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La quête de l'oiseau rare à Matignon continue, la classe politique exaspérée par le feuilleton


Crédit STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Crédit STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Paris, France | AFP | mercredi 03/09/2024 - Xavier Bertrand, Bernard Cazeneuve ou plutôt un troisième nom? Cinquante jours après la démission du gouvernement Attal, Emmanuel Macron poursuit sa quête d'un Premier ministre, capable de s'imposer à une Assemblée fragmentée, un feuilleton interminable qui commence à exaspérer la classe politique.

Depuis le début de la semaine, ce casting en forme de casse-tête a été riche en rebondissements, fausses pistes ou nouvelles idées. A chaque fois, le président "teste" les noms envisagés auprès des différentes forces politiques, afin de jauger si un gouvernement dirigé par tel ou tel aurait une chance de ne pas être immédiatement censuré par les députés.

Après avoir fait circuler lundi la piste Thierry Beaudet -- un homme inconnu du grand public, qui aurait pu devenir un Premier ministre "technique" -- l'Elysée penchait mardi soir "plutôt" pour "une solution politique", selon un proche de M. Macron. Dans cette optique, la présidence continuait d'avancer les noms de deux personnalités expérimentées, l'une venue de la gauche, l'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve, l'autre de la droite, le président du conseil régional des Hauts-de-France Xavier Bertrand. Une forme de finale en somme... sans exclure l'émergence d'un troisième nom, dixit un conseiller de l'exécutif.

Selon un proche du président, l'un et l'autre assurent déjà "plus de stabilité" que Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire, éconduite par Emmanuel Macron. "Il y a à leur égard des réticences, des lignes rouges de fond et de méthode, mais pas forcément de censure immédiate", veut-on croire de même source.

- Cazeneuve, 'forme d'anomalie' pour Faure -

A voir. A gauche, les Insoumis -- qui ont refusé mardi de s'entretenir à nouveau avec le président -- continuent d'affirmer qu'ils censureront tout autre Premier ministre que Lucie Castets. Si Emmanuel Macron "pouvait se nommer lui-même et cohabiter avec lui-même, il l'aurait fait", a raillé la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot.

Quant aux socialistes, dont le soutien serait indispensable à une coalition, ils ont fermé la porte à Xavier Bertrand et ne l'ont pas ouverte à Bernard Cazeneuve -- le bureau national du parti a écarté mardi soir une proposition de non censure d'un gouvernement mené par l'ancien Premier ministre de François Hollande.

Ce serait "une forme d'anomalie" de choisir Bernard Cazeneuve "le seul homme de gauche qui s'est battu contre le Front populaire", a même jugé sur TF1 leur Premier secrétaire Olivier Faure qui a appelé à une "négociation entre formations politiques, groupes parlementaires qui permette d'asseoir sur le fond un programme de gouvernement".

"Qu'importe le nom (du Premier ministre), nous voulons abrogation ou moratoire de la réforme des retraites, hausse des salaires et un budget en augmentation pour investir dans les services publics", a plaidé sur RTL le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel. 

A droite, après avoir campé sur leur refus de toute participation à un gouvernement ou à une coalition, les dirigeants des Républicains ont finalement ouvert la porte à l'hypothèse Xavier Bertrand... tout en affirmant qu'elle n'était sans doute pas "viable".

Car le RN s'oppose frontalement au patron des Hauts-de-France, qu'il juge trop hostile à ses idées et ses électeurs. Si le RN et le groupe Ciotti votaient une censure déposée par la gauche, celle-ci pourrait obtenir jusque 335 voix, largement au-dessus des 289 voix requises.

Le RN, qui censurerait aussi un gouvernement Cazeneuve, se montre moins hostiles à d'autres personnalités de droite, comme l'ancien ministre centriste Jean-Louis Borloo cité par Sébastien Chenu sur LCI, car il "se comporte bien" à leur égard.

En "dernier ressort", le RN pourrait accepter "un gouvernement technique", selon Marine Le Pen qui, consultée mardi soir par Emmanuel Macron, a posé certaines conditions comme l'instauration de la proportionnelle aux législatives dans l'optique d'une nouvelle dissolution dans un an.

Pour la cheffe de file des écologistes Marine Tondelier, "les Français n'en peuvent plus de ce feuilleton institutionnel à rebondissements". Et le chef des Républicains au Sénat Bruno Retailleau a exigé sur BFMTV la nomination d'un Premier ministre "dans les prochaines heures".

Emmanuel Macron est de facto mis sous pression par le calendrier car un budget doit être déposé au Parlement le 1er octobre.

Alors que la situation politique fait du surplace, Edouard Philippe a choisi d'ouvrir un nouveau front de son côté en officialisant mardi soir sa candidature à la prochaine présidentielle, se disant "prêt", y compris à une élection anticipée.

le Mercredi 4 Septembre 2024 à 03:36 | Lu 193 fois