PAPEETE, 19 septembre 2015 - Abinera Tematahotoa a appris, mardi dernier par les médias, comme beaucoup, la mort encéphalique de Sandy Ellacott. Ce grand frère reconnaissant a fait part d’un poignant témoignage pour le compte de son cadet, samedi lors de la Marche blanche.
Atteint d’une insuffisance rénale grave et sous dialyse depuis 5 ans, la vie de son frère cadet est durablement changée aujourd’hui, après avoir reçu la greffe d’un rein donné par la famille Ellacott, suite au décès de Sandy. Abinera a relaté son témoignage devant une foule silencieuse et compatissante.
"Ce soir-là (mardi), j’ai fait un cauchemar" a-t-il commencé. "A 22h30 j’étais réveillé. (….) Dans mon cauchemar, mon grand frère avait été battu… A mon réveil, j’ai appelé ma grande sœur à Rimatara, pour voir si tout se passait bien. Elle m’a dit « oui, il n’y a pas de problème ». A minuit zéro six, je reçois un appel de mon petit frère… (….) Mon petit frère qui a été dialysé pendant cinq ans. Parce que chez nous, c’est une maladie héréditaire, le syndrome d’Alport. J’ai moi-même été dans le même cas. Aujourd’hui ça fait 15 ans que je suis greffé. 15 ans. A minuit zéro six, je reçoit un appel urgent de mon petit frère, m’annonçant qu’il était à l’hôpital… Il me disait qu’il allait être greffé le lendemain, mercredi. J’ai pensé au cauchemar que j’avais fait. Parce que la veille, dans la journée du mardi, j’ai vu la photo de Sandy Ellacott (photo qui a tourné sur Facebook montrant Sandy dans le coma, ndlr). Et c’est exactement l’image par laquelle j’avais représenté mon frère, dans ce cauchemar où il avait été battu. A ce moment là (….) j’ai pensé à Sandy, juste après l’appel de mon petit frère. Parce que je comprends bien cette maladie. Le don d’organe se fait surtout avec les morts encéphaliques. Dans le journal, Stanley Ellacott annonçait la mort encéphalique de son fils. J’ai pensé à Sandy à ce moment-là. (….) Je ne sais pas quoi dire, mais les mots sont faibles. L’émotion est plus forte. Je ne souhaitais pas vraiment gratter sur le fait que c’est Sandy qui a donné ; mais je sais que c’est lui. Le lendemain matin, je suis allé voir mon petit frère à l’hôpital. Il devait être préparé pour la greffe le matin vers 8 heures. J’y suis retourné vers midi. Il était prêt pour l'opération. Je ne voulais pas lui dire que je savais d’où vient le rein. Ensuite, autour de moi avec mes collègues de Polynésie 1ère, je parlais et je savais pertinemment que ce rein venait de lui. Et puis hier soir, plusieurs de mes collègues m’ont conseillé d’appeler Stanley. Je connais bien Stanley, après toutes les interviews que j’ai faites de lui avec les problèmes de pêcheurs perdus en mer. Même Terainui Ellacott. Et puis là, je me suis dit que je ne suis pas simplement là pour témoigner en faveur de la non-violence. Je pense que tout le monde a compris que la violence n’a pas sa place dans cette société. Je suis là pour témoigner devant la famille Ellacott, de la vie. J’ai animé le journal sur Polynésie 1ère (radio) aujourd’hui à midi. J’ai annoncé que la famille Ellacott avait fait don des organes de Sandy pour sauver des vies : un dernier geste d’amour de Sandy. (Applaudissements). Je peux vous dire aujourd’hui que mon petit frère a été greffé du rein mercredi. Après 7 heures d’opération, puis la phase de réanimation, je l’ai appelé jeudi matin, pour savoir comment ça allait. C’est là qu’il m’a dit (….) et, c’est là qu’il m’a dit que le (….) que le rein fonctionne. C’est à ce moment là que j’ai versé des larmes".
Stanley Ellacott arrive alors sur scène et prend Abinera dans ses bras : "C’est vrai que le don d’organe c’est quelque chose. Ce n’est pas un sacrifice que nous avons fait dans la famille. Je disais tout à l’heure que Sandy est maintenant un messager. Il avait déjà ça dans son cœur. C’était une personne d’une grande bonté. Tout simplement, si Abinera a souhaité faire cette déclaration publique alors que ça demande beaucoup de courage et que tout cela devait rester anonyme, c’est peut-être pour dire « N’ayez pas peur de faire don de vos organes, pour ceux qui sont malades et qui ont besoin de vivre ». (Applaudissements). Chacun d’entre nous arrivera à un stade où il retournera comme nous tous à la poussière. Pour terminer, je voudrais partager avec vous une pensée de Tolstoï : la violence ne se combat pas par le rancune, ou la vengeance, mais en faisant du bien... Je crois que c’est ça qui est important. Je sais que grâce à ce don deux vies ont été prolongées". Puis en se retournant vers Abinera : "Toute ma famille est heureuse pour la tienne. Longue vie a ton petit frère ! Quelque part, la vie de notre fils continue en lui".
