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Paka ou CBD ? Un couple condamné à trois mois avec sursis pour 92 plants controversés


Un couple a comparu ce mardi devant le tribunal correctionnel de Papeete pour la possession de 92 pieds de paka. Selon eux, il ne s'agirait que de CBD.
Un couple a comparu ce mardi devant le tribunal correctionnel de Papeete pour la possession de 92 pieds de paka. Selon eux, il ne s'agirait que de CBD.
Tahiti, le 29 octobre 2024 - Un couple a comparu, ce mardi, devant le tribunal correctionnel de Papeete, accusé de cultiver 92 plants de cannabis dans sa grange. Défendant une consommation thérapeutique de CBD à usage personnel, les deux prévenus ont écopé d'une peine de trois mois de prison avec sursis.
 
Paka ou CBD ? Le tribunal correctionnel de Papeete a examiné ce mardi matin le cas d’un couple poursuivi pour détention de 92 plants de cannabis. Une découverte faite par la gendarmerie dans la grange de son domicile, lors d'une patrouille aux abords de son habitation. Les gendarmes avaient repéré l'installation suspecte en raison de la forte odeur de paka aux abords de la maison, qui était également équipée d’un matériel destiné, semble-t-il, à “faire pousser plus rapidement” les plants, comme une serre et des lampes.
 
Confronté par le tribunal, le couple a nié toute intention de cultiver du cannabis, affirmant que les plants en question n’étaient autres que du CBD, un cannabinoïde dépourvu de propriétés psychotropes. Selon les deux prévenus, cette culture était destinée uniquement à leur consommation personnelle et motivée par des raisons thérapeutiques. “J'ai des problèmes d'articulations depuis longtemps, je ne vais plus chez le médecin et les médicaments me défoncent l’estomac. Je me guéris avec le CBD”, a expliqué la prévenue.
 
Des plants pas analysés
 
L’avocat du couple s'est engouffré dans cette défense, en pointant l'absence d'analyses scientifiques pour identifier formellement les plants saisis comme du cannabis. “Les pieds n'ont pas été analysés, on ne saura jamais, car tout a été détruit”, a-t-il plaidé, tout en rappelant que, selon la jurisprudence de la Cour de cassation, le CBD n’est pas considéré comme un stupéfiant. Il a également fourni un test sanguin négatif au cannabis pour ses clients, renforçant la thèse d'une consommation non récréative.
 
Cependant, un détail a retenu l'attention des magistrats : le couple prétendait avoir démarré cette culture trois mois avant son interpellation avec seulement six plants, mais l’installation comptait déjà 92 pieds au moment de la saisie. La prévenue a justifié cette rapidité de croissance en invoquant son savoir-faire, une main verte : “Je suis fille d'agriculteur”. “Ce n'est pas héréditaire”, lui a sèchement répondu le tribunal.
 
Le mari a quant à lui assuré qu'il n'avait jamais soutenu cette initiative, qu’il considérait prématurée dans l’attente d’une éventuelle légalisation du CBD en Polynésie. “Je lui ai dit d'attendre que le CBD soit installé ici. Je ne voulais pas de cette plantation”, a-t-il déclaré à la barre. “Mais c'est difficile pour elle, avec ses douleurs.”
 
Pour rappel, bien que la Polynésie française ait récemment légalisé, en août dernier, la détention de produits à base de CBD, la culture de cannabidiol (CBD) comme celle de cannabis reste interdite sur le territoire.
 
Le procureur a requis six mois de prison avec sursis. En conclusion, le tribunal a statué en faveur d’une peine de trois mois de prison avec sursis pour le couple.

Rédigé par Thibault Segalard le Mardi 29 Octobre 2024 à 14:47 | Lu 2215 fois