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Les bébés victimes d'une flambée de gastro-entérites


Ces deux adorables bambins ont passé un week-end à l'hôpital, sous perfusion, dans les bras de leur maman qui a eu une belle peur.
Ces deux adorables bambins ont passé un week-end à l'hôpital, sous perfusion, dans les bras de leur maman qui a eu une belle peur.
PAPEETE, le 23 juin 2015 - Il n'y a officiellement pas d'épidémie, mais malgré tout, les professionnels remarquent une augmentation du nombre de bébés et jeunes enfants touchés pas un rotavirus, qui peut provoquer des "diarrhées aiguës sévères". C’est-à-dire de grosses gastro-entérites.

Vaitiare (nom d'emprunt) a passé un horrible week-end dans un lit d'hôpital, à tenir son bébé malade dans ses bras. C'est la petite cousine du bébé qui avait la gastro, et qui l'a contaminé. Le nourrisson et sa grande sœur n'ont pas tardé à exhiber les symptômes de la maladie : "la diarrhée, les vomissements… Ils ne mangeaient plus rien. Ma fille ne buvait que le médicament que le docteur a prescrit, et elle le rejetait à chaque fois. Tous les deux, pendant deux jours ils ne mangeaient plus rien, ils ont perdu beaucoup de poids. C'est pour ça qu'on les a hospitalisés…"

La maman et la grand-mère étaient bien sûr très inquiètes, et avec justesse. "Avec la mamie on est allées aux urgences mercredi dernier pour la grande, mais ils lui ont juste donné des médicaments pour la nuit. Mais le lendemain, ça ne s'était pas arrêté et le petit aussi est tombé malade. Il a fallu l'amener à Cardella, et j'ai signalé que ma fille aussi était atteinte. Le médecin les a renvoyés tous les deux au CHPF pour être hospitalisés et mis sous perfusion." C'est finalement lundi que les deux enfants ont été déclarés guéris, même si le bébé reste en observation "jusqu'à ce qu'il ait regagné son poids".

PAS D'ÉPIDÉMIE MAIS UNE AUGMENTATION DES CAS

Les professionnels de la santé ne signalent pas encore d'épidémie officielle, mais le bulletin de veille sanitaire de la semaine dernière note tout de même une augmentation sensible du nombre de diarrhées et d'hospitalisations touchant des enfants de moins de 4 ans.

Le docteur Marie Chambost, qui a assuré la garde en pédiatrie à la clinique Cardella ce week-end, a effectivement remarqué de plus nombreux cas que d'habitude, avec trois hospitalisations causées par le rotavirus. Elle nous explique que ce virus "est la principale cause de gastro-entérite aigüe. Il n'y a pas de traitement curatif, on n'agit que sur les symptômes, la diarrhée et les vomissements. Le virus est très contagieux, avec une transmission oro-fécale. Après être passés aux toilettes, les enfants qui se sont mal lavé les mains transportent les virus, qui sont invisibles."

Les parents qui ont l'habitude de traiter les "gastros" de leurs enfants trouveront ce qu'il faut en pharmacie, sans ordonnance. Mais il y a des cas où il faut toujours consulter : "pour les bébés de moins de trois mois, ou pour les plus âgés si les symptômes ne disparaissent pas avec le traitement, ou enfin si l'enfant n'arrive pas à garder ce qu'il boit. Là il faudra hospitaliser et poser une intraveineuse. Le principal risque c'est la déshydratation, et si ce n'est pas traité ça peut devenir très grave."



80 nourrissons meurent de diarrhées en France chaque année

Selon le ministère de la Santé métropolitain, ce sont de 45 à 80 enfants de moins de 5 ans qui meurent chaque année en France à cause de déshydratations consécutives à des gastro-entérites. Chez les moins de deux ans spécifiquement, 14 décès étaient attribués au rotavirus en 2007.

Le rotavirus provoque 300 000 cas de diarrhées aiguës chez les moins de 5 ans, dont la moitié devient "aiguë sévère". Sur cette moitié, 10% est hospitalisée en moyenne.

Polémique sur les vaccins contre le rotavirus

Depuis 2006 des vaccins contre les rotavirus avaient été introduits en France. Mais ils sont désormais sous en pleine tempête en France. Selon une information du Canard Enchaîné, le système de pharmacovigilance français a recensé 2 décès et 201 effets indésirables graves chez des nourrissons vaccinés depuis la mise sur le marché des deux vaccins en mai 2006 et janvier 2007.

Le Rotarix (GSK) et le Rotateq (Sanofi Pasteur MSD) étaient pourtant en voie d'être inscrits au calendrier vaccinal pour être généralisés en France, mais cet objectif est désormais remis en cause. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, s'est prononcée en avril pour réserver la vaccination "au cas par cas".


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 23 Juin 2015 à 15:50 | Lu 2908 fois