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Maryline Gomez-Montibert aux Oscars : “J’ai envie d’y croire”


Le film Waltzing with Brando, tourné en Polynésie, pourrait obtenir un Oscar dans la catégorie “maquillage coiffure”. Il vient de rejoindre la “short list” des dix films retenus pour le prix. En janvier, cette liste sera réduite à cinq. La soirée de remise des prix aura lieu, quant à elle, début mars. En Polynésie, l’équipe de tournage américaine s’est appuyée sur la société locale Filmin’Tahiti pour tourner le film. Maryline Gomez-Montibert, assistante coiffeuse, a fait partie de l’aventure.
 
Comment as-tu appris la nouvelle ?

Il y a quelques jours, Erica, la coiffeuse que j’ai assistée sur le tournage, m’a appelée pour me dire qu’on allait peut-être être sélectionnées dans la “short list” des dix films retenus aux Oscars en catégorie “coiffure-maquillage”. Je travaillais et je n’ai donc pas réalisé tout de suite ce que cela signifiait et impliquait. Aujourd’hui, l’annonce est confirmée et j’ai envie d’y croire !
 
Comment as-tu été intégrée au projet ?
J’avais déjà travaillé pour Filmin’Tahiti qui m’a sollicitée pour ce projet. C’était une première pour moi d’être intégrée à un tournage d’une telle envergure, avec des Américains. Ils ont des moyens et une très grande exigence et rigueur. Cette expérience m’a beaucoup apporté.
 
Qu’as-tu fait pendant le tournage ?
J’ai assisté la cheffe coiffeuse, Erica. Mais, avant même de démarrer le tournage, il a fallu préparer le projet, faire des recherches. J’ai reçu le scénario un ou deux mois auparavant. J’ai beaucoup lu, récolté de très nombreuses images pour savoir comment étaient coiffés les femmes et les hommes de la période du film, c’est-à-dire de la fin des années 1960, début des années 1970. Je me suis renseignée sur la manière dont les Polynésiens étaient coiffés, mais également comment Brando et son entourage l’étaient. Je me suis également renseignée auprès des gens qui avaient vécu cette époque, j’ai essayé d’être la plus curieuse possible.”
 
Erica, de son côté, a suivi la même démarche ?
Oui, et nous avons mis en commun et échangé sur ce que nous avons trouvé séparément.”
 

 

Quand as-tu rencontré Erica pour la première fois ?
Je suis allée à l’aéroport avec Filmin’Tahiti pour accueillir l’équipe de tournage. Puis nous nous sommes vues une fois avant que le tournage ne démarre pour pouvoir faire plus ample connaissance.
 
Comment les journées se déroulaient-elles ?
Nous avons reçu des indications du réalisateur sur les coupes et coiffures qu’il attendait et lui avons fait également des propositions qu’il validait, ou non. La veille des journées de tournage, nous recevions un document listant toutes les scènes prévues, avec les comédiens concernés. Il nous fallait estimer le temps de travail pour chacun, ce qui permettait ensuite de préciser les heures de convocations des comédiens. Cela étant fait, on savait à quelle heure nous présenter sur place le jour J. On devait arriver au moins une demi-heure au préalable pour préparer toutes nos affaires.”
 
Devais-tu rester disponible tout au long de la journée ?
Sur un tournage, les coiffeurs et maquilleurs préparent les comédiens, on fait des coupes et/ou des coiffures. Il fallait par exemple deux heures de travail pour Billy Zane, coiffure et maquillage compris, car il portait une perruque et une prothèse faciale. Coiffeurs et maquilleurs sont les premières personnes que les comédiens voient et, souvent, celles à qui ils se confient, on les écoute et on les rassure. Il faut tenir compte des humeurs des uns, des demandes des autres, car certains par exemple refusent qu’on utilise tel ou tel produit. Ensuite, il faut rester attentif et disponible tout au long de la journée. On est positionné derrière le retour caméra et on intervient sur demande ou quand on observe des changements dans les coiffures en raison du vent, par exemple. C’est à la fois fatiguant, stimulant et excitant.
 
Que retiens-tu de cette expérience ?

En France, il m’était arrivé de travailler pour l’opéra par exemple, de poser des perruques, là, j’ai dû faire preuve d’une très grande rigueur, tout devait être très précis. Car, avec une caméra HD, on voit tous les détails. Lors du tournage, je me rappelle également avoir dû remplacer Erica pendant trois jours. Elle est arrivée un matin en me disant, tu prends le relai, je suis malade, c’était l’époque du Covid. D’un coup, j’ai senti une très grande pression, une grande responsabilité, mais cela a été aussi une belle opportunité puisque j’ai pu coiffer l’acteur principal. Pour moi, les tournages sont comme des cocottes-minutes dans lesquelles de nombreuses compétences se mettent à bouillir jusqu’à obtenir un film. C’est très chouette.
 

Tarepa Tenauri et Laurent Jacquemin de Filmin’Tahiti.
Tarepa Tenauri et Laurent Jacquemin de Filmin’Tahiti.
Quelques chiffres

Le tournage en Polynésie du film Waltzing with Brando de Bill Fishman, avec Billy Zane, a duré 18 jours en mai 2023 à Tahiti, Moorea et Tetiaroa. Il a mobilisé 40 techniciens polynésiens, 15 comédiens polynésiens et de très nombreux figurants polynésiens eux aussi. Le montant total des dépenses locales est estimé à 180 millions de francs.
 

Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 26 Décembre 2024 à 15:25 | Lu 1325 fois