Moscou, Russie | AFP | vendredi 15/12/2017 - L'ex-ministre russe de l'Economie, Alexeï Oulioukaïev, a été condamné vendredi à huit ans de camp à régime sévère pour corruption, à l'issue d'un procès qu'il a dénoncé comme un coup monté par un proche du président Vladimir Poutine.
A l'issue de ce procès très médiatisé, la plus grave affaire du genre en 18 ans de pouvoir de Vladimir Poutine, l'ancien ministre a été reconnu coupable "d'avoir reçu un pot-de-vin alors qu'il exerçait une fonction officielle", selon la juge Larissa Semionova.
Il a été également condamné à une amende de 130 millions de roubles (environ 1,9 million d'euros), et la quasi totalité de ses biens, voiture et domicile inclus, a été saisie.
Ministre de l'Economie de 2013 à 2016, M. Oulioukaïev est resté impassible à l'annonce de sa peine, avant d'indiquer qu'il ferait appel de cette décision "injuste".
D'après les enquêteurs, M. Oulioukaïev a été arrêté alors qu'il venait de recevoir un pot-de-vin de deux millions de dollars des mains d'Igor Setchine, proche du président russe et puissant patron du géant pétrolier Rosneft, dans les locaux de cette entreprise.
Le ministre aurait extorqué ce pot-de-vin "en guise de reconnaissance" pour avoir autorisé la vente à Rosneft de la part de l'Etat dans le producteur pétrolier Bachneft, après s'y être longtemps opposé.
M. Oulioukaïev affirme de son côté avoir simplement répondu à une invitation du patron de Rosneft, et cru que le sac qui lui était remis contenait des bouteilles de vin haut de gamme. Le sac avait été saisi dans sa voiture de fonction par les agents des services de sécurité alertés par M. Setchine.
L'ex-ministre a dénoncé un procès aux accusations "absurdes" et relevant d'une "provocation monstrueuse et cruelle". "Le metteur en scène est connu" dans cette affaire, a-t-il affirmé vendredi, dans une référence à M. Setchine, qu'il accuse de l'avoir piégé.
Il avait également estimé qu'une condamnation à dix ans de camp à régime sévère équivaudrait à "une condamnation à mort". "Mais l'Histoire m'acquittera", avait-il lancé lors de sa déclaration finale le 7 décembre.
M. Oulioukaïev, qui a sans répit clamé son innocence, avait demandé aux Russes de lui pardonner d'avoir trop longtemps ignoré "les peines du peuple" alors qu'il se trouvait au gouvernement.
Pour Nikolaï Petrov, analyste indépendant, le procès de M. Oulioukaïev est "un message pour toute l'élite politique."
"Depuis deux ans et demi, la répression s'est renforcée contre les élites régionales, fédérales et au sein des entreprises d'Etat", explique-t-il à l'AFP. Cette répression a cette fois visé "non pas le plus corrompu, mais le moins protégé, afin d'effrayer l'ensemble de l'élite", ajoute-t-il.
"Ces poursuites judiciaires, ces procès font partie de la lutte entre différents clans. Et cette lutte devient de plus en plus sanglante", résume la politologue Ekaterina Schulmann.
Disposant d'une influence redoutée, Igor Setchine est considéré comme le chef de file des "siloviki", représentants de l'armée ou des services de sécurité, alors que M. Oulioukaïev était considéré comme proche du courant libéral au sein du pouvoir.
La condamnation de M. Oulioukaïev "est une victoire à but démonstratif des +siloviki+", estime l'analyste Konstantin Kalatchev. Mais "elle peut se transformer en défaite de tout le système: l'élite russe n'est pas un bloc monolithique", affirme-t-il.
Lors de sa conférence de presse annuelle jeudi, Vladimir Poutine a justifié l'attitude de M. Setchine, ne voyant aucune violation de la loi dans le fait que ce dernier ait refusé à plusieurs reprises de se présenter au tribunal où il avait été convoqué.
L'arrestation d'Alexeï Oulioukaïev en novembre 2016 avait provoqué une onde de choc dans le pays. Si de hauts fonctionnaires tombent régulièrement pour des affaires de corruption, il s'agissait de la première interpellation d'un ministre en exercice depuis la fin de l'URSS.
M. Oulioukaïev s'était longtemps opposé à la vente de la part de Bachneft à Rosneft, mais celle-ci avait fini par aboutir après avoir reçu le soutien de Vladimir Poutine.
Cette opération avait constitué la plus grosse cession d'actifs réalisée en 2016 par l'Etat russe, qui souhaitait renflouer son budget plombé par l'effondrement des cours du pétrole.
Ancien chef de l'administration présidentielle, Igor Setchine côtoie Vladimir Poutine depuis les années 1990. Il est considéré comme l'artisan de la transformation de Rosneft de modeste société publique en multinationale géante grâce à des coups boursiers mais aussi plusieurs décisions judiciaires controversées.
