Tahiti, le 3 novembre 2024 - Tout le monde attendait cette nouvelle édition de la Hawaiki Nui Va’a avec impatience. Le suspense avait été annoncé au vu des différents résultats obtenus par les équipes favorites tout au long de cette saison de va’a. La bataille pour le titre fut extraordinaire et indécise jusqu’au bout de la course. C’est finalement le Team OPT qui remporte la 31e édition d’une course incroyable et intense.
Au matin de la première étape de la Hawaiki Nui 2024, mercredi, tout le monde se demandait qui allait remporter cette nouvelle édition. Les pronostics allaient bon train sur le ponton du port de Huahine entre les trois équipes favorites. Shell Va’a, vainqueur de la Catalina Race et de la Molokai Hoe, qui est en pleine forme en ce moment. L’équipe tenante du titre, le Team OPT, qui a plus d’expérience sur cette course et qui était consciente des difficultés et des erreurs à ne pas commettre sur les trois parcours proposés. Et l’équipe d’Air Tahiti, dirigée par son capitaine et grand homme de la saison solo, Kyle Taraufau. Il était vraiment dur de mettre un nom en tête de la liste, tellement les trois équipes avaient prouvé tout au long de la saison qu’elles étaient capables de remporter la Hawaiki Nui. Sans oublier non plus les autres prétendants, le Team Huahine, qui était à domicile, soutenu par de nombreux supporters. Pareil pour les locaux du Toa Amok de Bora Bora, très en vue lors de la dernière Molokai, Enviropol ou encore EDT, qui allaient apporter une forte concurrence pour dynamiser cette course.
Une première pour OPT
Très vite, au départ de la course mercredi matin dans la baie de Fare à Huahine, les équipes favorites mettaient un train d’enfer aux autres équipages. Très vite sortis de la passe et avec deux stratégies différentes, les leaders de cette première course – OPT, Shell Va’a et Air Tahiti Va’a –, se détachaient rapidement, même si le Team Huahine et Hinaraurea tentaient de ne pas être trop décrochés. Parti par l’ouest, Shell Va’a voulait remonter pour pouvoir profiter du vent lors de sa redescente vers la passe de Raiatea afin de gagner de l’avance face à ses adversaires directs. OPT et Air Tahiti Va’a, eux, avaient décidé de tirer tout droit, au vu de leur expérience acquise l’année dernière et des erreurs commises.
“On avait fait une erreur de cap l’année dernière et on ne voulait pas la réitérer cette année. Nous avions décidé de nous faire confiance et de suivre le ‘game plan’ que nous avions réalisé, sans nous occuper de ce que faisaient les autres”, nous expliquait le peperu du Team OPT, Hitiroa Masingue, grand artisan du succès de son équipe. Pour l’entraîneur d’Air Tahiti Va’a, Matahi Tapatoa, même stratégie que ses adversaires : “On a bien vu que le vent venait du sud-est, mais on a aussi remarqué que la mer était calme, du coup on a tenté le cap droit. Quand on a vu que les maillots jaunes d’OPT avaient pris la même direction, on s’est dit qu’on était dans le vrai.”
À l’entrée de la passe du lagon de Raiatea, les différentes stratégies appliquées par les équipes dévoilaient leurs résultats. Ce sont les équipages d’OPT et d’Air Tahiti Va’a qui avaient fait le bon choix et qui entraient en tête dans le lagon. Au bout d’un dernier effort, les hommes de Georges Cronsteadt, coach d’OPT, franchissaient les premiers la ligne d’arrivée avec 1’25’’ d’avance sur Air Tahiti et 1’44’’ sur Shell Va’a. Loin derrière, c’est l’équipe de Huahine qui prenait la quatrième place, à sept minutes du leader. Le Team OPT marquait déjà de son empreinte cette 31e édition, puisque c’était la première fois depuis le début de sa participation à la Hawaiki Nui qu’il gagnait cette étape entre Huahine et Raiatea.
