Paris, France | AFP | vendredi 28/07/2017 - Controversé dès son ouverture, l'unique centre de déradicalisation en France va fermer après moins d'un an d'existence, soulignant la difficulté à mettre en place des politiques efficaces de lutte contre l'embrigadement jihadiste.
L'expérience au château de Pontourny, en Indre-et-Loire, "ne s'est pas révélée concluante", a résumé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, évoquant d'autres pistes d'études. Ce centre "ouvert, sur la base du volontariat, a montré ses limites", a-t-il ajouté dans un communiqué.
D'une capacité de 25 personnes, le centre, ouvert en septembre, n'accueillait déjà plus personne en février. Au total, neuf pensionnaires, des jeunes radicalisés en voie de marginalisation, y ont séjourné mais aucun d'entre eux n'a suivi l'intégralité du programme prévu, relève le ministre.
Ce site pilote, qui devait annoncer l'ouverture d'autres centres du même type d'ici fin 2017, visait à accueillir des jeunes de 18 à 30 ans "en voie de radicalisation" et non pas des personnes condamnées, des personnes fichées "S" ni de "revenants" de la zone irako-syrienne.
Qualifiée de "fiasco complet" par le président de la commission des Lois du Sénat, Philippe Bas, lors d'un rapport d'étape en février, cette expérimentation très attendue dans un pays frappé par une vague d'attentats jihadistes sans précédent a été très critiquée.
D'autant qu'en janvier, l'un de ses pensionnaires avait été écroué pour avoir tenté de se rendre en 2016 en zone irako-syrienne, suscitant l'indignation. Son admission à Pontourny posait question car cette structure avait été présentée comme devant accueillir des personnes en voie de radicalisation.
La mission d'information "désendoctrinement, désembrigadement et réinsertion des jihadistes en Europe", présentée au Sénat en juillet, critiquait aussi la "gabegie financière" de l'Etat face à un "phénomène complexe, multifacettes, qui attend des réponses nombreuses et pas seulement répressives".
La fermeture de Pontourny ne signifie pas "l'abandon d'une politique de prise en charge des publics en voie de radicalisation dans des structures adaptées", a promis le ministre de l'Intérieur.
"Le gouvernement étudiera notamment la possibilité d'ouvrir des structures de petite taille pour y accueillir des individus sous main de justice (personnes faisant l’objet d’une mesure restrictive ou privative de liberté par décision de justice, ndlr) et y développer des solutions alternatives à l'incarcération".
Muriel Domenach, secrétaire générale du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), a été chargée de formuler des propositions, en lien notamment avec les ministères de l'Intérieur et de la Justice.
"La fermeture de ce centre ne doit pas occulter la réalité de la prise en charge en France qui progresse", a-t-elle déclaré à l'AFP. Quelque "2.600 jeunes et 800 familles sont actuellement pris en charge via le dispositif de prévention (...) pas par des gourous mais par des éducateurs de rue, les maisons des adolescents, des psychologues", a-t-elle rappelé.
Mais le postulat du volontariat, pour entrer au centre de Pontourny, "a montré ses limites très clairement", estime-t-elle aussi. "Les critères extrêmement restrictifs, visant à exclure toute personne ayant fait l'objet de condamnations pour violence ou de retour de théâtres d'opération, ont restreint le public", a-t-elle regretté.
Des riverains rassemblés au sein de l'association "Radicalement digne de Pontourny" se sont félicités de la fermeture définitive du centre, précisant que les locaux allaient accueillir à l'avenir de jeunes migrants isolés. Selon le maire de Chinon, Jean-Luc Dupont, le préfet "veut créer un groupe de travail pour réfléchir au devenir du site".
La sénatrice (LR) Catherine Troendlé, qui a participé au rapport sénatorial, a de son côté rappelé dans un communiqué que Pontourny avait "2,4 millions d'euros de coût de fonctionnement", une somme qui pourrait "servir utilement à la mise en place d'appartements éducatifs" par exemple.
