Paris, France | AFP | mardi 04/02/2020 - Le patron du patinage français, Didier Gailhaguet, a accusé l'ancienne ministre Marie-George Buffet d'avoir permis au début des années 2000 à l'entraîneur Gilles Beyer de rester dans le circuit. Une enquête administrative, dont l'AFP a eu connaissance, montre qu'il était alors au courant des problèmes posés par ce cadre, aujourd'hui accusé de viol par Sarah Abitbol.
Dans une lettre manuscrite datée du 8 février 2000 et adressée à Didier Gailhaguet, les parents d'une jeune espoir d'Angers s'indignent d'un épisode survenu quelques mois plus tôt à La Roche-sur-Yon, lors d'un stage d'été du club parisien des Français Volants. La Roche-sur-Yon, c'est là aussi que Sarah Abitbol accuse Gilles Beyer de l'avoir violée pour la première fois, en 1990.
Dans la nuit du 23 au 24 juillet 1999, dénoncent les parents de la patineuse d'Angers, l'entraîneur, "quelque peu imprégné d'alcool", s'est rendu dans le dortoir de leur fille de 17 ans et s'est assis au bord de son lit pour lui parler un long moment. Il a fini par s'en aller, non sans lui avoir demandé s'il pouvait "l'embrasser", ce qu'elle a refusé.
"Il serait souhaitable, pour ne pas dire indispensable (...) que ce Monsieur n'approche plus jamais ni de près ni de loin des patineuses adolescentes mineures", écrivent les parents à l'attention de Didier Gailhaguet, élu à la tête de la fédération en septembre 1998.
Quant à Gilles Beyer, champion de France 1978, il est entré dans les effectifs des cadres techniques du ministère des Sports en 1982, "sans jamais cesser ses relations avec son club d'origine", les Français Volants, une place forte du patinage basée à Bercy. Le 1er avril 1999, Beyer a aussi succédé à Gailhaguet au poste de manager des équipes de France de patinage artistique. Le cœur du haut niveau.
En avril 1999, lors d'un autre stage, toujours à La Roche-sur-Yon, Gilles Beyer a dormi dans sa chambre d'hôtel avec une patineuse de 17 ans, au prétexte que le lycée où elle était hébergée était fermé. Les parents de l'adolescente, informés, décident d'en rester là.
Le rapport administratif, daté de juin 2000, décrit une ambiance délétère entre clubs de patinage et un milieu très conflictuel, souvent éprouvant pour les jeunes athlètes. Le 14 février 2000, un autre entraîneur, Didier Lucine, en bisbilles avec Beyer, alerte Gailhaguet dans un courrier de "rumeurs devenant de plus en plus insistantes".
Les deux inspecteurs généraux, qui ont entendu une vingtaine de personnes, ne soulèvent pas d'autre épisode spécifique. Gilles Beyer a relativisé les deux incidents, sans les nier.
Contacté par l'AFP mardi, Gilles Beyer n'a pas donné suite.
Les deux inspecteurs donnent acte à la fédération d'avoir déjà agi, en recadrant son rôle. Ainsi, le 25 avril 2000, le DTN envoie une nouvelle lettre de mission qui cantonne l'entraîneur à des tâches administratives et d'organisation et qui le rattache physiquement au siège de la fédération.
"Il est aujourd'hui évident que Monsieur Beyer n'a plus sa place dans l'équipe fédérale", concluent-ils, en s'appuyant sur ses "comportements douteux" et ses "relations conflictuelles".
Ainsi, ils recommandent "qu'il soit mis fin à son contrat PO (préparation olympique) et qu'il soit mis fin également à son détachement au sein du ministère de la Jeunesse et des Sports". Durant une "période transitoire", Gilles Beyer ne doit plus avoir "aucune fonction d'encadrement de jeunes".
Le détachement a pris fin en mars 2001, a précisé le ministère des Sports à l'AFP. Mais Beyer a gardé une place centrale aux Français Volants pendant toutes les années qui ont suivi, l'un des griefs de l'actuelle ministre des Sports, Roxana Maracineanu, contre Gailhaguet.
"Il n'est pas resté à la fédération, il est reparti dans son club d'origine dans lequel le ministère lui a redonné une carte professionnelle", a-t-il contre-attaqué lundi. Pourtant, Gilles Beyer a notamment coordonné les tournées de gala de l'équipe de France, un rôle encore salué par Gailhaguet dans des PV d'assemblée générale en 2014, 2016 ou 2018. Jusqu'à cette date, Beyer a aussi été membre du bureau exécutif de la FFSG.