Chez les vétérans hommes 40, c’est l’équipage de Raiatea, le Team Hinaraurea, qui prenait la tête du classement, suivi de Tahitian Paddle de Punaauia, cher à son président Kiki Dubois, et de Nunue Va’a de Bora Bora. Chez les vétérans hommes 50, le trio de tête était composé de deux équipes de Tahiti, Toa Tai Va’a, première, et Mata Are Va’a, deuxième, et de l’équipe de Moorea, Te Firi Nape, à la troisième place.
Les va’a tā’ie avaient eux aussi pris le départ ce mercredi matin pour aussi arriver à Uturoa.
Shell Va’a entre dans l’histoire
Ce jeudi matin, au départ du parc de Raiatea, on ne savait trop quoi penser de cette journée, qui allait se dérouler sous une forte chaleur et avec des équipes remaniées. Le parcours, plus court, demandait plus de vitesse et moins d’endurance que celui de la veille. Vingt-six kilomètres séparaient Raiatea de Taha’a, et très frustrés par leur erreur de cap sur le parcours Huahine-Raiatea, les hommes au coquillage étaient bien décidés à montrer qu’ils étaient présents pour cette Hawaiki Nui et qu’ils ne lâcheraient rien. Malgré une équipe très jeune et en pleine construction, les hommes de Shell Va’a étaient déterminés à prouver à tout le monde qu’ils étaient fiers de représenter cette équipe mythique.
Dans un lagon en pleine effervescence, la course commençait tambour battant, chacun jouant des rames pour se faire une place au milieu d’une cohorte de bateaux venus admirer le combat tant attendu. Très vite sortie de la meute, l’équipe de Shell Va’a creusait l’écart avec ses principaux concurrents. L’équipe d’OPT avait du mal à suivre, talonnée par Hinaraurea et Toa Amok. Le spectacle était au rendez-vous pour le plus grand bonheur des centaines de spectateurs venus en bateau ou à pied assister au spectacle grandiose. Air Tahiti se positionnait au large, essayant de profiter des vagues des bateaux, mais sur un parcours de puissance, seuls les équipiers de Maina Nui, rameur de Shell Va’a, étaient en mesure de développer cette force qui permet de gagner ce genre d’étape. Au passage de l’église de Tiva, 1’ 32’’ séparait déjà le leader Shell Va’a de ses premiers concurrents. Car outre la volonté de gagner cette étape, l’équipe du coach David Tepava, omniprésent avec ses consignes sur son bateau suiveur, voulait marquer ses adversaires et surtout regagner du temps au général. La victoire ne faisait aucun doute à l’entrée de Taha’a, mais le temps affiché par les leaders commençait à subjuguer tous les observateurs de la course. Ils étaient dans les temps du record de l’étape. Malgré la chaleur étouffante qui a abîmé les organismes, Shell franchissait la ligne d’arrivée loin devant les autres, avec un record à la clé : 1 h 50’ 18’’, ne laissant que des miettes à ses adversaires puisque le Team OPT, arrivé en 1 h 51’ 54’’, n’avait plus que huit secondes d’avance au général. Air Tahiti, revenu de loin, finissait troisième en dépassant sur les derniers mètres Hinaraurea en 1 h 52’ 05’’.
Une deuxième journée maîtrisée de main de maître par les hommes au coquillage, montrant qu’ils étaient bien là pour aller chercher le titre le lendemain à Bora Bora et que les compteurs étaient remis à zéro. Dans le parc de Taha’a, rempli de monde venu accueillir les champions, on sentait l’envie d’être au lendemain pour en découdre. Pour le barreur de l’équipe d’Air Tahiti, Hotuiterai Poroi, l’étape du lendemain serait déterminante : “On a tous notre carte à jouer. Nous, on sait qu’on va établir un plan d’attaque et qu’on va s’y tenir. On est déjà très fiers de ce que l’on a réalisé, car on n’avait plus fait de podium depuis 2018. Mais on ne veut pas en rester là. Que le meilleur gagne.” Des paroles de bon augure vu la prestation de cette équipe le lendemain.