A l'issue de ce procès très médiatisé, la plus grave affaire du genre en 18 ans de pouvoir de Vladimir Poutine, l'ancien ministre a été reconnu coupable "d'avoir reçu un pot-de-vin alors qu'il exerçait une fonction officielle", selon la juge Larissa Semionova.
Il a été également condamné à une amende de 130 millions de roubles (environ 1,9 million d'euros), et la quasi totalité de ses biens, voiture et domicile inclus, a été saisie.
Ministre de l'Economie de 2013 à 2016, M. Oulioukaïev est resté impassible à l'annonce de sa peine, avant d'indiquer qu'il ferait appel de cette décision "injuste".
D'après les enquêteurs, M. Oulioukaïev a été arrêté alors qu'il venait de recevoir un pot-de-vin de deux millions de dollars des mains d'Igor Setchine, proche du président russe et puissant patron du géant pétrolier Rosneft, dans les locaux de cette entreprise.
Le ministre aurait extorqué ce pot-de-vin "en guise de reconnaissance" pour avoir autorisé la vente à Rosneft de la part de l'Etat dans le producteur pétrolier Bachneft, après s'y être longtemps opposé.
M. Oulioukaïev affirme de son côté avoir simplement répondu à une invitation du patron de Rosneft, et cru que le sac qui lui était remis contenait des bouteilles de vin haut de gamme. Le sac avait été saisi dans sa voiture de fonction par les agents des services de sécurité alertés par M. Setchine.
L'ex-ministre a dénoncé un procès aux accusations "absurdes" et relevant d'une "provocation monstrueuse et cruelle". "Le metteur en scène est connu" dans cette affaire, a-t-il affirmé vendredi, dans une référence à M. Setchine, qu'il accuse de l'avoir piégé.
Il avait également estimé qu'une condamnation à dix ans de camp à régime sévère équivaudrait à "une condamnation à mort". "Mais l'Histoire m'acquittera", avait-il lancé lors de sa déclaration finale le 7 décembre.
M. Oulioukaïev, qui a sans répit clamé son innocence, avait demandé aux Russes de lui pardonner d'avoir trop longtemps ignoré "les peines du peuple" alors qu'il se trouvait au gouvernement.
- Victoire des 'siloviki' -
Pour Nikolaï Petrov, analyste indépendant, le procès de M. Oulioukaïev est "un message pour toute l'élite politique."
"Depuis deux ans et demi, la répression s'est renforcée contre les élites régionales, fédérales et au sein des entreprises d'Etat", explique-t-il à l'AFP. Cette répression a cette fois visé "non pas le plus corrompu, mais le moins protégé, afin d'effrayer l'ensemble de l'élite", ajoute-t-il.
"Ces poursuites judiciaires, ces procès font partie de la lutte entre différents clans. Et cette lutte devient de plus en plus sanglante", résume la politologue Ekaterina Schulmann.
Disposant d'une influence redoutée, Igor Setchine est considéré comme le chef de file des "siloviki", représentants de l'armée ou des services de sécurité, alors que M. Oulioukaïev était considéré comme proche du courant libéral au sein du pouvoir.
La condamnation de M. Oulioukaïev "est une victoire à but démonstratif des +siloviki+", estime l'analyste Konstantin Kalatchev. Mais "elle peut se transformer en défaite de tout le système: l'élite russe n'est pas un bloc monolithique", affirme-t-il.
Lors de sa conférence de presse annuelle jeudi, Vladimir Poutine a justifié l'attitude de M. Setchine, ne voyant aucune violation de la loi dans le fait que ce dernier ait refusé à plusieurs reprises de se présenter au tribunal où il avait été convoqué.
L'arrestation d'Alexeï Oulioukaïev en novembre 2016 avait provoqué une onde de choc dans le pays. Si de hauts fonctionnaires tombent régulièrement pour des affaires de corruption, il s'agissait de la première interpellation d'un ministre en exercice depuis la fin de l'URSS.
M. Oulioukaïev s'était longtemps opposé à la vente de la part de Bachneft à Rosneft, mais celle-ci avait fini par aboutir après avoir reçu le soutien de Vladimir Poutine.
Cette opération avait constitué la plus grosse cession d'actifs réalisée en 2016 par l'Etat russe, qui souhaitait renflouer son budget plombé par l'effondrement des cours du pétrole.
Ancien chef de l'administration présidentielle, Igor Setchine côtoie Vladimir Poutine depuis les années 1990. Il est considéré comme l'artisan de la transformation de Rosneft de modeste société publique en multinationale géante grâce à des coups boursiers mais aussi plusieurs décisions judiciaires controversées.