(Photo d'illustration)
Montevideo, Uruguay, le vendredi 18 août 2017 - Vendu légalement dans les pharmacies d'Uruguay depuis mi-juillet selon un mécanisme unique au monde, le cannabis attire de plus en plus d'adeptes, mais les banques font la grimace, craignant des sanctions internationales pour blanchiment d'argent.
Première à réagir, l'Espagnole Santander, numéro un en zone euro, a averti les pharmaciens vendant de la marijuana qu'elle fermerait leurs comptes bancaires.
"Nous avons décidé de ne pas participer à cette activité", indiquent des sources internes à Santander consultées par l'AFP.
"Comme nous sommes une banque mondiale avec des clients qui utilisent des banques dans différents pays, nous devons respecter les diverses normes locales", précisent-elles.
Jeudi, la banque publique uruguayenne Brou a pris la même décision.
Auprès du journal local El Observador, son président justifie que sinon, "cela provoquerait l'isolement financier de la banque Brou et de ses clients, ce qui l'empêcherait de réaliser toute opération avec contre-partie internationale".
Le petit pays sud-américain avait attiré l'attention des médias du monde entier fin 2013 en votant une loi inédite qui légalisait la culture et la commercialisation du cannabis à des fins récréatives, afin de lutter contre le trafic de drogues.
La loi établissait trois façons de s'en procurer: culture à domicile pour la consommation personnelle, appartenance à un club pour planter de manière coopérative et achat de marijuana en pharmacie.
C'est ce dernier volet, auquel la moitié de la population s'oppose selon un récent sondage, qui a été mis en pratique avec l'ouverture le 19 juillet de la vente en pharmacies de ce cannabis cultivé par des sociétés privées mais sous contrôle de l'Etat.
Jusqu'à présent, plus de 12.000 personnes - sur une population totale de 3,4 millions d'habitants - se sont inscrites sur le registre national des acheteurs, ce qui les autorise à en acquérir 40 grammes par mois, à 1,30 dollar le gramme.
Il y a eu moins d'enthousiasme du côté des pharmacies, seules 16 acceptant de participer au programme. De larges queues se forment face à leurs devantures ces dernières semaines, et leurs stocks fondent rapidement.
Face aux tracas bancaires, certains pharmaciens menacent déjà d'arrêter l'expérience.
- 'Publicité favorable' -
Cette réticence des banques n'est pas nouvelle: aux Etats-Unis, le problème s'est posé alors que la drogue douce, autorisée à usage médical dans 29 Etats et récréatif dans huit, reste interdite au niveau fédéral.
Les banques qui ouvrent des comptes aux entrepreneurs du secteur peuvent être accusées de blanchiment d'argent. La majorité d'entre elles préfèrent donc s'abstenir.
Seules environ 300 institutions sur près de 12.000 aux Etats-Unis acceptent - discrètement et en faisant payer cher leurs services - quelques clients du secteur, selon Standard and Poor's, essentiellement des banques coopératives ou régionales.
Malgré ce précédent, les autorités uruguayennes sont tombées de haut.
"En vérité, nous ne savions pas (...) que cela pouvait arriver", a avoué le ministre de l'Economie, Danilo Astori, au journal La Republica. "Il faut trouver une solution et nous la cherchons".
Il y a un "vrai risque" sur le maintien de la vente légale de cannabis, indiquent à l'AFP des sources ayant participé à élaborer la loi pionnière.
Artisan de cette législation, l'ex-président José Mujica (2010-2015), désormais sénateur, s'est agacé et a appelé son successeur Tabaré Vazquez à régler le problème.
Julio Calzada, un des principaux promoteurs du projet quand il dirigeait le Bureau national des drogues (JND), se veut rassurant: "Il y a des alternatives", dit-il, mais "pas en Uruguay".
Pour lui, une solution peut être de "négocier avec les banques américaines".
Des sources du secteur évoquent aussi la possibilité de passer via un réseau parallèle au système bancaire.
Il n'empêche, "après avoir passé tant de temps à discuter du sujet, après tant d'avancées concrètes, après avoir planté la marijuana, après l'avoir récolté et l'avoir fait parvenir aux pharmacies, ne pas pouvoir la commercialiser pour un problème qui n'avait pas été prévu, c'est un coup très dur", observe Adolfo Garcé, politologue de l'Université de la République.
