Paris, France | AFP | mercredi 02/08/2022 - L'herbe n'est plus verte nulle part en France et faute de pâturage à cause de la sécheresse et de la chaleur, les éleveurs voient leur autonomie alimentaire réduite à peau de chagrin, certains devant vendre des bêtes faute de pouvoir les nourrir.
"C'est du jamais vu chez nous, une sécheresse qui dure aussi longtemps", commence d'emblée Thierry Robert, éleveur de 44 ans installé depuis 1999 dans le Cantal, à la bordure de la Lozère.
Pour le paysan qui compte 50 vaches laitières et 20 vaches à viande, "d'ici 10 jours, je n'ai plus rien à donner à manger à mes vaches, on va passer à la ration hivernale, soit de l’ensilage d'herbe, du foin, mais je vais devoir acheter" de l'alimentation animale, explique-t-il.
Pour subvenir aux besoins alimentaires de son troupeau, l'éleveur s'apprête à emprunter 15.000 euros, pour faire tenir une centaine de vaches pendant six mois alors que d'habitude, ce qu'il produit sur sa ferme lui permet d'être autonome en alimentation.
Cette année, "je n'ai pas récolté la moitié de ce que j'ai sur une année moyenne", mais "le prix de la céréale a doublé alors que le prix du lait ne monte pas à hauteur de ce qu'il devrait", dit l'éleveur.
Le prix du maïs, une des principales composantes de l'alimentation animale, a flambé à cause de la guerre en Ukraine. Le 23 février, veille de l'invasion, le cours du maïs clôturait à 266,25 euros la tonne sur l'échéance d’août et a atteint un pic à 379,5 euros la tonne le 17 mai. Son cours, qui reste encore à des niveaux élevés aujourd'hui, atteignait mardi 340 euros la tonne sur la même échéance.
Face à l'urgence de la situation, Thierry Robert s'est résolu à vendre une dizaine de vaches, laitières et à viande, un coup de massue pour l'éleveur à qui cela n'était jamais arrivé en plus de 20 ans d'activité.
En cause, la sécheresse et la succession de trois vagues de chaleur, directement imputées par le consensus scientifique au changement climatique, qui ont mis à mal la production de fourrage du pays. "Et la situation continue à se détériorer", déplore Patrick Benezit, vice-président de la Fédération nationale bovine (FNB).
"La corvée d'eau"
Sur la question alimentaire, l'ensemble du territoire a été touché, mais de façon hétérogène, laissant les éleveurs à des niveaux très inégaux selon leur répartition géographique.
Sur la partie plus au Nord, Jocelyn Pesqueux, éleveur de vaches laitières dans le pays de Caux en Seine-Maritime, estime qu'il n'a "pas le droit de se plaindre", pourtant, ses pâturages sont jaunes dans une zone où habituellement "tout est toujours vert", accusant 10 à 20% de baisse de sa production laitière.
En juillet, il a plu en moyenne 9,7 millimètres en France, un déficit d'environ 84% par rapport aux normales. Si désormais l'ensemble de la France métropolitaine est sous vigilance "sécheresse", 93 départements connaissent des restrictions d'eau sur au moins une partie de leur territoire.
En France, sur un volume annuel d'eau consommée (c'est-à-dire prélevée et non restituée aux milieux aquatiques), estimé à 5,3 milliards de mètres cubes par an, l'agriculture en consomme 45%, ce qui en fait la première consommatrice, selon le ministère de l'Agriculture.
Si, pour des raisons de bien-être animal, les élevages ne sont pas concernés par des restrictions d'eau pour l'abreuvement, la sécheresse rend l'exercice plus difficile pour les exploitants qui doivent s'assurer que le bétail a toujours un accès à l'eau.
C'est alors "la corvée d'eau", dit Emmanuel Bernard, président de la section bovine d'Interbev, et il n'y a "plus de samedi ni de dimanche", les vaches consommant entre 80 à 120 litres d'eau par jour.
Mais quand l'eau vient à manquer sur une exploitation, l'éleveur doit aller remplir sa citerne pour apporter de l'eau aux bêtes.
