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Les tarifs bancaires polynésiens à la loupe


PAPEETE, le 10 décembre 2015 - Le dernier observatoire des tarifs bancaires de l'Institut d’émission d’outre-mer (IEOM) révèle que depuis six mois… Il ne s'est absolument rien passé. Les tarifs sont restés totalement figés à leur niveau de début d'année 2015, après les fortes baisses de 2014 obtenues sous la menace de la mise en place de tarifs réglementés.

Ceux qui voient le verre à moitié plein se réjouissent que les prix des services bancaires n'augmentent pas, d'autant qu'ils ont atteint les objectifs de baisse fixés par Paris. Ceux qui le voient à moitié vide regrettent que les efforts engagés par le ministère des Outre-mer depuis 2012 pour que les tarifs bancaires des territoires et collectivités d'outre-mer rejoignent ceux de la métropole s'interrompent en si bon chemin.

Mais le constat est là : c'est le statu quo et plus rien ne baisse depuis avril. Dans le dernier observatoire des tarifs bancaires, qui a relevé les prix des quatre organismes bancaires du Territoire en octobre, il apparaît clairement que pas une seule banque n’a changé un seul de ses tarifs. Mais le document salue également le fait que "les banques polynésiennes, l’Office des postes et télécommunications de la Polynésie française (OPT) et l’État se sont accordés sur une baisse globale (sur l’ensemble des 18 tarifs) de 10,4 % et une réduction d’au moins 50 % de l’écart avec les tarifs métropolitains, (...) ces engagements ont été tenus."

En chiffre : 4 354 Fcfp C'est le coût en moyenne que payait un Polynésien pour avoir un compte en banque en avril 2014. Aujourd'hui, cela lui coûte 4 187 francs par an. Un consommateur métropolitain, lui, ne paye que 1 044 francs par an, soit trois fois moins.

On se souvient que l'observatoire des tarifs bancaires avait été mis en place après la loi du 20 novembre 2012 relative à la régulation économique outre-mer pour réduire l'écart de prix entre nos tarifs et ceux de la métropole, et que, depuis septembre 2014, l'objectif officiel est de "faire en sorte qu’en trois ans, les écarts moyens de tarifs entre chaque COM et la France entière soient réduits d’au moins 50 %". Pour y parvenir, des négociations ont eu lieu, des conventions ont été signées et plusieurs tarifs ont été régulés par la loi qui a instauré des plafonds.

CE QUI A BAISSÉ, CE QUI A AUGMENTÉ

Si l'objectif est atteint en théorie, il n'est pas certain que les clients des banques aient senti une réduction si nette. D'abord parce que le coût principal de tout client sont les frais de tenues de compte… Et ces frais n'ont baissé que de 3,8 %.

Ainsi, en moyenne, il en coûtait 4 354 francs par an à un Polynésien d'avoir un compte en banque en avril 2014. Aujourd'hui, cela lui coûte 4 187 francs par an. Un métropolitain, lui, ne paye "que" 1 044 francs par an, soit trois fois moins.

Le vrai succès de ces négociations est le prix des cartes de paiement à autorisation systématique. Il a baissé de 804 francs par an et, désormais, le prix en Polynésie est le même qu'en métropole. Autre succès : la gratuité des virements occasionnels par internet dans toutes les banques.

Mais, justement, les services par internet sont, eux, devenus plus onéreux : les abonnements pour gérer un compte sur le web sont passés de 244 francs par mois avant l'accord à… 283 francs par mois aujourd'hui (en moyenne sur les quatre établissements, ce service restant gratuit à l'OPT). Le prix des cartes de paiement internationales a également pris quelques dizaines de francs par an.

Comble de l'ironie, les tarifs pratiqués par les banques pour les "frais de rejet de prélèvement" ont augmenté une fois que ce tarif a été régulé. Tous les établissements se sont alignés sur le nouveau plafond légal, qui était supérieur à leurs anciens tarifs…


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 10 Décembre 2015 à 17:52 | Lu 4471 fois