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Indonésie : des indigènes menacés par Nusantara, la future capitale


HANDOUT / Indonesian Presidential Palace / AFP
HANDOUT / Indonesian Presidential Palace / AFP
Jakarta, Indonésie | AFP | vendredi 21/01/2022 - Des dizaines de milliers d'indigènes indonésiens risquent d'être expulsés de leurs terres pour laisser place à la construction d'une nouvelle capitale à Bornéo, île qui abrite l'une des plus grandes forêts tropicales au monde, a averti vendredi un groupe humanitaire.

Au moins 20.000 personnes appartenant à 21 groupes indigènes vivent dans cette zone, ont indiqué l'Alliance des peuples indigènes de l'archipel (AMAN). Ils mettent le doigt sur les lois autorisant le déménagement de Jakarta et qui ne protègent pas suffisamment les droits fonciers des communautés. 

Le groupe a lancé cet avertissement après que le Parlement a approuvé mardi le transfert de la capitale qui occupera plus de 56.000 hectares dans la province de Kalimantan Est, sur l'île de Bornéo, partagée entre l'Indonésie, la Malaisie et Brunei.

Baptisée "Nusantara" - qui signifie "archipel" - la nouvelle capitale politique doit être construite à quelque 2.000 kilomètres de Jakarta, qui devrait rester la capitale économique. 

"Le projet va déclencher des problèmes, comme la confiscation des terres coutumières et la criminalisation des populations autochtones lorsque ces dernières défendront leurs droits", a déclaré vendredi à l'AFP Muhammad Arman, directeur de la politique, du droit et du plaidoyer pour les droits de l'Homme de l'AMAN. 

"Ils perdront également leurs emplois traditionnels, tel que l'agriculture". 

Les données compilées en 2019 par l'association attestent qu'au moins 13 terres coutumières, administrées par les indigènes, se trouveraient dans la nouvelle capitale. 

Les communautés autochtones de Bornéo étaient déjà en conflit contre des entreprises qui ont obtenu des contrats de plantation sur environ 30.000 hectares de leurs terres. 

"C'est comme une double peine pour ces communautés. D'abord, elles doivent se battre contre les entreprises et, à l'avenir, elles devront affronter leur propre gouvernement pour le projet de la nouvelle capitale", a déclaré M.Arman. 

Une enquête récente menée par des groupes de défense des droits, dont AMAN, a révélé qu'au moins 162 permis d'exploitation minière, de plantation, de sylviculture et de centrales électriques au charbon avaient été accordés dans la zone de la nouvelle capitale. 

Au total, plus de 256.000 hectares ont été réservés en vue d'une expansion du projet.

Les premières maquettes de la nouvelle capitale montrent un projet utopiste de ville intelligente construite au milieu des arbres, mais peu de détails ont été confirmés à ce stade.

La construction du projet, qui devait débuter dès 2020, a été ralentie par la pandémie. Elle devrait s'étaler par étapes jusqu'en 2045. 

Les écologistes désapprouvent car le projet pourrait endommager les écosystèmes de la région, où les exploitations minières et les plantations d'huile de palme menacent déjà les forêts tropicales qui abritent des espèces menacées comme les orangs-outans.

le Mardi 25 Janvier 2022 à 05:00 | Lu 309 fois