Chez les vétérans hommes 40, c’est Nunue Va’a cette fois-ci qui remporte l’étape, mais c’est toujours le Team Hinaeraurea qui garde la tête du classement. Pour les vétérans hommes 50, rien ne bouge en haut : Mata Are Va’a, Toa Tai Va’a et Te Firi Nape se partagent toujours les trois premières places.
Ce jeudi a également permis aux autres catégories de s’exprimer. Jeunes hommes, jeunes femmes, seniors dames, vétérans dames et vétérans hommes 60 ont pu batailler sur un parcours différent dans le lagon de Raiatea-Taha’a, offrant un spectacle digne des plus grands.
Air Tahiti finit en beauté, OPT grand vainqueur
Taha’a-Bora Bora. 58,2 km. L’épreuve la plus longue. Les organismes avaient déjà été mis à rude épreuve durant les deux premières journées. Les conditions n’étaient pas optimales pour la course, vendredi. Malgré un soleil éclatant et un léger vent, la houle n’était pas au rendez-vous pour aider les rameurs à surfer les vagues qui leur permettent de souffler et de prendre de la vitesse. Tout allait se jouer à la force des bras et surtout au mental.
En ce vendredi matin, seuls les seniors, les vétérans hommes 40 et 50, et les va’a tā’ie étaient sur la ligne de départ. Le début de course affichait un rythme modéré : la course est longue et il faut économiser les ressources. Les ravitaillements ne seront autorisés qu’une fois en mer. Les équipes se jaugeaient. Une hiérarchie se mettait en place dans le lagon, bousculant les codes. En tête, Shell Va’a, suivi de la surprenante équipe Toa Amok Po pora te hoe mamu de Bora Bora, qui avait envie de briller chez elle. Derrière, une invitée de dernière minute : l’équipe d’Enviropol qui, avant cette étape, se plaçait loin derrière le peloton de tête. Suivie de près par Huahine, alors qu’Air Tahiti et surtout OPT étaient loin derrière.
La guerre des nerfs venait de commencer. À la sortie de la passe de Pa’i pa’i, à la surprise générale, Huahine virait en tête, suivi de Shell, Enviropol, Air Tahiti et OPT. La course entre Taha’a et l’entrée du lagon de Bora Bora allait être une bataille de tous les instants. À mi-course, avec des caps différents, les prétendants au titre reprenaient leur leadership. OPT, Shell Va’a et Air Tahiti Va’a se livraient une bataille sans merci à distance. Shell menait les débats avec OPT. Air Tahiti restait en retrait, comme nous l’avait annoncé la veille Hotuiterai Poroi, gardant son cap et sa stratégie coûte que coûte. Le long de la barrière de corail, une lutte sans merci s’engageait entre OPT et Shell Va’a. Chacun prenant les devants de l’autre jusqu’à la pointe de Turiroa.
C’est là que tout basculait. Très atteints physiquement, les hommes au coquillage commençaient à ralentir le rythme alors que derrière eux, l’équipe d’Air Tahiti et les revenants de Huahine étaient là en embuscade. À l’entrée du lagon, c’est le Team OPT qui prenait la tête, suivi d’Air Tahiti et du toujours aussi surprenant Team Huahine. Après quatre heures de course et deux jours de compétition, les rameurs d’OPT et d’Air Tahiti trouvaient les ressources physiques et surtout mentales pour se livrer une dernière bataille. C’est au niveau de l’hôtel Conrad que les coéquipiers du capitaine Kyle Taraufau s’envolaient vers la première victoire d’étape de leur existence. Franchissant la ligne d’arrivée en 4 h 16’ 49’’, le Team Air Tahiti réalisait une course parfaite et venait logiquement s’imposer dans cette troisième étape. OPT deuxième, Huahine troisième, le podium était complet. Au classement général, c’est bien la belle équipe d’OPT qui se positionnait en première place et venait remporter la Hawaiki Nui pour la deuxième année consécutive en 9 h 27’ 25’’, suivie d’Air Tahiti et de Shell Va’a.
