Crédit : Mata Tohora.
PAPEETE, le 1er septembre 2016 - L’association pour la protection des mammifères marins de Polynésie, Mata Tohora, est sur l’eau les week-ends, jours fériés et une fois par semaine de façon aléatoire. Elle est autorisée à faire des signalements à destination du procureur, mais ses membres préfèrent jouer la carte de la sensibilisation. Ce que les observateurs comprennent, la plupart du temps.
Dimanche, 9 heures à la marina Taina de Punaauia, Agnès Benet vérifie une dernière fois le contenu de son sac. Appareil photo, téléphone, hydrophone et crème solaire. "On ne nous a pas encore appelés", annonce-t-elle. "Cela signifie qu’aucune baleine n’a encore été repérée ce matin. Allons d’abord vers la passe de Taapuna, elles y étaient hier."
Une activité bénévole
Tous les week-ends à la saison des baleines, les jours fériés ainsi qu’un jour en semaine pris au hasard, Agnès Benet, directrice et fondatrice de Mata Tohora et Clément Bais Pierre, sensibilisateur et chargé de communication de l’association sont sur l’eau. Ils vont à la rencontre des professionnels et plaisanciers qui eux-mêmes vont à la rencontre des baleines. Leur activité est bénévole. Elle est rendue possible grâce à la mise à disposition du bateau personnel de la directrice, un petit zodiaque, maniable et réactif.
Cette activité prend du temps qu’Agnès Benet et Clément Bais Pierre donnent sans compter. "Les baleines viennent pour mettre bas au fenua. Elles restent en Polynésie le temps que leur petit grandisse assez pour rentrer en Antarctique, leur lieu de résidence. Pendant leur séjour polynésien, les femelles ne se nourrissent pas, elles doivent protéger leur petit. En plus elles ont à subir la pression des mâles qui veulent s’accoupler et, depuis peu, elles doivent faire avec la présence de l’homme."
Selon une étude* réalisée par Agnès Benet, biologiste marin, le nombre de bateaux de professionnels de whale/dolphin-watching, répartis entre Tahiti, Moorea, Bora Bora et Rurutu a été multiplié par qautre entre 2008 et 2015, principalement à Moorea et Tahiti. Le nombre de passagers à bord a doublé, ce qui augmente considérablement le nombre de nageurs autour des cétacés. "À cela, il faut ajouter les bateaux et les jets-skis des plaisanciers de loisir qui naviguent parfois uniquement pour observer les baleines et les dauphins, lesquels sont très près des côtes, dans les baies ou dans les passes pour se protéger des prédateurs, se reposer ou se sociabiliser."
Les femelles s'affaiblissent, les baleineaux ne grossissent pas comme ils devraient
Si l’homme est trop présent, les baleines s’affaiblissent plus que prévu. Leur petit ne grossit pas comme il devrait. "Les baleineaux sont curieux, ils vont au contact de l’homme. Pendant qu’ils jouent ils ne mangent pas. Alors qu’ils devraient téter souvent, peu à chaque fois, mais régulièrement."
Des règles d’approches sont inscrites dans le Code de l’environnement depuis 2002. Jusqu’à ce que Mata Tohora se mette à surveiller les côtes, en 2012, personne n’était chargé de les faire respecter.
Arrivés près de la passe de Taapuna le téléphone n’a toujours pas sonné. "Nous sommes en étroite relation avec des relais, les professionnels, des pêcheurs, des membres de l’association pour localiser les mammifères et les observateurs", explique Agnès Benet. Ce matin l’activité est calme. Le temps passe, sans caudale, ni souffle à l’horizon. La mer est calme, le soleil donne à peine voilé. La luminosité gagne en intensité tandis que le moteur emplit la zone de bruit. "Il est pratique ce bateau mais tellement bruyant", note Agnès Benet.
Après deux heures de navigation, le vini se manifeste pour une "bonne" nouvelle. Cette fois c’est bon, des souffles ont été repérés près du phare de Papeete. Des bateaux sont déjà sur place. "Accroche-toi, on va accélérer", lance la pilote. Sur place, en ralentissant, Agnès Benet explique : "On reste au loin pour observer la scène, regarder le comportement des bateaux mais aussi des baleines. Ensuite on va au contact des gens, d’abord vers ceux qui ne respectent pas les règles, puis les autres. Ce qu’on veut c’est sensibiliser, ce n’est pas sanctionner."
