PAPEETE, 27 avril 2015 - Gaston Flosse accorde ce lundi un entretien à Tahiti infos, depuis les bureaux qu'il occupe à l'Assemblée. Le leader du Tahoera'a répond à l'interview que nous avait donnée Edouard Fritch, en fin de semaine dernière. Le Vieux Lion accuse le Président Fritch de vouloir faire main basse sur le parti : "C’est la raison pour laquelle il continue à rester au Tahoera’a", affirme-t-il en se disant "trahi".
> Lire aussi : Edouard Fritch : "Je ne me reconnais plus dans la direction du parti"
Que se passe-t-il à la tête du Tahoera’a, depuis qu'Edouard Fritch est à la Présidence ?
Gaston Flosse : Edouard Fritch est élu le 12 septembre. Tout se passe bien jusqu’à ce que, le 26 novembre, le Tahoera’a Huira’atira, par l’intermédiaire du président de l’Assemblée et avec l’accord de tout le monde, dépose la résolution dite sur le nucléaire, par laquelle nous demandons à l’Etat la prise en charge des dommages causés à l’environnement sur la Polynésie à la suite des essais nucléaires. Et, puisqu’il compte se maintenir à Moruroa et Fangataufa indéfiniment, un loyer pour l’occupation de ces terres domaniales.
Dans une interview accordée à Tahiti infos, Edouard Fritch place aussi la rupture entre vous à ce moment-là, et déclare aujourd’hui ne plus se reconnaître dans la "direction du parti", c'est-à-dire dans les décisions que vous prenez.
Gaston Flosse : A partir de là, il crée son groupe à l’Assemblée. Ils étaient 13 et sont maintenant 14, avec Lana Tetuanui. Et à côté, il y a 24 représentants Tahoera’a Huira’atira. Depuis son élection, il n’assiste plus aux instances du Tahoera’a Huira’atira. C’est facile d’attaquer le parti par le biais des médias. Mais il faut avoir le courage de venir s’expliquer devant les instances du parti : le conseil politique, le Grand conseil… Or nous connaissons Edouard Fritch pour son courage : il n’est jamais venu. (…) Ce qui est plus grave c’est qu’il a fait de ce groupe, son groupe à l’Assemblée. (…)
Depuis qu’il a été élu : plus un mot ; pas un seul échange ; pas de dialogue ; même pas un "bonjour". C’est extraordinaire comment un homme a pu changer comme ça (…). Je ne sais pas quelle est cette haine qui est entrée en lui pour m’en vouloir à ce point là.
Etes-vous déçu ?
Gaston Flosse : Ah oui, très, très déçu. Je ne pensais pas qu’il irait jusqu’à ce point là (…).
Finalement, n’est-ce pas cet affrontement entre vous et lui qui crée cette instabilité au Tahoera’a ?
Gaston Flosse : Oui, oui, oui. Non, il n’y a pas. Je n’ai rien contre lui. Rappelez-vous que j’avais fait le premier pas, pour notre rencontre [du 20 février]. (…) Depuis ce jour-là, nous ne nous sommes plus revus. Ca a été un échec total. Il en a profité pour vomir tout ce qu’il avait sur l’estomac. Et puis c’est tout.
Redoutez-vous aujourd'hui qu’il fasse ce que vous avez nommé "une OPA" sur le Tahoera’a Huira’atira ?
Gaston Flosse : Ah, c’est son objectif, oui. C’est la raison pour laquelle il continue à rester au Tahoera’a. (…)
Dans cette logique, Edouard Fritch peut-il, selon vous, demeurer président délégué du parti ?
Gaston Flosse : Ca c’est un autre problème. C’est le congrès qui éliera le président et le président délégué. Depuis l’annulation des élections sénatoriales nous avons mis en sommeil le congrès. (…) Pour l‘instant, nous nous battons pour que les deux candidats qui ont été désignés par le Grand conseil du Tahoera’a Huira’atira [soient élus]. Sachez que l’année dernière, lorsque le conseil a dû désigner les candidats, il y avait deux listes, celle de Teura Iriti et Vincent Dubois et la liste de Nuihau Laurey et Lana Tetuanui. Le vote a eu lieu à bulletins secrets. Eh bien, Nuihau Laurey et Lana Tetuanui ont eu 25 voix et Teura Iriti et Dubois, 115 voix. Il n’y avait aucun doute là-dessus : les candidats du parti étaient Teura Iriti et Vincent Dubois.
