Paris, France | AFP | jeudi 29/06/2017 - Il convoque le Congrès lundi et relègue son Premier Ministre au second plan, encadre étroitement ses ministres et son parti étend son pouvoir à l'Assemblée: Emmanuel Macron concentre à l'Elysée tous les pouvoirs et ébauche le "macronisme", selon les analystes.
Signe d'un prééminence assumée, il s'exprimera lundi devant le Parlement à Versailles pour exposer les grandes orientations de son quinquennat, la veille de la déclaration de politique générale de son Premier ministre Edouard Philippe, lui grillant la politesse.
Un choix critiqué par l'opposition. Les députés de La France insoumise et l’ensemble des parlementaires communistes boycotteront ce rendez-vous.
"Nous n’irons pas à Versailles adouber le monarque présidentiel" et "valider le court-circuit du travail de l'Assemblée", ont fait valoir les élus PCF.
De ce format solennel et exceptionnel -- Nicolas Sarkozy et François Hollande n'y ont eu recours qu'une fois --, Emmanuel Macron a décidé de faire un rituel annuel, abandonnant l'habituelle interview télévisée du 14 Juillet. Le président aurait une pensée "trop complexe" pour les questions réponses des journalistes, a commenté son entourage au Monde.
A l'Assemblée, son parti REM et ses alliés ont raflé mercredi tous les postes du bureau, alors que traditionnellement l'un d'entre eux revenait à l'opposition: Thierry Solère, un "constructif", a été élu à un poste de questeur mercredi, contre le LR Eric Ciotti.
"Une telle concentration au profit de la présidence, qui exerce sa tutelle sur le Premier ministre, le gouvernement, le parti majoritaire et l'Assemblée, est caractéristique du macronisme qui s'invente", analyse Pascal Perrineau, chercheur au Cevipof.
"Dans son livre +Révolution+, Emmanuel Macron expliquait déjà vouloir rétablir la présidence dans toute sa majesté, mais parlait aussi d'un fonctionnement équilibré avec le gouvernement. Or très vite, il a mis en place non pas un équilibre, mais une sujétion".
Ainsi, c'est lui qui engage la réforme du code du travail en recevant tous les syndicats à l'Elysée. Au gouvernement, un ministre allié mais ne venant pas d'En marche, comme Bruno Le Maire, se voit adjoindre un proche du président (Benjamin Griveaux), rappelle le chercheur.
Une douzaine de conseillers sont mutualisés entre l'Elysée et Matignon, "ce qui donne les moyens d'éviter une autonomie excessive du Premier ministre". Et "l'Elysée a suivi très attentivement la mise en place des pouvoirs à l'Assemblée", remarque encore Pascal Perrineau.
"Le président, qui sait que sa majorité est fragile quoique pléthorique, étant donné l'amateurisme au sein du groupe et l'abstention, met en place un fonctionnement jamais connu, type entreprise: un patron avec son board, ses jeunes cadres technos, et des corps intermédiaires un peu écrasés. Une conception à l'américaine, en phase avec une des origines du macronisme", conclut-il.
"Il revient aux sources de la Ve République et en utilise toutes les dispositions: un président vertical et le Premier ministre qui est un fusible. Ca nous étonne car nous avons connu une période de rôles brouillés, mais cela fonctionne comme ça", nuance l'historien Christian Delporte. "C'est l'inspiration des présidents américains, et celle d'Obama jusque dans la photo officielle."
L'ex-secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche Thierry Mandon a aussi épinglé sur Twitter la "fascination" américaine d'Emmanuel Macron, allusion à sa photo officielle où il est debout devant son bureau, comme celle de Barack Obama.
"Ce qui se passe au Parlement est plus inquiétant, car il faut respecter l'opposition et les usages. Si la main de l'Elysée est derrière le choix de la questure à un allié, c'est une erreur politique", tranche Christian Delporte.
Pour l'essayiste Guy Sorman, "le macronisme est l’avatar d’une passion française: le despotisme éclairé, de Bonaparte à de Gaulle, la quête du sauveur". "Emmanuel Macron, qui estime les Français monarchiques dans leur âme, hérite de cette histoire au bilan mitigé", écrit-il dans une tribune au Monde intitulée "un despote éclairé?"
Cette concentration des pouvoirs risque-t-elle d'entamer la popularité d'Emmanuel Macron? les sondages sont contradictoires, ViaVoice faisant état jeudi d'une hausse de 4 points depuis la fin mai, à 53% d'opinions favorables. Mais pour Ipsos Game Changer et Kantar Sofres OnePoint, qui ont publié des enquêtes mercredi et jeudi, il est en retrait de 1 à 3 points,à 45% ou 54% d'opinions favorables.
