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Les car audio proposent un compromis pour sauver leur passion


Antonio Suares Pires, porte-parole du collectif "Passion Car Audio"
Antonio Suares Pires, porte-parole du collectif "Passion Car Audio"
PAPEETE, le 3 avril 2016 - Les propriétaires, passionnés et professionnels des car audio, plus connus par le grand public comme les "voitures boom boom" (terme que dénoncent les passionnés), s'organisent. Un collectif s'est créé, qui a élaboré une charte de bonne conduite pour les car audio et une déclaration de principe, pour tenter d'influer les décisions politiques.

La législation actuelle s'est un peu peu durcie contre les propriétaires de "car audio", aussi appelées "car bass" par ses fans et "voiture boom boom" par le grand public. Depuis début mars, le Code de l'environnement prévoit la possibilité de punir les auteurs de nuisance sonore d'une amende de troisième classe (53 550 Fcfp). Une loi que les passionnés rassemblés samedi 2 avril à Vaitupa ne contestent pas, et assurent même encourager.

Mais surtout, comme l'avait révélé Tahiti Infos le 2 mars, le ministre de l'Équipement, Albert Solia, avec le procureur de la République, José Thorel, travaillent sur un texte encore plus répressif qui serait cette fois inclus dans le code de la Route et interdirait l'installation de "sonorisation excessive dans les véhicules". La fin des "car bass" en Polynésie en somme.

Créer une fédération pour réglementer l'actiVité

Mais pas si vite. Face au cas d'école des vitres teintées, dont l'interdiction était passée en force sans que les protestations des premiers concernés n'aient eu d'effet, les passionnés et les professionnels du secteur s'organisent. Ils ont ainsi créé depuis quelques semaines le collectif "Passion Car Audio", qui regroupe les associations et passionnés de l’activité, ainsi que les vendeurs de matériel et les installateurs. C'est Antonio Suares Pires qui en est le porte-parole.

Le collectif a déjà beaucoup travaillé et a proposé ce samedi à Vaitupa une liste de propositions, adoptée à l'unanimité par la communauté. Ainsi, le collectif se destine à devenir une fédération, rattachée à un ministère à choisir, qui encadrerait les "car audio" du territoire. Pour avoir le droit d'utiliser ou d'installer le matériel nécessaire, il faudrait être membre d'une des associations et adhérer à la charte de bonne pratique. Le collectif se dit favorable à ce que les contrevenants se voient saisir leur matériel.

Trouver un compromis

"Avec cette charte, les passionnés de car audio membres d'une association s'engagent à respecter la commodité de la population, s'engagent à pratiquer leur passion dans des lieux réservés à cela, à respecter l'environnement et à lutter contre les pratiques à risque" explique Antonio Suares Pires. Un tel lieu réservé n'existe pas encore à Tahiti, mais l'exemple de Raiatea et Bora Bora, où les communes ont défini des zones dédiées à l'activité, montre que c'est possible souligne le collectif. Il s'agit maintenant de les négocier avec les autorités compétentes.

Surtout, le mot d'ordre de Passion Car Audio est de respecter la loi et de ne pas chercher le conflit avec les politiques ou les forces de l'ordre. Une position qui paie, puisque les représentants des "car audio" vont rencontrer les différents groupes de représentants à Tarahoi cette semaine, ainsi que le ministre de la Culture Heremoana Maamaatuaiahutapu ce mardi. Ils s'emploieront à les convaincre qu'une interdiction totale n'est pas nécessaire. Comme ils l'expliquent eux-même, c'est "par passion pour la musique, une partie intégrante de notre culture" que ces passionnés investissent des centaines de milliers de francs dans ces "car audio".

La car audio de Mahiata
La car audio de Mahiata
Le collectif a aussi expliqué à la presse que le terme "voiture boom boom" était considéré comme péjoratif et "même ringard" par la communauté. Mais il reconnaît aussi que le grand public ne les connaît pas par un autre nom, "car nous sommes mal connus par la population". Mais ils ne veulent pas "être considérés comme des délinquants", d'où les nombreuses concessions acceptées ce week-end.

L'initiative, si elle conduit à de nombreuses restrictions pour les passionnés, a tout de même largement convaincu la communauté. 2500 fiches de soutien auraient ainsi été remplies dans tous les archipels et envoyées au collectif depuis sa création. Mahiata, qui n'est pas membre du collectif mais est venu écouter leurs propositions, résume bien l'opinion générale : si les propositions du collectif sont bien plus strictes que le régime actuel, elles valent mieux que l'alternative. "On n'a pas vraiment le choix" explique-t-il, résigné.

La charte a été adoptée à l'unanimité
La charte a été adoptée à l'unanimité
La charte pour une bonne pratique du car audio

Ce texte, adopté samedi 2 avril, servira de guide aux pratiquants de l'activité. Il stipule que les passionnés de car audio ne devront exercer que dans des lieux éloignés des habitations et en accord avec les autorités. Les sonos devront être au minimum dans la circulation, et il faudra toujours respecter la réglementation sur les nuisances sonores.

La charte prévoit également le nettoyage des zones et la sécurité des personnes sur les lieux où les car audio se rassembleront. Pour les participants aux rassemblement, des dispositifs de protection auditives devront leur être proposés, et un message de prévention sur les dangers des sons forts et la consommation d'alcool et de stupéfiants sera systématique.

Enfin, une licence sera obligatoire pour pratiquer le car audio, et même pour acquérir et installer le matériel nécessaire.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Dimanche 3 Avril 2016 à 18:17 | Lu 3135 fois