polynésie et c'était compliqué de partir en France. Comme j'étais aussi passionné d'anglais, je me suis dirigé vers ça, et justement il y avait un master disponible à l'UPF. En fait, je voulais surtout être professeur à la base, la matière c'est moins important.

Ce qui m'intéresse dans ce métier, c'est vraiment d'aider les jeunes à se former, se qualifier et trouver un travail. On ne transmet pas qu'un savoir, mais aussi la motivation qu'il faut pour persévérer, on essaie de donner le goût d'étudier."


Paolo Lacharme
"Mon objectif, à long terme, est de devenir professeur d'anglais. Il parait qu'on est nombreux et qu'on est en train de boucher le secteur… Il va y avoir de la concurrence ! Je dois repasser le concours l'année prochaine, l'année dernière je n'ai pas réussi à le valider. C'est pour ça que cette année je suis parti en option médiation culturelle, pour pouvoir valider le master. Et après, le concours !

Honnêtement, quand j'ai choisi cette voie j'y suis allé avec de la conviction à la base. Je voulais vraiment inculquer des choses aux jeunes. Mais avec du recul, on se rend compte que ce n'est pas si facile. On a eu beaucoup de stages et la réalité du métier nous rattrape : on commence à comprendre que ce n'est pas si facile que ça. Mais s'il y a une chose que j'ai retenue c'est que souvent ce ne sont pas jeunes qui vont nous embêter. C'est la paperasse et l'administration qui sont l'ennemi du professeur ! Honnêtement, j'y suis encore pour les jeunes, et le jour où je ne n'y serai plus pour eux, il sera temps de changer de métier."

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 9 Juin 2016 à 16:12 | Lu 13755 fois