Une étape, une équipe
Cette Hawaiki Nui 2024 a tenu toutes ses promesses, autant au niveau sportif qu’au niveau de l’organisation. Avec ce suspense tant attendu entre trois équipes qui avaient dominé la saison des V6 : une étape pour le Team OPT, une étape pour Shell Va’a et une pour Air Tahiti. C’est tellement mérité pour ces trois formations et si c’est l’équipe d’OPT qui gagne au général, c’est le va’a polynésien qui sort grand vainqueur de cette édition. Car toutes les équipes ont rivalisé et ont donné tout ce qu’elles avaient. Une mention spéciale à l’équipe japonaise, qui venait pour la première fois et qui finit ces trois étapes en dernière position sans jamais rien lâcher. Un petit clin d’œil à l’équipe de Huahine, qui termine à la troisième place de la 3e étape et 4e au classement général. Chez les vétérans hommes 40, c’est la belle équipe de Hinaraurea de Raiatea qui remporte le trophée, et chez les vétérans hommes 50, c’est la Tao Tai Va’a qui finit premier dans sa catégorie. Mais pour qu’un aussi bel événement soit réussi, il ne faut pas oublier tous les membres organisateurs. Menés par la dynamique présidente Tutu Maamaatuaiahutapu, tous les bénévoles impliqués dans la course ont fait de cette 31e édition une véritable réussite. Vitrine du sport polynésien, le va’a se doit de grandir à l’échelle internationale. Et quoi de mieux que les Jeux olympiques pour porter le va’a aux yeux du monde ? Espérons que le projet emmené par les dirigeants polynésiens voie le jour et que le va’a devienne, comme il le mérite, une discipline olympique.
Réactions
Manatea Bopp Du Pont, rameur d’Air Tahiti Va’a
“On a bataillé durant ces trois jours”
“On a bataillé durant ces trois jours. Ça a été très dur. Le niveau des équipes était très relevé. Ce matin (vendredi, NDLR), on avait envie d’aller chercher la victoire d’étape et essayer de se rapprocher le plus près possible au classement général. Je suis très fier des copains, du staff et de nos familles qui nous ont soutenus tout au long de la compétition. Je voudrais aussi féliciter toutes les équipes car c’est grâce à elles si cette épreuve est aussi magnifique.”
Hitiroa Masingue, barreur du Team OPT
“Les autres teams nous poussent à nous surpasser”
“C’était un gros combat, mais c’est ça la Hawaiki nui. C’est une épreuve difficile avec de grosses équipes. Cette année, on voulait montrer qu’on était bien présent et qu’on pouvait rééditer l’exploit de l’année dernière. Mais tout cela n’est possible que grâce au niveau des autres teams qui nous poussent à nous surpasser.”
David Tepava, coach de Shell Va’a
“Je suis sûr que le futur est assuré”
“Je suis très fier de mes garçons. Shell, aujourd’hui, c’est une nouvelle équipe. On a plein de jeunes, de nouveaux, qui ont beaucoup de qualités et qui vont grandir et prendre de l’expérience grâce à ce genre de compétitions. C’est dommage, cette erreur du premier jour, ça nous a mis dedans, mais quelle belle réaction dès le lendemain ! Je suis heureux de m’occuper de cette équipe. Je suis sûr que le futur est assuré.”
Manutea Million, rameur du Team Huahine
“ On reviendra encore plus fort l’année prochaine”
“Satisfait du résultat. On finit à la 4e place au classement général comme l’année dernière. C’est dommage que l’on se trompe de cap lors de la première journée, on aurait pu finir sur le podium. On voulait finir en beauté sur cette dernière étape. On n’a rien lâché, même quand on était loin du groupe de tête. On reviendra encore plus fort l’année prochaine.”
Vairoa Teraiharoa, rameur de Shell Va’a
“On a manqué d’expérience”
“Ça a été une grosse bataille, il fallait être fort. On avait bien fait notre cap. Mais on est jeune, on a manqué d’expérience. Mais cette course, il fallait y goûter pour grandir et revenir plus fort. Notre coach a toujours été là pour nous, nous donner des conseils, nous encourager. On doit reprendre le flambeau de ce grand club. On a tout donné pendant trois jours et on est fier de représenter cette équipe.”