Depuis, la situation a beaucoup changé.
Gaston Flosse : Depuis M. Fritch dit « Je veux avoir mes sénateurs ! » : il se met en dehors du Tahoera’a. Maintenant qu’il a son groupe, il veut avoir ses sénateurs à lui, de même qu’il a ses députés, Maina Sage et Jean-Paul Tuaiva. Il s’est mis complètement en situation d’affrontement contre le Tahoera’a. (…) Je suis garant du bon fonctionnement du Tahoera’a Huira’atira. J’ai un président délégué qui n’assiste plus aux instances du mouvement, 14 représentants qui n’assistent plus aux réunions des instances du parti. Alors j’ai introduit une modification du règlement intérieur ; mais elle n’a pas effet rétroactif. (…)
C‘est pour faire le ménage au sein du parti ?
Gaston Flosse : Non, c’est pour dire simplement qu’à partir d’aujourd’hui, tous ceux qui manqueront à trois réunions du conseil politique ou du Grand conseil se mettent en situation d’être démissionnaires d’office du Tahoera’a. S’ils viennent aux réunions, ils continueront à être membres. Depuis le 26 novembre dernier, ils n’assistent plus aux réunions. On ne peut pas continuer à avoir un groupe qui n’assiste plus aux réunions et qui critique le parti sans cesse… Qu’ils viennent s’expliquer. On ne demande que ça : qu’Edouard Fritch ait le courage de s’expliquer devant le Tahoera’a Huira'atira (…).
Partagez-vous l’avis de ceux qui analysent que le résultat des sénatoriales de dimanche prochain aura une influence déterminante jusqu’à la tête du parti ?
Gaston Flosse : Vous savez, d’abord jusqu’à présent nous nous demandons encore le motif juridique de l’annulation des élections [sénatoriales]. Parce que nous sommes venus en groupe ? A pied ? Bref, nous avons accepté cela. Avec tous les moyens qu’il met en route, vous savez c’est le combat de David contre Goliath : il a créé le contrat de projets pour les communes (12 milliards, ce n’est pas rien) ; il a accordé des subventions qui passent par cette Commission de contrôle budgétaire et financier (9 milliards de subventions) ; et les subventions en dehors de la CCBF. Depuis qu’il est Président Edouard Fritch a accordé 12 milliards, dont une majorité aux communes. Il a fait le tour des communes et presque toujours accompagné par le président du SPC, c'est-à-dire le mari de Lana Tetuanui, qui est candidate. (NDLR : sur les chiffres, une précision de la Présidence ICI)
Le leadership du parti est-il en jeu avec ces élections ?
Gaston Flosse : Non, pas du tout ! Mais la question, je vais vous la retourner : Si Edouard perd ces élections, quelle conclusion en tirera-t-il ? (…) Démissionnera-t-il ? En tous les cas, jamais le Tahoera’a ne déposera de motion de défiance, même s’il est battu. Il doit se remettre au travail. Son travail c’est de combattre la crise, le travail c’est de créer des emplois… Or on est loin de là. Il néglige totalement l’objet pour lequel il a été élu. Il ne s’occupe que des élections, du matin au soir et la nuit, jusqu’au matin. Le plus urgent c’est de créer de l’emploi, de sortir ces 80000 ressortissants du RST, de cette caisse de pauvreté et de misère, et puis de s’occuper du développement du Pays. Et ce n’est pas le cas.
A bientôt 84 ans, comment envisagez-vous votre succession à la tête du Tahoera’a Huira’atira ?
