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Pesticides: les sénateurs dénoncent les risques pour les utilisateurs


Pesticides: les sénateurs dénoncent les risques pour les utilisateurs
PARIS, 23 oct 2012 (AFP) - Dermatoses, problèmes respiratoires, troubles neurologiques et cognitifs, cancers : les sénateurs ont dénoncé mardi les risques sanitaires menaçant ceux qui fabriquent ou utilisent des pesticides.

"Il faut plus de volontarisme et de transparence pour aller vers le risque zéro", a résumé la sénatrice socialiste Nicole Bonnefoy, rapporteur de la mission commune d'information du Sénat en présentant le rapport réalisé sur les pesticides et leur impact sur la santé de toutes les personnes appelées à manipuler ces produits.

Fruit d'un travail de sept mois et adopté à l'unanimité par les 27 sénateurs de la mission, ce rapport de 348 pages dresse un bilan sans concession de la situation avant de proposer une centaine de recommandations qui devraient faire l'objet d'un débat en séance plénière en janvier 2013.

Les risques sanitaires des produits phytosanitaires ont été "sous-évalués", reconnaît le rapport qui note que la peau "est quantitativement l'organe le plus contaminé" .

De nombreux pesticides autorisés aujourd'hui en France ont déjà une toxicité cutanée reconnue, comme les fongicides et certains herbicides.

Comme les dermatoses, les rhinites, asthmes et insuffisances respiratoires chroniques sont reconnus comme des maladies professionnelles s'ils sont liés à la manipulation de pesticides. C'est également le cas depuis peu pour la maladie de Parkinson suite à une soixantaine d'études ayant fait apparaître un doublement du risque pour les personnes exposées.

Même si on dispose de moins d'études à ce stade, des soupçons existent pour divers troubles cognitifs et neurologiques, et notamment la maladie d'Alzheimer, ainsi que pour le cancer, même si le rôle exact joué par les pesticides dans son développement reste "difficile à évaluer", relève le rapport.

Des présomptions fortes existent pour le cancer de la prostate, le lymphome ou encore les leucémies et les cancers du cerveau chez l'enfant, mais elles devront encore être confirmées par de nouvelles études.

4e consommateur mondial

Le problème est de taille dans un pays qui est le 4è consommateur mondial de produits phytosanitaires, avec 60.000 tonnes en moyenne par an, soit un tiers de la consommation européenne, souligne de son côté le sénateur EELV du Morbihan Joël Labbé, qui fait partie de la mission.

Il déplore également qu'au lieu d'avoir baissé, comme le prévoit le plan Ecophyto 2018, la consommation de produits phytosanitaires ait encore augmenté de 1,3% en 2011. Lancé en 2008, le plan Ecophyto prévoit une réduction de 50% de l'usage de ces produits d'ici à 2018.

Les principales victimes sont les agriculteurs, en particulier dans la victiculture ou la culture maraîchère, avec des effets en terme de santé apparaissant souvent très longtemps après l'exposition.

Parmi les recommandations qui pourraient être mises en oeuvre rapidement, Sophie Primas (UMP-Yvelines), présidente de la mission, cite la mutualisation des données épidémiologiues et la mise en place de registres d'exposition aux pesticides.

Les collectivités territoriales sont invitées à ne plus utiliser de pesticides d'ici à 5 ans, tandis que la vente de ces produits aux particuliers devrait être interdite "à terme".

Parmi les autres mesures figurent le renforcement du contrôle des nouvelles substances, en prenant notamment en compte le critère de perturbateur endocrinien, ou encore le classement d'un produit comme cancérogène dès la reconnaissance de cet effet chez l'animal.

ez/fa/sd

Rédigé par AFP le Mardi 23 Octobre 2012 à 05:22 | Lu 506 fois