Au matin de la première étape de la Hawaiki Nui 2024, mercredi, tout le monde se demandait qui allait remporter cette nouvelle édition. Les pronostics allaient bon train sur le ponton du port de Huahine entre les trois équipes favorites. Shell Va’a, vainqueur de la Catalina Race et de la Molokai Hoe, qui est en pleine forme en ce moment. L’équipe tenante du titre, le Team OPT, qui a plus d’expérience sur cette course et qui était consciente des difficultés et des erreurs à ne pas commettre sur les trois parcours proposés. Et l’équipe d’Air Tahiti, dirigée par son capitaine et grand homme de la saison solo, Kyle Taraufau. Il était vraiment dur de mettre un nom en tête de la liste, tellement les trois équipes avaient prouvé tout au long de la saison qu’elles étaient capables de remporter la Hawaiki Nui. Sans oublier non plus les autres prétendants, le Team Huahine, qui était à domicile, soutenu par de nombreux supporters. Pareil pour les locaux du Toa Amok de Bora Bora, très en vue lors de la dernière Molokai, Enviropol ou encore EDT, qui allaient apporter une forte concurrence pour dynamiser cette course.
Une première pour OPT
Très vite, au départ de la course mercredi matin dans la baie de Fare à Huahine, les équipes favorites mettaient un train d’enfer aux autres équipages. Très vite sortis de la passe et avec deux stratégies différentes, les leaders de cette première course – OPT, Shell Va’a et Air Tahiti Va’a –, se détachaient rapidement, même si le Team Huahine et Hinaraurea tentaient de ne pas être trop décrochés. Parti par l’ouest, Shell Va’a voulait remonter pour pouvoir profiter du vent lors de sa redescente vers la passe de Raiatea afin de gagner de l’avance face à ses adversaires directs. OPT et Air Tahiti Va’a, eux, avaient décidé de tirer tout droit, au vu de leur expérience acquise l’année dernière et des erreurs commises.
“On avait fait une erreur de cap l’année dernière et on ne voulait pas la réitérer cette année. Nous avions décidé de nous faire confiance et de suivre le ‘game plan’ que nous avions réalisé, sans nous occuper de ce que faisaient les autres”, nous expliquait le peperu du Team OPT, Hitiroa Masingue, grand artisan du succès de son équipe. Pour l’entraîneur d’Air Tahiti Va’a, Matahi Tapatoa, même stratégie que ses adversaires : “On a bien vu que le vent venait du sud-est, mais on a aussi remarqué que la mer était calme, du coup on a tenté le cap droit. Quand on a vu que les maillots jaunes d’OPT avaient pris la même direction, on s’est dit qu’on était dans le vrai.”
À l’entrée de la passe du lagon de Raiatea, les différentes stratégies appliquées par les équipes dévoilaient leurs résultats. Ce sont les équipages d’OPT et d’Air Tahiti Va’a qui avaient fait le bon choix et qui entraient en tête dans le lagon. Au bout d’un dernier effort, les hommes de Georges Cronsteadt, coach d’OPT, franchissaient les premiers la ligne d’arrivée avec 1’25’’ d’avance sur Air Tahiti et 1’44’’ sur Shell Va’a. Loin derrière, c’est l’équipe de Huahine qui prenait la quatrième place, à sept minutes du leader. Le Team OPT marquait déjà de son empreinte cette 31e édition, puisque c’était la première fois depuis le début de sa participation à la Hawaiki Nui qu’il gagnait cette étape entre Huahine et Raiatea.
Chez les vétérans hommes 40, c’est l’équipage de Raiatea, le Team Hinaraurea, qui prenait la tête du classement, suivi de Tahitian Paddle de Punaauia, cher à son président Kiki Dubois, et de Nunue Va’a de Bora Bora. Chez les vétérans hommes 50, le trio de tête était composé de deux équipes de Tahiti, Toa Tai Va’a, première, et Mata Are Va’a, deuxième, et de l’équipe de Moorea, Te Firi Nape, à la troisième place.
