Tahiti, le 18 novembre 2024 - Ce lundi, à l'hôtel Hilton de Faa'a, se sont ouvertes les 4es assises de l'aide à la victime et de la prévention de la délinquance. Organisé par l'Association polyvalente d'actions judiciaires (Apaj), l'événement réunit cette année acteurs locaux et métropolitains autour de tables rondes dédiées aux questions relatives à la violence sur mineurs. L'occasion pour les différentes autorités de pointer du doigt une hausse constante du phénomène au Fenua.
“Les chiffres sont importants”, explique Cécile Moreau, directrice de l'Association polyvalente d'actions judiciaires (Apaj), au sujet des violences sur mineurs, thématique centrale des 4es assises de l'aide à la victime et de la prévention de la délinquance qui se sont ouvertes ce lundi. “Ceux dont on dispose nous laissent penser qu'il y a plus de violences sur mineurs, et notamment de violences sexuelles sur mineurs, en Polynésie française qu'en France. Mais en réalité, il y a surtout plus de révélations. Aujourd'hui, il est très difficile de savoir s'il y a plus de violences réellement ou s'il y a plus de révélations. Ce qui est sûr, c'est que le travail de prévention ayant été fait, on observe davantage de signalements.” Et pour cause, du côté de l'Apaj, le nombre de saisines en faveur des mineurs victimes de violence a considérablement augmenté : 569 en 2020 contre 952 en 2024, soit une hausse de 67%. Toujours selon l'Apaj, entre 2019 et 2023, les violences sur mineurs de moins de 13 ans ont plus que doublé (x2,2). Idem pour les violences sur mineurs de 13 à moins de 15 ans où le chiffre a été multiplié par 1,9, soit presque le double en seulement quatre ans. Et parmi les violences enregistrées, 48% représentent des violences volontaires et physiques, 45% constituent des violences sexuelles et 7% des violences diverses.
Et selon les autorités et les critères pris en compte, les chiffres peuvent rapidement gonfler : “En moyenne, nous recevons 2 000 dossiers concernant les mineurs chaque année”, assure la Direction des solidarités, de la famille et de l'égalité. “Nos chiffres sont plus importants parce qu'ils sont couplés avec ceux du parquet, et parce que nous prenons en compte les signalements – où la violence est avérée – et les IP (informations préoccupantes NDLR) – où il s'agit plus des risques, quelle que soit leur nature, pour les mineurs. Le problème que l'on rencontre aujourd'hui, c'est que certains signalements qui arrivent au parquet sont en réalité des IP. Du coup, c'est pour ça qu'ils nous mettent en copie afin de pouvoir évaluer chaque dossier, chaque situation.”
La prise en charge nécessaire des victimes et des auteurs
“Au-delà de savoir quels sont les chiffres, il faut surtout essayer d'améliorer la prise en charge des mineurs victimes de violence, mais aussi celle des auteurs de ces violences”, insiste Cécile Moreau. “Il faut rappeler que tous ne sont pas nécessairement conscients, et n'ont pas la volonté de maltraiter les enfants. Et qu'il s'agisse d'auteurs de violences conjugales ou violences sexuelles, ces personnes sont amenées, à un moment ou un autre, à sortir de détention et à retourner dans la société parmi nous. Il faut absolument trouver des moyens pour limiter le risque de réitération.”
Pour ce qui est des victimes, l'Apaj déplore encore un manque cruel de soutien de la part de la famille : “Contrairement à ce que l'on pourrait penser, 80 à 90% des mineurs victimes de violence ne vont pas devenir des auteurs, surtout s'ils sont pris en charge, s'ils sont accompagnés, s'ils peuvent bénéficier d'un soutien, d'une thérapie ou de l'appui de la famille. Mais c'est hélas une des grosses problématiques qui persistent : les parents ne soutiennent que très rarement leurs enfants victimes. Or, ce dont a besoin un enfant, c'est le soutien et l'affection de ses parents. Chose d'autant plus vraie puisque même après les faits de violence, les victimes retournent vers leurs parents. Ici, les enfants, même à l'âge adulte, ont besoin de faire partie d'une famille. Ce qui n'est pas forcément le cas ailleurs.”
Une semaine pour se mettre à jour
Organisées par l'Apaj, ces 4es assises de l'aide aux victimes et de la prévention de la délinquance réunissent du 18 au 22 novembre prochain les acteurs des milieux associatifs, administratifs et judiciaires autour de tables rondes afin de discuter et d'échanger sur ces problèmes de violence sur mineurs. Parmi les thématiques retenues, celles sur les violences intrafamiliales, le traumatisme, la prévention des violences sexuelles et la prise en charge des auteurs de violence sont très attendues. De nombreux intervenant issus de l'Hexagone ont également fait le déplacement afin d'apporter leur expertise : “L'idée est de tirer parti de leur expérience, de leurs nouveaux outils et mettre à jour nos connaissances”, assure Cécile Moreau. “Habitant en Polynésie française, ce n'est pas toujours facile de trouver les moyens pour partir en métropole pour se former. Surtout pour nous qui sommes dans le milieu associatif, ça a un coût. Faire venir les formateurs, c'est l'occasion non seulement de former nos collaborateurs, mais aussi de permettre à ces derniers de bénéficier de ces échanges pour, peut-être, leur donner envie de suivre des formations spécifiques à ces problématiques.” Parmi les intervenants se trouvent, entre autres, Aude Cristau, conseillère à la cour d'appel d'Orléans ; Véronique Béchu, commandant de police et membre de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) ; ou encore Sandrine Bonneton, pédopsychiatre et membre de la Ciivise.
