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“Le président est le point bloquant”


Tahiti, le 9 décembre 2024 – Alors que la Fédération de rassemblement des agents des administrations de Polynésie (Fraap) est en grève depuis le 6 décembre et que la revalorisation du point d’indice constitue le point d’achoppement, le président du Pays campe sur sa décision : pour lui, ce point d’indice doit être discuté avec tous les syndicats et en mars prochain. La Fraap le prend au mot et lui demande de “convoquer” tous les syndicats à une table ronde. Le syndicat considère que Moetai Brotherson est le “point bloquant” de la fin de ce conflit.
 
Les responsables et adhérents de la Fédération de rassemblement des agents des administrations de Polynésie (Fraap) se sont encore donné rendez-vous devant la présidence ce lundi matin à 7 heures en espérant être reçus par le président du Pays. Sur le coup de 9 heures, ils se sont finalement rendus à l’assemblée de la Polynésie où ils ont été reçus par le président de l’institution Tony Géros.

Au sortir de cette rencontre qui a duré plus d’une demi-heure, les grévistes étaient plutôt satisfaits puisque selon eux, le patron de Tarahoi “a été très sensible à nos explications et nos interrogations (…). Et il nous a assuré qu’il tiendra un comité de majorité pour soumettre la question à l’attention des élus.”

L’occasion pour le secrétaire général de la Fraap que la majorité “mette la pression sur le président et qu’il prenne aussi ses responsabilités. La situation est assez grave, il attend quoi ? Que tout s’arrête dans ce Pays et ce n’est pas ce que nous recherchons.” Le syndicat souligne qu’il veut juste entamer des négociations sur le point d’indice.

“La majorité a unanimement apporté son soutien au gouvernement”

Le comité de majorité a bien eu lieu ce lundi après-midi pendant près d’une heure en présence du président du Pays Moetai Brotherson et du ministre de l’Économie et des Finances Warren Dexter. C’est un président du Pays serein qui est venu à la rencontre des journalistes et qui a annoncé : “La majorité soutient son gouvernement et son président. Il n’y a pas l’épaisseur d’un papier à cigarette entre nous. Donc j’invite la Fraap à revenir à la table des discussions.”
 
Il regrette qu’il y ait “une espèce de blocage psychologique sur le point d’indice à 1 500 francs, ce à quoi nous avons répondu que cela ne se fera pas. Nous avons également répondu que la discussion ne peut pas être confisquée de l’ensemble des organisations syndicales (…). Ce débat doit avoir lieu avec l’ensemble des organisations syndicales.” Le président du Pays reste ferme sur sa décision, les discussions vont avoir lieu en mars prochain à la clôture des comptes administratifs. 
 
Concernant le personnel de catégorie D, Moetai Brotherson a rappelé que “des dispositions peuvent être mises en œuvre comme les discussions sur les grilles salariales”. Selon lui, c’est leseul vrai mécanisme qui permettrait d’agir en priorité pour les petites catégories”.
 
Il a également insisté sur le fait qu’il reste “ouvert” aux discussions et que ce sont les grévistesqui ne viennent pas discuter”.

“On peut, il y a ce qu’il faut”

Les représentants de la Fraap ont ensuite été reçus par le directeur de cabinet de Tony Géros, Léon Tefau. Et tout comme le président du Pays, les syndicalistes sont sortis de cette discussion satisfaits. Selon le secrétaire général adjoint de la Fraap, Gérard Barff, les élus auraient demandé au président du Pays d’“ouvrir le débat pour trouver une solution entre la fourchette de 1 060 et 1 500. Voilà ce qu’a dit la majorité et c’est ce que Moetai devait vous annoncer”.
 
Gérard Barff ajoute même que cette augmentation peut être étalée. “Tout le monde nous le dit, le ministre des Finances, le président de l’assemblée : ‘On peut et il y a ce qu’il faut (…)’. Le président du Pays est le point bloquant, tous ceux qui sont autour le disent. Même le comité de majorité t’a donné une fourchette, trouve une solution.”
 
La Fraap a donc saisi la perche tendue par le président du Pays et a décidé d’aller dans son sens. Elle lui demande de “convoquer les cinq organisations syndicales (A ti’a i mua, le Syndicat de la fonction publique, la Fédération des interprofessionnels des services de santé en Polynésie, la CSTP-FO et la Fraap, NDLR) si on veut sortir de ce conflit (…). Les autres organisations syndicales sont d’accord avec ces propositions que nous faisons.”
 
Le patron de la Fraap, Jean-Paul Urima, a cependant rappelé que seule la CSTP-FO “n’est pas d’accord (…). Nous sommes dans un monde démocratique et c’est la majorité qui doit primer. Nous demandons une table ronde avec l’ensemble des cinq organisation syndicales”, dit-il. 
 
Il a également rappelé qu’“il y a eu plusieurs augmentations du point d’indice sans que les organisations syndicales n’aient été consultées. C’est le conseil des ministres qui a pris la décision.”  
Effectivement en mars 2016 et en septembre 2019, une simple délibération dans ce sens avait été prise par le gouvernement sans que les syndicats aient été consultés. De plus, certaines augmentations du point d’indice ont même eu lieu en fin d’année et pas forcément au mois de mars ou d’avril.
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 9 Décembre 2024 à 21:00 | Lu 2610 fois