Les va’a tā’ie avaient eux aussi pris le départ ce mercredi matin pour aussi arriver à Uturoa.
Shell Va’a entre dans l’histoire
Ce jeudi matin, au départ du parc de Raiatea, on ne savait trop quoi penser de cette journée, qui allait se dérouler sous une forte chaleur et avec des équipes remaniées. Le parcours, plus court, demandait plus de vitesse et moins d’endurance que celui de la veille. Vingt-six kilomètres séparaient Raiatea de Taha’a, et très frustrés par leur erreur de cap sur le parcours Huahine-Raiatea, les hommes au coquillage étaient bien décidés à montrer qu’ils étaient présents pour cette Hawaiki Nui et qu’ils ne lâcheraient rien. Malgré une équipe très jeune et en pleine construction, les hommes de Shell Va’a étaient déterminés à prouver à tout le monde qu’ils étaient fiers de représenter cette équipe mythique.
Dans un lagon en pleine effervescence, la course commençait tambour battant, chacun jouant des rames pour se faire une place au milieu d’une cohorte de bateaux venus admirer le combat tant attendu. Très vite sortie de la meute, l’équipe de Shell Va’a creusait l’écart avec ses principaux concurrents. L’équipe d’OPT avait du mal à suivre, talonnée par Hinaraurea et Toa Amok. Le spectacle était au rendez-vous pour le plus grand bonheur des centaines de spectateurs venus en bateau ou à pied assister au spectacle grandiose. Air Tahiti se positionnait au large, essayant de profiter des vagues des bateaux, mais sur un parcours de puissance, seuls les équipiers de Maina Nui, rameur de Shell Va’a, étaient en mesure de développer cette force qui permet de gagner ce genre d’étape. Au passage de l’église de Tiva, 1’ 32’’ séparait déjà le leader Shell Va’a de ses premiers concurrents. Car outre la volonté de gagner cette étape, l’équipe du coach David Tepava, omniprésent avec ses consignes sur son bateau suiveur, voulait marquer ses adversaires et surtout regagner du temps au général. La victoire ne faisait aucun doute à l’entrée de Taha’a, mais le temps affiché par les leaders commençait à subjuguer tous les observateurs de la course. Ils étaient dans les temps du record de l’étape. Malgré la chaleur étouffante qui a abîmé les organismes, Shell franchissait la ligne d’arrivée loin devant les autres, avec un record à la clé : 1 h 50’ 18’’, ne laissant que des miettes à ses adversaires puisque le Team OPT, arrivé en 1 h 51’ 54’’, n’avait plus que huit secondes d’avance au général. Air Tahiti, revenu de loin, finissait troisième en dépassant sur les derniers mètres Hinaraurea en 1 h 52’ 05’’.
Une deuxième journée maîtrisée de main de maître par les hommes au coquillage, montrant qu’ils étaient bien là pour aller chercher le titre le lendemain à Bora Bora et que les compteurs étaient remis à zéro. Dans le parc de Taha’a, rempli de monde venu accueillir les champions, on sentait l’envie d’être au lendemain pour en découdre. Pour le barreur de l’équipe d’Air Tahiti, Hotuiterai Poroi, l’étape du lendemain serait déterminante : “On a tous notre carte à jouer. Nous, on sait qu’on va établir un plan d’attaque et qu’on va s’y tenir. On est déjà très fiers de ce que l’on a réalisé, car on n’avait plus fait de podium depuis 2018. Mais on ne veut pas en rester là. Que le meilleur gagne.” Des paroles de bon augure vu la prestation de cette équipe le lendemain.
Chez les vétérans hommes 40, c’est Nunue Va’a cette fois-ci qui remporte l’étape, mais c’est toujours le Team Hinaeraurea qui garde la tête du classement. Pour les vétérans hommes 50, rien ne bouge en haut : Mata Are Va’a, Toa Tai Va’a et Te Firi Nape se partagent toujours les trois premières places.