“Les chiffres sont importants”, explique Cécile Moreau, directrice de l'Association polyvalente d'actions judiciaires (Apaj), au sujet des violences sur mineurs, thématique centrale des 4es assises de l'aide à la victime et de la prévention de la délinquance qui se sont ouvertes ce lundi. “Ceux dont on dispose nous laissent penser qu'il y a plus de violences sur mineurs, et notamment de violences sexuelles sur mineurs, en Polynésie française qu'en France. Mais en réalité, il y a surtout plus de révélations. Aujourd'hui, il est très difficile de savoir s'il y a plus de violences réellement ou s'il y a plus de révélations. Ce qui est sûr, c'est que le travail de prévention ayant été fait, on observe davantage de signalements.” Et pour cause, du côté de l'Apaj, le nombre de saisines en faveur des mineurs victimes de violence a considérablement augmenté : 569 en 2020 contre 952 en 2024, soit une hausse de 67%. Toujours selon l'Apaj, entre 2019 et 2023, les violences sur mineurs de moins de 13 ans ont plus que doublé (x2,2). Idem pour les violences sur mineurs de 13 à moins de 15 ans où le chiffre a été multiplié par 1,9, soit presque le double en seulement quatre ans. Et parmi les violences enregistrées, 48% représentent des violences volontaires et physiques, 45% constituent des violences sexuelles et 7% des violences diverses.
Et selon les autorités et les critères pris en compte, les chiffres peuvent rapidement gonfler : “En moyenne, nous recevons 2 000 dossiers concernant les mineurs chaque année”, assure la Direction des solidarités, de la famille et de l'égalité. “Nos chiffres sont plus importants parce qu'ils sont couplés avec ceux du parquet, et parce que nous prenons en compte les signalements – où la violence est avérée – et les IP (informations préoccupantes NDLR) – où il s'agit plus des risques, quelle que soit leur nature, pour les mineurs. Le problème que l'on rencontre aujourd'hui, c'est que certains signalements qui arrivent au parquet sont en réalité des IP. Du coup, c'est pour ça qu'ils nous mettent en copie afin de pouvoir évaluer chaque dossier, chaque situation.”
La prise en charge nécessaire des victimes et des auteurs
“Au-delà de savoir quels sont les chiffres, il faut surtout essayer d'améliorer la prise en charge des mineurs victimes de violence, mais aussi celle des auteurs de ces violences”, insiste Cécile Moreau. “Il faut rappeler que tous ne sont pas nécessairement conscients, et n'ont pas la volonté de maltraiter les enfants. Et qu'il s'agisse d'auteurs de violences conjugales ou violences sexuelles, ces personnes sont amenées, à un moment ou un autre, à sortir de détention et à retourner dans la société parmi nous. Il faut absolument trouver des moyens pour limiter le risque de réitération.”
Pour ce qui est des victimes, l'Apaj déplore encore un manque cruel de soutien de la part de la famille : “Contrairement à ce que l'on pourrait penser, 80 à 90% des mineurs victimes de violence ne vont pas devenir des auteurs, surtout s'ils sont pris en charge, s'ils sont accompagnés, s'ils peuvent bénéficier d'un soutien, d'une thérapie ou de l'appui de la famille. Mais c'est hélas une des grosses problématiques qui persistent : les parents ne soutiennent que très rarement leurs enfants victimes. Or, ce dont a besoin un enfant, c'est le soutien et l'affection de ses parents. Chose d'autant plus vraie puisque même après les faits de violence, les victimes retournent vers leurs parents. Ici, les enfants, même à l'âge adulte, ont besoin de faire partie d'une famille. Ce qui n'est pas forcément le cas ailleurs.”
Une semaine pour se mettre à jour
Organisées par l'Apaj, ces 4es assises de l'aide aux victimes et de la prévention de la délinquance réunissent du 18 au 22 novembre prochain les acteurs des milieux associatifs, administratifs et judiciaires autour de tables rondes afin de discuter et d'échanger sur ces problèmes de violence sur mineurs. Parmi les thématiques retenues, celles sur les violences intrafamiliales, le traumatisme, la prévention des violences sexuelles et la prise en charge des auteurs de violence sont très attendues. De nombreux intervenant issus de l'Hexagone ont également fait le déplacement afin d'apporter leur expertise : “L'idée est de tirer parti de leur expérience, de leurs nouveaux outils et mettre à jour nos connaissances”, assure Cécile Moreau. “Habitant en Polynésie française, ce n'est pas toujours facile de trouver les moyens pour partir en métropole pour se former. Surtout pour nous qui sommes dans le milieu associatif, ça a un coût. Faire venir les formateurs, c'est l'occasion non seulement de former nos collaborateurs, mais aussi de permettre à ces derniers de bénéficier de ces échanges pour, peut-être, leur donner envie de suivre des formations spécifiques à ces problématiques.” Parmi les intervenants se trouvent, entre autres, Aude Cristau, conseillère à la cour d'appel d'Orléans ; Véronique Béchu, commandant de police et membre de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) ; ou encore Sandrine Bonneton, pédopsychiatre et membre de la Ciivise.