Atteint d’une insuffisance rénale grave et sous dialyse depuis 5 ans, la vie de son frère cadet est durablement changée aujourd’hui, après avoir reçu la greffe d’un rein donné par la famille Ellacott, suite au décès de Sandy. Abinera a relaté son témoignage devant une foule silencieuse et compatissante.
"Ce soir-là (mardi), j’ai fait un cauchemar" a-t-il commencé. "A 22h30 j’étais réveillé. (….) Dans mon cauchemar, mon grand frère avait été battu… A mon réveil, j’ai appelé ma grande sœur à Rimatara, pour voir si tout se passait bien. Elle m’a dit « oui, il n’y a pas de problème ». A minuit zéro six, je reçois un appel de mon petit frère… (….) Mon petit frère qui a été dialysé pendant cinq ans. Parce que chez nous, c’est une maladie héréditaire, le syndrome d’Alport. J’ai moi-même été dans le même cas. Aujourd’hui ça fait 15 ans que je suis greffé. 15 ans. A minuit zéro six, je reçoit un appel urgent de mon petit frère, m’annonçant qu’il était à l’hôpital… Il me disait qu’il allait être greffé le lendemain, mercredi. J’ai pensé au cauchemar que j’avais fait. Parce que la veille, dans la journée du mardi, j’ai vu la photo de Sandy Ellacott (photo qui a tourné sur Facebook montrant Sandy dans le coma, ndlr). Et c’est exactement l’image par laquelle j’avais représenté mon frère, dans ce cauchemar où il avait été battu. A ce moment là (….) j’ai pensé à Sandy, juste après l’appel de mon petit frère. Parce que je comprends bien cette maladie. Le don d’organe se fait surtout avec les morts encéphaliques. Dans le journal, Stanley Ellacott annonçait la mort encéphalique de son fils. J’ai pensé à Sandy à ce moment-là. (….) Je ne sais pas quoi dire, mais les mots sont faibles. L’émotion est plus forte. Je ne souhaitais pas vraiment gratter sur le fait que c’est Sandy qui a donné ; mais je sais que c’est lui. Le lendemain matin, je suis allé voir mon petit frère à l’hôpital. Il devait être préparé pour la greffe le matin vers 8 heures. J’y suis retourné vers midi. Il était prêt pour l'opération. Je ne voulais pas lui dire que je savais d’où vient le rein. Ensuite, autour de moi avec mes collègues de Polynésie 1ère, je parlais et je savais pertinemment que ce rein venait de lui. Et puis hier soir, plusieurs de mes collègues m’ont conseillé d’appeler Stanley. Je connais bien Stanley, après toutes les interviews que j’ai faites de lui avec les problèmes de pêcheurs perdus en mer. Même Terainui Ellacott. Et puis là, je me suis dit que je ne suis pas simplement là pour témoigner en faveur de la non-violence. Je pense que tout le monde a compris que la violence n’a pas sa place dans cette société. Je suis là pour témoigner devant la famille Ellacott, de la vie. J’ai animé le journal sur Polynésie 1ère (radio) aujourd’hui à midi. J’ai annoncé que la famille Ellacott avait fait don des organes de Sandy pour sauver des vies : un dernier geste d’amour de Sandy. (Applaudissements). Je peux vous dire aujourd’hui que mon petit frère a été greffé du rein mercredi. Après 7 heures d’opération, puis la phase de réanimation, je l’ai appelé jeudi matin, pour savoir comment ça allait. C’est là qu’il m’a dit (….) et, c’est là qu’il m’a dit que le (….) que le rein fonctionne. C’est à ce moment là que j’ai versé des larmes".
Stanley Ellacott arrive alors sur scène et prend Abinera dans ses bras : "C’est vrai que le don d’organe c’est quelque chose. Ce n’est pas un sacrifice que nous avons fait dans la famille. Je disais tout à l’heure que Sandy est maintenant un messager. Il avait déjà ça dans son cœur. C’était une personne d’une grande bonté. Tout simplement, si Abinera a souhaité faire cette déclaration publique alors que ça demande beaucoup de courage et que tout cela devait rester anonyme, c’est peut-être pour dire « N’ayez pas peur de faire don de vos organes, pour ceux qui sont malades et qui ont besoin de vivre ». (Applaudissements). Chacun d’entre nous arrivera à un stade où il retournera comme nous tous à la poussière. Pour terminer, je voudrais partager avec vous une pensée de Tolstoï : la violence ne se combat pas par le rancune, ou la vengeance, mais en faisant du bien... Je crois que c’est ça qui est important. Je sais que grâce à ce don deux vies ont été prolongées". Puis en se retournant vers Abinera : "Toute ma famille est heureuse pour la tienne. Longue vie a ton petit frère ! Quelque part, la vie de notre fils continue en lui".