Signe d'un prééminence assumée, il s'exprimera lundi devant le Parlement à Versailles pour exposer les grandes orientations de son quinquennat, la veille de la déclaration de politique générale de son Premier ministre Edouard Philippe, lui grillant la politesse.
Un choix critiqué par l'opposition. Les députés de La France insoumise et l’ensemble des parlementaires communistes boycotteront ce rendez-vous.
"Nous n’irons pas à Versailles adouber le monarque présidentiel" et "valider le court-circuit du travail de l'Assemblée", ont fait valoir les élus PCF.
De ce format solennel et exceptionnel -- Nicolas Sarkozy et François Hollande n'y ont eu recours qu'une fois --, Emmanuel Macron a décidé de faire un rituel annuel, abandonnant l'habituelle interview télévisée du 14 Juillet. Le président aurait une pensée "trop complexe" pour les questions réponses des journalistes, a commenté son entourage au Monde.
A l'Assemblée, son parti REM et ses alliés ont raflé mercredi tous les postes du bureau, alors que traditionnellement l'un d'entre eux revenait à l'opposition: Thierry Solère, un "constructif", a été élu à un poste de questeur mercredi, contre le LR Eric Ciotti.
"Une telle concentration au profit de la présidence, qui exerce sa tutelle sur le Premier ministre, le gouvernement, le parti majoritaire et l'Assemblée, est caractéristique du macronisme qui s'invente", analyse Pascal Perrineau, chercheur au Cevipof.
"Dans son livre +Révolution+, Emmanuel Macron expliquait déjà vouloir rétablir la présidence dans toute sa majesté, mais parlait aussi d'un fonctionnement équilibré avec le gouvernement. Or très vite, il a mis en place non pas un équilibre, mais une sujétion".
Ainsi, c'est lui qui engage la réforme du code du travail en recevant tous les syndicats à l'Elysée. Au gouvernement, un ministre allié mais ne venant pas d'En marche, comme Bruno Le Maire, se voit adjoindre un proche du président (Benjamin Griveaux), rappelle le chercheur.
- 'Chef d'entreprise' -
Une douzaine de conseillers sont mutualisés entre l'Elysée et Matignon, "ce qui donne les moyens d'éviter une autonomie excessive du Premier ministre". Et "l'Elysée a suivi très attentivement la mise en place des pouvoirs à l'Assemblée", remarque encore Pascal Perrineau.
"Le président, qui sait que sa majorité est fragile quoique pléthorique, étant donné l'amateurisme au sein du groupe et l'abstention, met en place un fonctionnement jamais connu, type entreprise: un patron avec son board, ses jeunes cadres technos, et des corps intermédiaires un peu écrasés. Une conception à l'américaine, en phase avec une des origines du macronisme", conclut-il.
"Il revient aux sources de la Ve République et en utilise toutes les dispositions: un président vertical et le Premier ministre qui est un fusible. Ca nous étonne car nous avons connu une période de rôles brouillés, mais cela fonctionne comme ça", nuance l'historien Christian Delporte. "C'est l'inspiration des présidents américains, et celle d'Obama jusque dans la photo officielle."
L'ex-secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche Thierry Mandon a aussi épinglé sur Twitter la "fascination" américaine d'Emmanuel Macron, allusion à sa photo officielle où il est debout devant son bureau, comme celle de Barack Obama.
"Ce qui se passe au Parlement est plus inquiétant, car il faut respecter l'opposition et les usages. Si la main de l'Elysée est derrière le choix de la questure à un allié, c'est une erreur politique", tranche Christian Delporte.
Pour l'essayiste Guy Sorman, "le macronisme est l’avatar d’une passion française: le despotisme éclairé, de Bonaparte à de Gaulle, la quête du sauveur". "Emmanuel Macron, qui estime les Français monarchiques dans leur âme, hérite de cette histoire au bilan mitigé", écrit-il dans une tribune au Monde intitulée "un despote éclairé?"
Cette concentration des pouvoirs risque-t-elle d'entamer la popularité d'Emmanuel Macron? les sondages sont contradictoires, ViaVoice faisant état jeudi d'une hausse de 4 points depuis la fin mai, à 53% d'opinions favorables. Mais pour Ipsos Game Changer et Kantar Sofres OnePoint, qui ont publié des enquêtes mercredi et jeudi, il est en retrait de 1 à 3 points,à 45% ou 54% d'opinions favorables.