Gaston Flosse : Pourquoi me parlez-vous de 84 ans ? Je suis en bonne santé, intellectuellement je suis bien. Vous savez, le nombre d’années, je crois, ne compte pas. C’est un état d’esprit. Je peux encore travailler. Je peux rendre service. Je suis ici au service du groupe Tahoera’a Huira’atira. Je travaille bénévolement. Et, tant que j’ai encore toutes les forces physiques et intellectuelles, je continuerai.
Dans trois ans, souhaitez-vous être de nouveau candidat à la Présidence ?
Gaston Flosse : C’est le Tahoera’a qui décidera. Si le parti me désigne : oui, j’accepterai.
Le Tahoera’a c’est vous, non ?
Gaston Flosse : Non, non, c’est toute une équipe. Je ne suis pas seul à la tête du Tahoera’a. Malheureusement, certains sur qui je comptais et que j’avais placés à des postes de hautes responsabilités, m’ont trahi. Que voulez-vous, c’est le jeu politique. (…)
> Lire aussi : Edouard Fritch : "Je ne me reconnais plus dans la direction du parti"
Que se passe-t-il à la tête du Tahoera’a, depuis qu'Edouard Fritch est à la Présidence ?
Gaston Flosse : Edouard Fritch est élu le 12 septembre. Tout se passe bien jusqu’à ce que, le 26 novembre, le Tahoera’a Huira’atira, par l’intermédiaire du président de l’Assemblée et avec l’accord de tout le monde, dépose la résolution dite sur le nucléaire, par laquelle nous demandons à l’Etat la prise en charge des dommages causés à l’environnement sur la Polynésie à la suite des essais nucléaires. Et, puisqu’il compte se maintenir à Moruroa et Fangataufa indéfiniment, un loyer pour l’occupation de ces terres domaniales.
Dans une interview accordée à Tahiti infos, Edouard Fritch place aussi la rupture entre vous à ce moment-là, et déclare aujourd’hui ne plus se reconnaître dans la "direction du parti", c'est-à-dire dans les décisions que vous prenez.
Gaston Flosse : A partir de là, il crée son groupe à l’Assemblée. Ils étaient 13 et sont maintenant 14, avec Lana Tetuanui. Et à côté, il y a 24 représentants Tahoera’a Huira’atira. Depuis son élection, il n’assiste plus aux instances du Tahoera’a Huira’atira. C’est facile d’attaquer le parti par le biais des médias. Mais il faut avoir le courage de venir s’expliquer devant les instances du parti : le conseil politique, le Grand conseil… Or nous connaissons Edouard Fritch pour son courage : il n’est jamais venu. (…) Ce qui est plus grave c’est qu’il a fait de ce groupe, son groupe à l’Assemblée. (…)
Depuis qu’il a été élu : plus un mot ; pas un seul échange ; pas de dialogue ; même pas un "bonjour". C’est extraordinaire comment un homme a pu changer comme ça (…). Je ne sais pas quelle est cette haine qui est entrée en lui pour m’en vouloir à ce point là.
Etes-vous déçu ?
Gaston Flosse : Ah oui, très, très déçu. Je ne pensais pas qu’il irait jusqu’à ce point là (…).
Finalement, n’est-ce pas cet affrontement entre vous et lui qui crée cette instabilité au Tahoera’a ?
Gaston Flosse : Oui, oui, oui. Non, il n’y a pas. Je n’ai rien contre lui. Rappelez-vous que j’avais fait le premier pas, pour notre rencontre [du 20 février]. (…) Depuis ce jour-là, nous ne nous sommes plus revus. Ca a été un échec total. Il en a profité pour vomir tout ce qu’il avait sur l’estomac. Et puis c’est tout.
Redoutez-vous aujourd'hui qu’il fasse ce que vous avez nommé "une OPA" sur le Tahoera’a Huira’atira ?
Gaston Flosse : Ah, c’est son objectif, oui. C’est la raison pour laquelle il continue à rester au Tahoera’a. (…)
Dans cette logique, Edouard Fritch peut-il, selon vous, demeurer président délégué du parti ?