Jusqu'à 1 million de Fcfp d'amende
En cas d’erreurs répétées, et après plusieurs rappels à loi, souvent en fin de saison, les membres de l’association font des signalements qui sont envoyés au procureur. À lui ensuite de décider. La sanction prévue est une amende entre 100 000 et 1 million de Fcfp. Une somme qui peut doubler en cas de récidive, le matériel peut être confisqué. "Cela n’est encore jamais arrivé, même si l’an passé nous ne sommes pas passés loin."
Depuis 2012, les membres de l’association Mata Tohora notent une évolution. "Nous partons toujours du principe que les observateurs ne connaissent pas les règles. Ce qui est vrai la plupart du temps. Tout cela change, les règles sont de mieux en mieux connues. Nous sommes bien accueillis." Quelques réfractaires font de la résistance, ce sont des cas isolés. Les efforts payent. Et heureusement, sans quoi l’association aurait certainement baissé les bras. Après leurs journées en mer qui ne sont parfois même pas coupées par une pause déjeuner, la fatigue est grande. Sachant que les autres jours de la semaine le temps passe en observations et études.
Dimanche, 9 heures à la marina Taina de Punaauia, Agnès Benet vérifie une dernière fois le contenu de son sac. Appareil photo, téléphone, hydrophone et crème solaire. "On ne nous a pas encore appelés", annonce-t-elle. "Cela signifie qu’aucune baleine n’a encore été repérée ce matin. Allons d’abord vers la passe de Taapuna, elles y étaient hier."
Une activité bénévole
Tous les week-ends à la saison des baleines, les jours fériés ainsi qu’un jour en semaine pris au hasard, Agnès Benet, directrice et fondatrice de Mata Tohora et Clément Bais Pierre, sensibilisateur et chargé de communication de l’association sont sur l’eau. Ils vont à la rencontre des professionnels et plaisanciers qui eux-mêmes vont à la rencontre des baleines. Leur activité est bénévole. Elle est rendue possible grâce à la mise à disposition du bateau personnel de la directrice, un petit zodiaque, maniable et réactif.
Cette activité prend du temps qu’Agnès Benet et Clément Bais Pierre donnent sans compter. "Les baleines viennent pour mettre bas au fenua. Elles restent en Polynésie le temps que leur petit grandisse assez pour rentrer en Antarctique, leur lieu de résidence. Pendant leur séjour polynésien, les femelles ne se nourrissent pas, elles doivent protéger leur petit. En plus elles ont à subir la pression des mâles qui veulent s’accoupler et, depuis peu, elles doivent faire avec la présence de l’homme."
Selon une étude* réalisée par Agnès Benet, biologiste marin, le nombre de bateaux de professionnels de whale/dolphin-watching, répartis entre Tahiti, Moorea, Bora Bora et Rurutu a été multiplié par qautre entre 2008 et 2015, principalement à Moorea et Tahiti. Le nombre de passagers à bord a doublé, ce qui augmente considérablement le nombre de nageurs autour des cétacés. "À cela, il faut ajouter les bateaux et les jets-skis des plaisanciers de loisir qui naviguent parfois uniquement pour observer les baleines et les dauphins, lesquels sont très près des côtes, dans les baies ou dans les passes pour se protéger des prédateurs, se reposer ou se sociabiliser."
Les femelles s'affaiblissent, les baleineaux ne grossissent pas comme ils devraient
Si l’homme est trop présent, les baleines s’affaiblissent plus que prévu. Leur petit ne grossit pas comme il devrait. "Les baleineaux sont curieux, ils vont au contact de l’homme. Pendant qu’ils jouent ils ne mangent pas. Alors qu’ils devraient téter souvent, peu à chaque fois, mais régulièrement."
Des règles d’approches sont inscrites dans le Code de l’environnement depuis 2002. Jusqu’à ce que Mata Tohora se mette à surveiller les côtes, en 2012, personne n’était chargé de les faire respecter.