Ce jeudi a également permis aux autres catégories de s’exprimer. Jeunes hommes, jeunes femmes, seniors dames, vétérans dames et vétérans hommes 60 ont pu batailler sur un parcours différent dans le lagon de Raiatea-Taha’a, offrant un spectacle digne des plus grands.
Air Tahiti finit en beauté, OPT grand vainqueur
Taha’a-Bora Bora. 58,2 km. L’épreuve la plus longue. Les organismes avaient déjà été mis à rude épreuve durant les deux premières journées. Les conditions n’étaient pas optimales pour la course, vendredi. Malgré un soleil éclatant et un léger vent, la houle n’était pas au rendez-vous pour aider les rameurs à surfer les vagues qui leur permettent de souffler et de prendre de la vitesse. Tout allait se jouer à la force des bras et surtout au mental.
En ce vendredi matin, seuls les seniors, les vétérans hommes 40 et 50, et les va’a tā’ie étaient sur la ligne de départ. Le début de course affichait un rythme modéré : la course est longue et il faut économiser les ressources. Les ravitaillements ne seront autorisés qu’une fois en mer. Les équipes se jaugeaient. Une hiérarchie se mettait en place dans le lagon, bousculant les codes. En tête, Shell Va’a, suivi de la surprenante équipe Toa Amok Po pora te hoe mamu de Bora Bora, qui avait envie de briller chez elle. Derrière, une invitée de dernière minute : l’équipe d’Enviropol qui, avant cette étape, se plaçait loin derrière le peloton de tête. Suivie de près par Huahine, alors qu’Air Tahiti et surtout OPT étaient loin derrière.
La guerre des nerfs venait de commencer. À la sortie de la passe de Pa’i pa’i, à la surprise générale, Huahine virait en tête, suivi de Shell, Enviropol, Air Tahiti et OPT. La course entre Taha’a et l’entrée du lagon de Bora Bora allait être une bataille de tous les instants. À mi-course, avec des caps différents, les prétendants au titre reprenaient leur leadership. OPT, Shell Va’a et Air Tahiti Va’a se livraient une bataille sans merci à distance. Shell menait les débats avec OPT. Air Tahiti restait en retrait, comme nous l’avait annoncé la veille Hotuiterai Poroi, gardant son cap et sa stratégie coûte que coûte. Le long de la barrière de corail, une lutte sans merci s’engageait entre OPT et Shell Va’a. Chacun prenant les devants de l’autre jusqu’à la pointe de Turiroa.
C’est là que tout basculait. Très atteints physiquement, les hommes au coquillage commençaient à ralentir le rythme alors que derrière eux, l’équipe d’Air Tahiti et les revenants de Huahine étaient là en embuscade. À l’entrée du lagon, c’est le Team OPT qui prenait la tête, suivi d’Air Tahiti et du toujours aussi surprenant Team Huahine. Après quatre heures de course et deux jours de compétition, les rameurs d’OPT et d’Air Tahiti trouvaient les ressources physiques et surtout mentales pour se livrer une dernière bataille. C’est au niveau de l’hôtel Conrad que les coéquipiers du capitaine Kyle Taraufau s’envolaient vers la première victoire d’étape de leur existence. Franchissant la ligne d’arrivée en 4 h 16’ 49’’, le Team Air Tahiti réalisait une course parfaite et venait logiquement s’imposer dans cette troisième étape. OPT deuxième, Huahine troisième, le podium était complet. Au classement général, c’est bien la belle équipe d’OPT qui se positionnait en première place et venait remporter la Hawaiki Nui pour la deuxième année consécutive en 9 h 27’ 25’’, suivie d’Air Tahiti et de Shell Va’a.