Surtout que, "pour l'Uruguay, ce sujet (...) s'est transformé en bannière, en publicité favorable pour le pays".
Première à réagir, l'Espagnole Santander, numéro un en zone euro, a averti les pharmaciens vendant de la marijuana qu'elle fermerait leurs comptes bancaires.
"Nous avons décidé de ne pas participer à cette activité", indiquent des sources internes à Santander consultées par l'AFP.
"Comme nous sommes une banque mondiale avec des clients qui utilisent des banques dans différents pays, nous devons respecter les diverses normes locales", précisent-elles.
Jeudi, la banque publique uruguayenne Brou a pris la même décision.
Auprès du journal local El Observador, son président justifie que sinon, "cela provoquerait l'isolement financier de la banque Brou et de ses clients, ce qui l'empêcherait de réaliser toute opération avec contre-partie internationale".
Le petit pays sud-américain avait attiré l'attention des médias du monde entier fin 2013 en votant une loi inédite qui légalisait la culture et la commercialisation du cannabis à des fins récréatives, afin de lutter contre le trafic de drogues.
La loi établissait trois façons de s'en procurer: culture à domicile pour la consommation personnelle, appartenance à un club pour planter de manière coopérative et achat de marijuana en pharmacie.
C'est ce dernier volet, auquel la moitié de la population s'oppose selon un récent sondage, qui a été mis en pratique avec l'ouverture le 19 juillet de la vente en pharmacies de ce cannabis cultivé par des sociétés privées mais sous contrôle de l'Etat.
Jusqu'à présent, plus de 12.000 personnes - sur une population totale de 3,4 millions d'habitants - se sont inscrites sur le registre national des acheteurs, ce qui les autorise à en acquérir 40 grammes par mois, à 1,30 dollar le gramme.
Il y a eu moins d'enthousiasme du côté des pharmacies, seules 16 acceptant de participer au programme. De larges queues se forment face à leurs devantures ces dernières semaines, et leurs stocks fondent rapidement.
Face aux tracas bancaires, certains pharmaciens menacent déjà d'arrêter l'expérience.
- 'Publicité favorable' -
Cette réticence des banques n'est pas nouvelle: aux Etats-Unis, le problème s'est posé alors que la drogue douce, autorisée à usage médical dans 29 Etats et récréatif dans huit, reste interdite au niveau fédéral.
Les banques qui ouvrent des comptes aux entrepreneurs du secteur peuvent être accusées de blanchiment d'argent. La majorité d'entre elles préfèrent donc s'abstenir.
Seules environ 300 institutions sur près de 12.000 aux Etats-Unis acceptent - discrètement et en faisant payer cher leurs services - quelques clients du secteur, selon Standard and Poor's, essentiellement des banques coopératives ou régionales.
Malgré ce précédent, les autorités uruguayennes sont tombées de haut.
"En vérité, nous ne savions pas (...) que cela pouvait arriver", a avoué le ministre de l'Economie, Danilo Astori, au journal La Republica. "Il faut trouver une solution et nous la cherchons".
Il y a un "vrai risque" sur le maintien de la vente légale de cannabis, indiquent à l'AFP des sources ayant participé à élaborer la loi pionnière.
Artisan de cette législation, l'ex-président José Mujica (2010-2015), désormais sénateur, s'est agacé et a appelé son successeur Tabaré Vazquez à régler le problème.
Julio Calzada, un des principaux promoteurs du projet quand il dirigeait le Bureau national des drogues (JND), se veut rassurant: "Il y a des alternatives", dit-il, mais "pas en Uruguay".
Pour lui, une solution peut être de "négocier avec les banques américaines".
Des sources du secteur évoquent aussi la possibilité de passer via un réseau parallèle au système bancaire.
Il n'empêche, "après avoir passé tant de temps à discuter du sujet, après tant d'avancées concrètes, après avoir planté la marijuana, après l'avoir récolté et l'avoir fait parvenir aux pharmacies, ne pas pouvoir la commercialiser pour un problème qui n'avait pas été prévu, c'est un coup très dur", observe Adolfo Garcé, politologue de l'Université de la République.
Surtout que, "pour l'Uruguay, ce sujet (...) s'est transformé en bannière, en publicité favorable pour le pays".