Daniel Perrin, secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) et éleveur installé en Meurthe-et-Moselle depuis 1983, doit aller chercher "1.000 litres du réseau d'eau commun", voyant son forage "à sec" pour la première fois.
"C'est du jamais vu chez nous, une sécheresse qui dure aussi longtemps", commence d'emblée Thierry Robert, éleveur de 44 ans installé depuis 1999 dans le Cantal, à la bordure de la Lozère.
Pour le paysan qui compte 50 vaches laitières et 20 vaches à viande, "d'ici 10 jours, je n'ai plus rien à donner à manger à mes vaches, on va passer à la ration hivernale, soit de l’ensilage d'herbe, du foin, mais je vais devoir acheter" de l'alimentation animale, explique-t-il.
Pour subvenir aux besoins alimentaires de son troupeau, l'éleveur s'apprête à emprunter 15.000 euros, pour faire tenir une centaine de vaches pendant six mois alors que d'habitude, ce qu'il produit sur sa ferme lui permet d'être autonome en alimentation.
Cette année, "je n'ai pas récolté la moitié de ce que j'ai sur une année moyenne", mais "le prix de la céréale a doublé alors que le prix du lait ne monte pas à hauteur de ce qu'il devrait", dit l'éleveur.
Le prix du maïs, une des principales composantes de l'alimentation animale, a flambé à cause de la guerre en Ukraine. Le 23 février, veille de l'invasion, le cours du maïs clôturait à 266,25 euros la tonne sur l'échéance d’août et a atteint un pic à 379,5 euros la tonne le 17 mai. Son cours, qui reste encore à des niveaux élevés aujourd'hui, atteignait mardi 340 euros la tonne sur la même échéance.
Face à l'urgence de la situation, Thierry Robert s'est résolu à vendre une dizaine de vaches, laitières et à viande, un coup de massue pour l'éleveur à qui cela n'était jamais arrivé en plus de 20 ans d'activité.
En cause, la sécheresse et la succession de trois vagues de chaleur, directement imputées par le consensus scientifique au changement climatique, qui ont mis à mal la production de fourrage du pays. "Et la situation continue à se détériorer", déplore Patrick Benezit, vice-président de la Fédération nationale bovine (FNB).
"La corvée d'eau"
Sur la question alimentaire, l'ensemble du territoire a été touché, mais de façon hétérogène, laissant les éleveurs à des niveaux très inégaux selon leur répartition géographique.
Sur la partie plus au Nord, Jocelyn Pesqueux, éleveur de vaches laitières dans le pays de Caux en Seine-Maritime, estime qu'il n'a "pas le droit de se plaindre", pourtant, ses pâturages sont jaunes dans une zone où habituellement "tout est toujours vert", accusant 10 à 20% de baisse de sa production laitière.
En juillet, il a plu en moyenne 9,7 millimètres en France, un déficit d'environ 84% par rapport aux normales. Si désormais l'ensemble de la France métropolitaine est sous vigilance "sécheresse", 93 départements connaissent des restrictions d'eau sur au moins une partie de leur territoire.
En France, sur un volume annuel d'eau consommée (c'est-à-dire prélevée et non restituée aux milieux aquatiques), estimé à 5,3 milliards de mètres cubes par an, l'agriculture en consomme 45%, ce qui en fait la première consommatrice, selon le ministère de l'Agriculture.
Si, pour des raisons de bien-être animal, les élevages ne sont pas concernés par des restrictions d'eau pour l'abreuvement, la sécheresse rend l'exercice plus difficile pour les exploitants qui doivent s'assurer que le bétail a toujours un accès à l'eau.
C'est alors "la corvée d'eau", dit Emmanuel Bernard, président de la section bovine d'Interbev, et il n'y a "plus de samedi ni de dimanche", les vaches consommant entre 80 à 120 litres d'eau par jour.
Mais quand l'eau vient à manquer sur une exploitation, l'éleveur doit aller remplir sa citerne pour apporter de l'eau aux bêtes.
Daniel Perrin, secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) et éleveur installé en Meurthe-et-Moselle depuis 1983, doit aller chercher "1.000 litres du réseau d'eau commun", voyant son forage "à sec" pour la première fois.