Dans une lettre manuscrite datée du 8 février 2000 et adressée à Didier Gailhaguet, les parents d'une jeune espoir d'Angers s'indignent d'un épisode survenu quelques mois plus tôt à La Roche-sur-Yon, lors d'un stage d'été du club parisien des Français Volants. La Roche-sur-Yon, c'est là aussi que Sarah Abitbol accuse Gilles Beyer de l'avoir violée pour la première fois, en 1990.
Dans la nuit du 23 au 24 juillet 1999, dénoncent les parents de la patineuse d'Angers, l'entraîneur, "quelque peu imprégné d'alcool", s'est rendu dans le dortoir de leur fille de 17 ans et s'est assis au bord de son lit pour lui parler un long moment. Il a fini par s'en aller, non sans lui avoir demandé s'il pouvait "l'embrasser", ce qu'elle a refusé.
"Il serait souhaitable, pour ne pas dire indispensable (...) que ce Monsieur n'approche plus jamais ni de près ni de loin des patineuses adolescentes mineures", écrivent les parents à l'attention de Didier Gailhaguet, élu à la tête de la fédération en septembre 1998.
Quant à Gilles Beyer, champion de France 1978, il est entré dans les effectifs des cadres techniques du ministère des Sports en 1982, "sans jamais cesser ses relations avec son club d'origine", les Français Volants, une place forte du patinage basée à Bercy. Le 1er avril 1999, Beyer a aussi succédé à Gailhaguet au poste de manager des équipes de France de patinage artistique. Le cœur du haut niveau.
- "Rumeurs"-
Le courrier est transmis au ministère, qui décide d'ouvrir une enquête administrative en avril 2000, d'autant qu'un autre épisode alerte le cabinet de Marie-George Buffet.En avril 1999, lors d'un autre stage, toujours à La Roche-sur-Yon, Gilles Beyer a dormi dans sa chambre d'hôtel avec une patineuse de 17 ans, au prétexte que le lycée où elle était hébergée était fermé. Les parents de l'adolescente, informés, décident d'en rester là.
Le rapport administratif, daté de juin 2000, décrit une ambiance délétère entre clubs de patinage et un milieu très conflictuel, souvent éprouvant pour les jeunes athlètes. Le 14 février 2000, un autre entraîneur, Didier Lucine, en bisbilles avec Beyer, alerte Gailhaguet dans un courrier de "rumeurs devenant de plus en plus insistantes".
Les deux inspecteurs généraux, qui ont entendu une vingtaine de personnes, ne soulèvent pas d'autre épisode spécifique. Gilles Beyer a relativisé les deux incidents, sans les nier.
Contacté par l'AFP mardi, Gilles Beyer n'a pas donné suite.
Les deux inspecteurs donnent acte à la fédération d'avoir déjà agi, en recadrant son rôle. Ainsi, le 25 avril 2000, le DTN envoie une nouvelle lettre de mission qui cantonne l'entraîneur à des tâches administratives et d'organisation et qui le rattache physiquement au siège de la fédération.
- Gala -
"Il est aujourd'hui évident que Monsieur Beyer n'a plus sa place dans l'équipe fédérale", concluent-ils, en s'appuyant sur ses "comportements douteux" et ses "relations conflictuelles".
Ainsi, ils recommandent "qu'il soit mis fin à son contrat PO (préparation olympique) et qu'il soit mis fin également à son détachement au sein du ministère de la Jeunesse et des Sports". Durant une "période transitoire", Gilles Beyer ne doit plus avoir "aucune fonction d'encadrement de jeunes".
Le détachement a pris fin en mars 2001, a précisé le ministère des Sports à l'AFP. Mais Beyer a gardé une place centrale aux Français Volants pendant toutes les années qui ont suivi, l'un des griefs de l'actuelle ministre des Sports, Roxana Maracineanu, contre Gailhaguet.
"Il n'est pas resté à la fédération, il est reparti dans son club d'origine dans lequel le ministère lui a redonné une carte professionnelle", a-t-il contre-attaqué lundi. Pourtant, Gilles Beyer a notamment coordonné les tournées de gala de l'équipe de France, un rôle encore salué par Gailhaguet dans des PV d'assemblée générale en 2014, 2016 ou 2018. Jusqu'à cette date, Beyer a aussi été membre du bureau exécutif de la FFSG.