La radicalisation jihadiste est un phénomène bien réel: fin octobre 2016, près de 12.000 signalements avaient été faits par le biais d'un numéro d'appel gratuit et des services de sécurité, selon l'Intérieur.
L'expérience au château de Pontourny, en Indre-et-Loire, "ne s'est pas révélée concluante", a résumé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, évoquant d'autres pistes d'études. Ce centre "ouvert, sur la base du volontariat, a montré ses limites", a-t-il ajouté dans un communiqué.
D'une capacité de 25 personnes, le centre, ouvert en septembre, n'accueillait déjà plus personne en février. Au total, neuf pensionnaires, des jeunes radicalisés en voie de marginalisation, y ont séjourné mais aucun d'entre eux n'a suivi l'intégralité du programme prévu, relève le ministre.
Ce site pilote, qui devait annoncer l'ouverture d'autres centres du même type d'ici fin 2017, visait à accueillir des jeunes de 18 à 30 ans "en voie de radicalisation" et non pas des personnes condamnées, des personnes fichées "S" ni de "revenants" de la zone irako-syrienne.
Qualifiée de "fiasco complet" par le président de la commission des Lois du Sénat, Philippe Bas, lors d'un rapport d'étape en février, cette expérimentation très attendue dans un pays frappé par une vague d'attentats jihadistes sans précédent a été très critiquée.
D'autant qu'en janvier, l'un de ses pensionnaires avait été écroué pour avoir tenté de se rendre en 2016 en zone irako-syrienne, suscitant l'indignation. Son admission à Pontourny posait question car cette structure avait été présentée comme devant accueillir des personnes en voie de radicalisation.
La mission d'information "désendoctrinement, désembrigadement et réinsertion des jihadistes en Europe", présentée au Sénat en juillet, critiquait aussi la "gabegie financière" de l'Etat face à un "phénomène complexe, multifacettes, qui attend des réponses nombreuses et pas seulement répressives".
- Solutions alternatives -
La fermeture de Pontourny ne signifie pas "l'abandon d'une politique de prise en charge des publics en voie de radicalisation dans des structures adaptées", a promis le ministre de l'Intérieur.
"Le gouvernement étudiera notamment la possibilité d'ouvrir des structures de petite taille pour y accueillir des individus sous main de justice (personnes faisant l’objet d’une mesure restrictive ou privative de liberté par décision de justice, ndlr) et y développer des solutions alternatives à l'incarcération".
Muriel Domenach, secrétaire générale du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), a été chargée de formuler des propositions, en lien notamment avec les ministères de l'Intérieur et de la Justice.
"La fermeture de ce centre ne doit pas occulter la réalité de la prise en charge en France qui progresse", a-t-elle déclaré à l'AFP. Quelque "2.600 jeunes et 800 familles sont actuellement pris en charge via le dispositif de prévention (...) pas par des gourous mais par des éducateurs de rue, les maisons des adolescents, des psychologues", a-t-elle rappelé.
Mais le postulat du volontariat, pour entrer au centre de Pontourny, "a montré ses limites très clairement", estime-t-elle aussi. "Les critères extrêmement restrictifs, visant à exclure toute personne ayant fait l'objet de condamnations pour violence ou de retour de théâtres d'opération, ont restreint le public", a-t-elle regretté.
Des riverains rassemblés au sein de l'association "Radicalement digne de Pontourny" se sont félicités de la fermeture définitive du centre, précisant que les locaux allaient accueillir à l'avenir de jeunes migrants isolés. Selon le maire de Chinon, Jean-Luc Dupont, le préfet "veut créer un groupe de travail pour réfléchir au devenir du site".
La sénatrice (LR) Catherine Troendlé, qui a participé au rapport sénatorial, a de son côté rappelé dans un communiqué que Pontourny avait "2,4 millions d'euros de coût de fonctionnement", une somme qui pourrait "servir utilement à la mise en place d'appartements éducatifs" par exemple.
La radicalisation jihadiste est un phénomène bien réel: fin octobre 2016, près de 12.000 signalements avaient été faits par le biais d'un numéro d'appel gratuit et des services de sécurité, selon l'Intérieur.