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Le Tavini se réjouit que Genève "rappelle l'Etat à l'ordre"


Tahiti, le 8 novembre 2024 - S'ils étaient revenus de leur rendez-vous annuel à New York "avec des frustrations", les élus du Tavini ont trouvé un meilleur écho à leur lutte pour l'autodétermination devant le comité des droits de l'Homme de l'ONU qui s'est tenu à Genève. La décision du comité qui "rappelle l'Etat à l'ordre" est un pas de plus, "théorique ou rhétorique mais important" qui permet au Tavini "d'élargir son combat" devant "toutes les instances onusiennes".  

 
Pari gagné pour le Tavini. Sans être euphoriques non plus, les élus présents en conférence de presse ce vendredi matin à la permanence du parti avaient la mine plus réjouie qu'à leur retour de New York, dont ils sont revenus "avec des frustrations", comme l'a concédé Richard Tuheiava. Il faut dire que les choses n'avancent pas beaucoup pour les indépendantistes depuis la réinscription, en 2013, de la Polynésie française sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser. Direction Genève donc cette fois, pour assister à l'examen par ce comité du sixième rapport périodique concernant la France. Une occasion à ne pas manquer pour le Tavini qui s'est fait représenter par Richard Tuheiava et l'élue des Marquises, Marielle Kohumoetini.
 
Ils ont pu "pétitionner pour la toute première fois" devant le comité des droits de l'Homme de l'ONU le 21 octobre dernier. Une intervention basée sur la résolution de l'assemblée générale des Nations Unies datant du 5 décembre 2014 et qui "précise que le droit à l'autodétermination, c'est un droit de l'Homme".
 
"Dix ans d'entrave au processus de décolonisation, c'est dix ans de violation des droits de l'Homme", a souligné Richard Tuheiava ce vendredi matin, entouré du patron du Tavini, Oscar Temaru, de celui de l'assemblée, Antony Géros, des élus de Tarahoi Mitema Tapati, Ruben Termetate et Marielle Kohumoetini, mais aussi, de l'ancien ministre des Finances Tevaiti Pomare qui semble prendre ses quartiers dans le parti bleu depuis son éviction du gouvernement.
 
La réponse de la France "a choqué beaucoup de monde"
 
L'ancien sénateur et directeur de cabinet d'Antony Géros s'est réjoui du fait que le tout premier point qui ait été retenu dans la décision du comité des droits de l'Homme concerne le "droit à l'autodétermination". Les experts onusiens de ce comité ont ainsi "questionné directement la France" sur son respect de l'application des droits de l'Homme, en couplant, pour la première fois, là aussi, la question du droit des peuples de Polynésie française et de Nouvelle-Calédonie à leur autodétermination.
 
Mais la France n'a toujours pas bougé d'un iota et campe sur la position qu'elle a tenu à Caracas et à New York, martelant, pour ceux qui n'auraient pas compris, que "la Polynésie française n'a pas sa place sur la liste des territoires non-autonomes de l'ONU". Une réponse "cinglante" qui a provoqué "un petit tollé" et même "choqué beaucoup de monde" dans l'assistance à Genève, explique Richard Tuheiava, notamment par rapport à la situation en Kanaky. "Elle (la France) reste coloniale", commente de son côté Antony Géros, appuyé par Oscar Temaru qui ajoute que "la France n'aime pas se faire rappeler à l'ordre". Rappelons que dans sa décision, le comité demande à l'Etat de "faciliter et expédier la réalisation du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes", en collaborant "avec le comité spécial sur la décolonisation" de l'ONU. Raté donc.
 
On notera enfin que, de son côté, Marielle Kohumoetini a plaidé à Genève pour "l'indivisibilité de nos territoires", arguant que les cinq archipels polynésiens sont "comme les cinq doigts de la main". Un argument que ne partagent forcément pas tous les Marquisiens dont une partie souhaiterait au contraire se détacher de Tahiti. Mais qu'à cela ne tienne, ce "principe d'indivisibilité est important quand on veut accéder à l'indépendance", souligne Richard Tuheiava. 

Rédigé par Stéphanie Delorme le Vendredi 8 Novembre 2024 à 12:45 | Lu 2103 fois