Une étape, une équipe
Cette Hawaiki Nui 2024 a tenu toutes ses promesses, autant au niveau sportif qu’au niveau de l’organisation. Avec ce suspense tant attendu entre trois équipes qui avaient dominé la saison des V6 : une étape pour le Team OPT, une étape pour Shell Va’a et une pour Air Tahiti. C’est tellement mérité pour ces trois formations et si c’est l’équipe d’OPT qui gagne au général, c’est le va’a polynésien qui sort grand vainqueur de cette édition. Car toutes les équipes ont rivalisé et ont donné tout ce qu’elles avaient. Une mention spéciale à l’équipe japonaise, qui venait pour la première fois et qui finit ces trois étapes en dernière position sans jamais rien lâcher. Un petit clin d’œil à l’équipe de Huahine, qui termine à la troisième place de la 3e étape et 4e au classement général. Chez les vétérans hommes 40, c’est la belle équipe de Hinaraurea de Raiatea qui remporte le trophée, et chez les vétérans hommes 50, c’est la Tao Tai Va’a qui finit premier dans sa catégorie. Mais pour qu’un aussi bel événement soit réussi, il ne faut pas oublier tous les membres organisateurs. Menés par la dynamique présidente Tutu Maamaatuaiahutapu, tous les bénévoles impliqués dans la course ont fait de cette 31e édition une véritable réussite. Vitrine du sport polynésien, le va’a se doit de grandir à l’échelle internationale. Et quoi de mieux que les Jeux olympiques pour porter le va’a aux yeux du monde ? Espérons que le projet emmené par les dirigeants polynésiens voie le jour et que le va’a devienne, comme il le mérite, une discipline olympique.
Réactions
Manatea Bopp Du Pont, rameur d’Air Tahiti Va’a
“On a bataillé durant ces trois jours”
“On a bataillé durant ces trois jours. Ça a été très dur. Le niveau des équipes était très relevé. Ce matin (vendredi, NDLR), on avait envie d’aller chercher la victoire d’étape et essayer de se rapprocher le plus près possible au classement général. Je suis très fier des copains, du staff et de nos familles qui nous ont soutenus tout au long de la compétition. Je voudrais aussi féliciter toutes les équipes car c’est grâce à elles si cette épreuve est aussi magnifique.”
Hitiroa Masingue, barreur du Team OPT
“Les autres teams nous poussent à nous surpasser”
“C’était un gros combat, mais c’est ça la Hawaiki nui. C’est une épreuve difficile avec de grosses équipes. Cette année, on voulait montrer qu’on était bien présent et qu’on pouvait rééditer l’exploit de l’année dernière. Mais tout cela n’est possible que grâce au niveau des autres teams qui nous poussent à nous surpasser.”
David Tepava, coach de Shell Va’a
“Je suis sûr que le futur est assuré”
“Je suis très fier de mes garçons. Shell, aujourd’hui, c’est une nouvelle équipe. On a plein de jeunes, de nouveaux, qui ont beaucoup de qualités et qui vont grandir et prendre de l’expérience grâce à ce genre de compétitions. C’est dommage, cette erreur du premier jour, ça nous a mis dedans, mais quelle belle réaction dès le lendemain ! Je suis heureux de m’occuper de cette équipe. Je suis sûr que le futur est assuré.”
Manutea Million, rameur du Team Huahine
“ On reviendra encore plus fort l’année prochaine”
“Satisfait du résultat. On finit à la 4e place au classement général comme l’année dernière. C’est dommage que l’on se trompe de cap lors de la première journée, on aurait pu finir sur le podium. On voulait finir en beauté sur cette dernière étape. On n’a rien lâché, même quand on était loin du groupe de tête. On reviendra encore plus fort l’année prochaine.”
Vairoa Teraiharoa, rameur de Shell Va’a
“On a manqué d’expérience”
“Ça a été une grosse bataille, il fallait être fort. On avait bien fait notre cap. Mais on est jeune, on a manqué d’expérience. Mais cette course, il fallait y goûter pour grandir et revenir plus fort. Notre coach a toujours été là pour nous, nous donner des conseils, nous encourager. On doit reprendre le flambeau de ce grand club. On a tout donné pendant trois jours et on est fier de représenter cette équipe.”