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Nouveau bureau, même mission pour Steeve Hamblin qui prend les rênes du Medef


Steeve Hamblin a été élu ce mercredi à la tête du Medef. Crédit photo : Thibault Segalard.
Steeve Hamblin a été élu ce mercredi à la tête du Medef. Crédit photo : Thibault Segalard.
Tahiti, le 28 mars 2024 - Sans opposition, Steeve Hamblin a été élu ce mercredi soir à la présidence du Medef Polynésie. Avec un total de 53 voix pour et 17 abstentions, il succède à Frédéric Dock. Le nouveau bureau sera composé de Heimana Fiori, Yannick Cadet, Patrick Rivière, Mike Alezrah et Thierry Mosser.
 
“C'est un vote important, il n'est pas question qu'une organisation comme le Medef vote par défaut. Il faut aujourd'hui que chaque organisation membre prenne ses responsabilités”, a tancé Frédéric Dock, l'ancien président fraîchement démissionnaire du syndicat patronal, lors des élections du Medef mercredi soir. En effet, le suspense n'était guère présent, car seul Steeve Hamblin avait soumis sa candidature pour succéder au directeur de Cegelec, filiale de Vinci Énergies, à la tête de l’organisation patronale. Après deux mandats de deux ans, Frédéric Dock quitte la présidence du Medef avec le sentiment du devoir accompli, mais également avec un goût amer, estimant ne plus être la personne idéale pour entretenir le dialogue entre les chefs d'entreprise et le gouvernement actuel. Il a regretté à plusieurs reprises de ne pas avoir été un interlocuteur privilégié du gouvernement actuel. L'épisode en cours de la loi fiscale a probablement été la goutte d'eau de trop pour le bureau sortant, qui a décidé de passer la main. “Quand nous avons vu la loi tomber, sans débat, nous avons réalisé que cela ne servait à rien de discuter”, a d'ailleurs déploré Gaël Lamisse, ancien président de la commission Économie, lors du bilan d'activité. “C'est plus de son, plus d'image”, s'est, lui, désolé l'ancien vice-président Olivier Kressmann, pour schématiser les relations entre le gouvernement Brotherson et l'organisation patronale.
 
Ainsi, sans grande surprise, Steeve Hamblin a remporté l'élection avec 53 voix pour et 17 abstentions. “C'est presque un score à la Poutine”, s'est même amusé Frédéric Dock.
 
Un défi de taille en perspective
 
Pour Steeve Hamblin, la tâche s'annonce ardue, compte tenu des commentaires peu élogieux émis par l'ancien bureau à l'égard des positions du gouvernement sur certains sujets. Comme sur la question de la protection de l'emploi local, qualifiée presque comme une vaste fumisterie par Olivier Kressmann, ancien responsable de la commission Formation : “Les chiffres de la CPS montrent que 92% des emplois sont occupés par des gens qui ont plus de dix ans de territoire (...) et sur les 8% qui restent, beaucoup sont des emplois dans le domaine de la santé”.
 
Le nouveau président devra donc s'attaquer sérieusement à ces problèmes, avec son équipe composée notamment de Heimana Fiori, à la tête des sociétés de menuiserie et de BTP Bois et Création et Pacific Nui Travaux, qui assumera la présidence de la commission Emploi et Formation. Yannick Cadet, directeur de Poe-ma Assurances, sera chargé de la commission Économie. Michael Alezrah, fondateur, entre autres, de E-Motor Pacific et Villa Mahana, dirigera la commission Innovation et Développement durable. Enfin, Steeve Hamblin pourra compter sur l'expérience de Thierry Mosser, ancien directeur général de la Brasserie de Tahiti, qui continuera à superviser la commission Droit social et PSG. Le directeur général délégué de la Banque de Tahiti, Patrick Rivière, a quant à lui accepté de devenir le nouveau trésorier.
 
Quant à Steeve Hamblin, après avoir travaillé à la Brasserie de Tahiti et siégé au conseil d'administration de Tahiti Tourisme, il est a été ministre du Tourisme de 2009 à 2011 sous Gaston Tong Sang. Il s'est ensuite expatrié en Nouvelle-Calédonie, où il a été conseiller en tourisme pour le gouvernement local. Il a récemment fondé une entreprise de développement personnel, la Business Maker Academy.
 