Arrivés près de la passe de Taapuna le téléphone n’a toujours pas sonné. "Nous sommes en étroite relation avec des relais, les professionnels, des pêcheurs, des membres de l’association pour localiser les mammifères et les observateurs", explique Agnès Benet. Ce matin l’activité est calme. Le temps passe, sans caudale, ni souffle à l’horizon. La mer est calme, le soleil donne à peine voilé. La luminosité gagne en intensité tandis que le moteur emplit la zone de bruit. "Il est pratique ce bateau mais tellement bruyant", note Agnès Benet.
Après deux heures de navigation, le vini se manifeste pour une "bonne" nouvelle. Cette fois c’est bon, des souffles ont été repérés près du phare de Papeete. Des bateaux sont déjà sur place. "Accroche-toi, on va accélérer", lance la pilote. Sur place, en ralentissant, Agnès Benet explique : "On reste au loin pour observer la scène, regarder le comportement des bateaux mais aussi des baleines. Ensuite on va au contact des gens, d’abord vers ceux qui ne respectent pas les règles, puis les autres. Ce qu’on veut c’est sensibiliser, ce n’est pas sanctionner."
Jusqu'à 1 million de Fcfp d'amende
En cas d’erreurs répétées, et après plusieurs rappels à loi, souvent en fin de saison, les membres de l’association font des signalements qui sont envoyés au procureur. À lui ensuite de décider. La sanction prévue est une amende entre 100 000 et 1 million de Fcfp. Une somme qui peut doubler en cas de récidive, le matériel peut être confisqué. "Cela n’est encore jamais arrivé, même si l’an passé nous ne sommes pas passés loin."
Depuis 2012, les membres de l’association Mata Tohora notent une évolution. "Nous partons toujours du principe que les observateurs ne connaissent pas les règles. Ce qui est vrai la plupart du temps. Tout cela change, les règles sont de mieux en mieux connues. Nous sommes bien accueillis." Quelques réfractaires font de la résistance, ce sont des cas isolés. Les efforts payent. Et heureusement, sans quoi l’association aurait certainement baissé les bras. Après leurs journées en mer qui ne sont parfois même pas coupées par une pause déjeuner, la fatigue est grande. Sachant que les autres jours de la semaine le temps passe en observations et études.
Un label pour les professionnels
Pour ceux qui font appel à des professionnels, sachez qu’un label est désormais attribué. "L’objectif est de valoriser cette activité écotouristique", précise Agnès Benet qui affirme être souvent sollicitée par les curieux. "Ils nous appellent pour connaître les sociétés de whale watching qui respectent le plus les cétacés." Pour obtenir le label, qui n’est pas obligatoire, le whale watcher doit impérativement être en règle avec les formalités du Pays et respecter les obligations dictées par le Code de l’environnement. Il s’engage dans une démarche écoresponsable qui va au-delà des règles obligatoires, il suit une charte qu’il signe. "Son engagement est moral et répond à une éthique." En cas de non-respect de la charte, le label est retiré. "Attention", souligne Mata Tohora, "ce label ne peut en aucun cas se substituer au Code de l’environnement, ni aux autorisations obligatoires pour exercer cette activité à but commercial".
Au même titre que cette démarche ne peut faire l’objet d’une priorité autour des mammifères marins". Une dizaine de whale watchers ont obtenu le label sur Tahiti et Moorea. La liste est disponible sur le site de l’association.
http://www.matatohora.com
Pour ceux qui font appel à des professionnels, sachez qu’un label est désormais attribué. "L’objectif est de valoriser cette activité écotouristique", précise Agnès Benet qui affirme être souvent sollicitée par les curieux. "Ils nous appellent pour connaître les sociétés de whale watching qui respectent le plus les cétacés." Pour obtenir le label, qui n’est pas obligatoire, le whale watcher doit impérativement être en règle avec les formalités du Pays et respecter les obligations dictées par le Code de l’environnement. Il s’engage dans une démarche écoresponsable qui va au-delà des règles obligatoires, il suit une charte qu’il signe. "Son engagement est moral et répond à une éthique." En cas de non-respect de la charte, le label est retiré. "Attention", souligne Mata Tohora, "ce label ne peut en aucun cas se substituer au Code de l’environnement, ni aux autorisations obligatoires pour exercer cette activité à but commercial".
Au même titre que cette démarche ne peut faire l’objet d’une priorité autour des mammifères marins". Une dizaine de whale watchers ont obtenu le label sur Tahiti et Moorea. La liste est disponible sur le site de l’association.
http://www.matatohora.com