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Grève : des élèves craignent de perdre 9 mois de travail


NUKU HIVA, le 17 mai 2017 -À Nuku Hiva treize élèves de la section sportive du collège de Taiohae devaient prendre l’avion mercredi après-midi pour Tahiti. Ils ont un vol samedi soir pour la métropole. Un séjour sportif, pédagogique et culturel de deux semaines est prévu. Il est le fruit de 9 mois d’efforts hors temps scolaire. Il tombera à l’eau si la grève ne prend pas fin avant vendredi soir.

"Les bagages sont prêts, les élèves étaient sur le départ quand on les a tous appelés pour leur demander de se rendre non pas à l’aéroport mais au collège", rapporte Cédric Magnier, professeur d’EPS au collège de Taihoae et coordinateur de la section sportive du collège. "Sur le coup ils n’ont rien dit. Mais, une fois au collège, ils ont marqué une certaine déception." La grève a cloué l’équipe au sol.

L’équipe, ce sont treize élèves, entourés de quatre adultes. Tous de la section sportive du collège. Depuis la rentrée scolaire 2016-2017, ses membres se retrouvent hors temps scolaire dans le cadre d’un projet sportif, pédagogique et culturel. "En août dernier, nous avons présenté ce projet aux élèves et parents d’élèves", se rappelle Cédric Magnier. "Il consiste en un échange entre les élèves des collèges de Nuku Hiva, Niort et Amiens. L’idée est de faire sortir les élèves marquisiens ; de leur donner une chance de voir autre chose."

Ce projet doit se conclure par un déplacement en métropole du 20 mai au 4 juin. Au programme : rencontre avec les classes, présentation de Powerpoint sur la Polynésie ; d’un hakka sur le thème du four marquisien ; participation à un championnat de football ; visite du Futuroscope, de la cathédrale d’Amiens, de la Tour Eiffel, du Stade France ou bien encore des installations du club professionnel (ligue 2) d’Amiens.

Pour assurer, en métropole, les élèves se sont retrouvés les mercredis et vendredis après-midi après les cours. Ils ont répété leur danse, mis en forme les documents Powerpoint, ont suivi des entraînements sportifs. En parallèle, la section sportive a dû chercher des fonds. Au total, le budget est de 6 millions de Fcfp. Le club AS jeunesse marquisienne, la commune de Nuku Hiva, la Codim, des partenaires privés ainsi que les familles (à hauteur de 30%) ont mis la main à la poche. "Nous avons aussi récolté des fonds via un grand repas dansant avec 300 personnes, tombola et vente de tricots", se souvient Cédric Magnier.

Mais le projet est menacé. À quelques jours du départ vers la France, élèves et accompagnateurs sont toujours aux Marquises. "On devait partir par le vol de mercredi pour pouvoir participer à un tournoi à Tahiti en prévision des matchs qui nous attendent." Si le mouvement de grève persiste, c’est le déplacement en France qui est compromis.
Delphine Barrais

Dommages collatéraux à Ua Pou…

Et pendant ce temps-là, la grogne monte partout au fenua, à l'image des habitants de Ua Pou, excédés par la situation. Surtout lorsque celle-ci a des conséquences qui peuvent être graves sur le bien-être de la population. Un homme, retenu malgré lui sur la petite île marquisienne, raconte : "Avec la grève, c'est la galère. Tout le monde est bloqué. Hier (mardi, ndlr), un gars s'est rentré un clou dans l'œil et n'a pas pu se faire évasaner. Du coup, il est parti en bateau pour l'hôpital de Nuku Hiva où il a pu recevoir quelques soins rudimentaires, mais juste le strict minimum." Et de rapporter d'autres exemples de dommages collatéraux : "Il y a aussi une femme qui devait accoucher avec l'arrivée prévue d'un médecin et qui se retrouve dans l'incapacité de prendre le bateau pour Nuku Hiva, obligée de donner naissance au dispensaire, sans taote. Tout le village ne parle que de ça et peste contre les grévistes !"

Dominique Schmitt

Grève des aéroports : rien de nouveau sur le tarmac

Alors que les négociations sont au point mort du côté des pompiers de la société Aéroport de Tahiti et que le dialogue se poursuit du côté des pompiers des aérodromes du territoire, les passagers subissent de plein fouet ce mouvement social.

Alors que la grève a démarré lundi à zéro heure pour ADT et mardi à la même heure pour les pompiers de la direction de l'aviation civile, aucun accord n'a encore été trouvé. Au contraire, si les discussions sont ouvertes avec les pompiers du territoire, elles sont au point mort avec ceux d'ADT. Les passagers subissent et commencent à se plaindre. Jean-Paul Van Cam est un des passagers du vol TN7 prévu au départ de Los Angeles lundi 15 mai, il témoigne scandalisé: "l’ensemble du personnel d’Air Tahiti Nui de Los Angeles ne fait aucune annonce car il ne sait rien et n’a visiblement aucune consigne, ni directive. RIEN de 12 h 30 à 15 h 30, heure prévue pour l'embarquement, puis rien à 16 h 30, 17 h 30, 18 h 30, 19 h 30 …. Nous avons finalement embarqué à minuit et demi, soit avec 10 heures de retard sans qu’aucune disposition n’ait été prise par l’ensemble des dirigeants aéroportuaires et compagnies aériennes confondus à Tahiti. Tous ces Messieurs grassement payés se remettaient semble-t-il de leur week-end et n’en avaient visiblement rien à foutre de tous ces passagers errants sans information aucune, dans un obscur terminal désaffecté, car leur avion, retardé pour le moins, venait d'être déplacé pour ne pas gêner le reste du trafic aérien."

Cette grève affecte les touristes et voyageurs du territoire, c'est pourquoi le Pays a souhaité s'exprimer à l'issu du conseil des ministres." Le gouvernement reste présent à la table des négociations et réaffirme sa volonté de dialogue. Il en appelle toutefois chacun au sens des responsabilités pour trouver une issue rapide, ce conflit étant particulièrement pénalisant pour l'activité touristique, la libre circulation des personnes et plus généralement pour l'activité économique". Dans un communiqué de Pays dénonce : "le gouvernement s'élève par ailleurs contre les propos tenus hier soir à la télévision par un syndicaliste qui affirmait répondre à une réquisition du haut-commissaire par un arrêt maladie. Le Conseil des ministres en appelle au respect des règles déontologiques par les médecins qui pourraient délivrer des actes de complaisance. Le Conseil de l’ordre des médecins sera saisi de cet état de fait."

La situation reste très tendue du côté des syndicalistes. Alors que les négociations sont en cours avec l'aviation civile, le dialogue est rompu du côté d’ADT. D'un côté comme de l'autre, les mouvements sociaux se maintiendront tant qu'un accord n'aura pas été trouvé entre directions et syndicats.

Marie-Caroline Carrère

le Mercredi 17 Mai 2017 à 17:21 | Lu 9043 fois