Steeve Hamblin : “J'espère rapidement reconnecter les liens avec le gouvernement”

Vous venez de remporter les élections du Medef, qu'est-ce qui vous a poussé à vous présenter ?

“J'ai toujours été dans la contribution. Là encore, c'est du bénévolat, du temps passé pour le développement de la Polynésie. Avec mon épouse, nous avions d'ailleurs déjà été présidents du CESC (ancienne appellation du Cesec, NDLR), et donc nous avions pour objectif de revenir ici et de participer à ce genre de débat auquel le Medef est confronté.

Je pense que nous avons traversé des périodes difficiles, qui vont continuer. C'est le moment de s'unir, de protéger l'emploi et donc les entreprises. J'espère pouvoir assurer le dialogue entre les partenaires sociaux, le monde de l'entrepreneuriat et celui politique. Je connais d'ailleurs bien l'univers politique, puisque j'ai été au gouvernement il y a 15 ans. Je suis donc rompu aux rouages de l'administration.”
 
Le tableau peint par Frédéric Dock est peu élogieux et témoigne d'un certain découragement. Allez-vous tenter de renouer le dialogue avec le gouvernement ?
 
“L'équipe sortante, qui a fait un travail extraordinaire, est fatiguée par la manière dont sont traitées ses propositions. Ils ont le sentiment de ne plus être compris. J'espère que les élus réaliseront, par ce vote, que nous sommes à leur disposition pour faire évoluer le pays. Il faut travailler main dans la main. Pour l'instant, les élus travaillent dans leur coin. J'espère donc rapidement reconnecter ces liens avec le gouvernement.”
 
Ce soir, le bilan des quatre années de mandat de Fréderic Dock a été détaillé, avec notamment le fameux Livre blanc du Medef. Vous souscrivez à la plupart de ses propositions ?

“Oui bien sûr, même si je n'ai pas encore eu le temps de me plonger en détail dans le Livre blanc. Il y a toutefois un autre combat que j'aimerais mener avec mon équipe. Il concerne la manière dont l'administration publique est censée servir le privé. Du point de vue de la population mais aussi des entrepreneurs qui démarrent ou qui sont en cours d'activité. Avoir un meilleur service de l'administration publique pour permettre aux opérateurs d'aller plus vite et de se protéger lors de crises futures.”
 

Frédéric Dock : “C'est une expérience humaine énorme”

Vous laissez ce soir les rênes du Medef. Quel est votre sentiment ?

“Il faut voir ça sur la durée. On a eu un démarrage compliqué avec le Covid en 2020, suivi des élections législatives et territoriales. On a fait des propositions, des débats, on a accompagné des politiques publiques... Et il en est resté des choses, puisque la prime pouvoir d'achat, c'est le Medef, comme le fonds de transition énergétique dit fonds Macron. On a eu de très belles victoires. Bien sûr, aujourd'hui, la situation est confuse et floue avec des chefs d'entreprise inquiets. Il faut mettre tout le monde autour de la table pour construire la Polynésie de demain. Cependant, à l'heure actuelle, les méthodes employées ne sont pas à la hauteur des enjeux. J'espère que la nouvelle équipe saura convaincre le gouvernement et les forces économiques.”
 
On vous a senti très ému il y a quelques instants, sur scène, au moment de remercier votre équipe…

“Vous savez, je suis manageur depuis toujours. Et pour moi, l'équipe du bureau, la permanence du Medef, c'est une équipe avec laquelle j'ai partagé quatre ans de combat et de travail. Tout ça crée des liens. Alors forcément, il y a de l'émotion et du respect. C'est une expérience humaine énorme, où il faut faire preuve d'engagement et d'humilité, car on ne défend pas ses intérêts mais ceux communs.”
 
Quelle sera la suite pour vous désormais ?

“J'ai intégré la médecine du travail, Sistra, en juin 2023, donc je vais garder un pied dans le Medef. Et je suis toujours directeur général de la filiale de Vinci Énergies ici.”

Rédigé par Thibault Segalard le Jeudi 28 Mars 2024 à 13:16 | Lu 2878 fois