Gaston Flosse : Ca c’est un autre problème. C’est le congrès qui éliera le président et le président délégué. Depuis l’annulation des élections sénatoriales nous avons mis en sommeil le congrès. (…) Pour l‘instant, nous nous battons pour que les deux candidats qui ont été désignés par le Grand conseil du Tahoera’a Huira’atira [soient élus]. Sachez que l’année dernière, lorsque le conseil a dû désigner les candidats, il y avait deux listes, celle de Teura Iriti et Vincent Dubois et la liste de Nuihau Laurey et Lana Tetuanui. Le vote a eu lieu à bulletins secrets. Eh bien, Nuihau Laurey et Lana Tetuanui ont eu 25 voix et Teura Iriti et Dubois, 115 voix. Il n’y avait aucun doute là-dessus : les candidats du parti étaient Teura Iriti et Vincent Dubois.
Depuis, la situation a beaucoup changé.
Gaston Flosse : Depuis M. Fritch dit « Je veux avoir mes sénateurs ! » : il se met en dehors du Tahoera’a. Maintenant qu’il a son groupe, il veut avoir ses sénateurs à lui, de même qu’il a ses députés, Maina Sage et Jean-Paul Tuaiva. Il s’est mis complètement en situation d’affrontement contre le Tahoera’a. (…) Je suis garant du bon fonctionnement du Tahoera’a Huira’atira. J’ai un président délégué qui n’assiste plus aux instances du mouvement, 14 représentants qui n’assistent plus aux réunions des instances du parti. Alors j’ai introduit une modification du règlement intérieur ; mais elle n’a pas effet rétroactif. (…)
C‘est pour faire le ménage au sein du parti ?
Gaston Flosse : Non, c’est pour dire simplement qu’à partir d’aujourd’hui, tous ceux qui manqueront à trois réunions du conseil politique ou du Grand conseil se mettent en situation d’être démissionnaires d’office du Tahoera’a. S’ils viennent aux réunions, ils continueront à être membres. Depuis le 26 novembre dernier, ils n’assistent plus aux réunions. On ne peut pas continuer à avoir un groupe qui n’assiste plus aux réunions et qui critique le parti sans cesse… Qu’ils viennent s’expliquer. On ne demande que ça : qu’Edouard Fritch ait le courage de s’expliquer devant le Tahoera’a Huira'atira (…).
Partagez-vous l’avis de ceux qui analysent que le résultat des sénatoriales de dimanche prochain aura une influence déterminante jusqu’à la tête du parti ?
Gaston Flosse : Vous savez, d’abord jusqu’à présent nous nous demandons encore le motif juridique de l’annulation des élections [sénatoriales]. Parce que nous sommes venus en groupe ? A pied ? Bref, nous avons accepté cela. Avec tous les moyens qu’il met en route, vous savez c’est le combat de David contre Goliath : il a créé le contrat de projets pour les communes (12 milliards, ce n’est pas rien) ; il a accordé des subventions qui passent par cette Commission de contrôle budgétaire et financier (9 milliards de subventions) ; et les subventions en dehors de la CCBF. Depuis qu’il est Président Edouard Fritch a accordé 12 milliards, dont une majorité aux communes. Il a fait le tour des communes et presque toujours accompagné par le président du SPC, c'est-à-dire le mari de Lana Tetuanui, qui est candidate. (NDLR : sur les chiffres, une précision de la Présidence ICI)
Le leadership du parti est-il en jeu avec ces élections ?
Gaston Flosse : Non, pas du tout ! Mais la question, je vais vous la retourner : Si Edouard perd ces élections, quelle conclusion en tirera-t-il ? (…) Démissionnera-t-il ? En tous les cas, jamais le Tahoera’a ne déposera de motion de défiance, même s’il est battu. Il doit se remettre au travail. Son travail c’est de combattre la crise, le travail c’est de créer des emplois… Or on est loin de là. Il néglige totalement l’objet pour lequel il a été élu. Il ne s’occupe que des élections, du matin au soir et la nuit, jusqu’au matin. Le plus urgent c’est de créer de l’emploi, de sortir ces 80000 ressortissants du RST, de cette caisse de pauvreté et de misère, et puis de s’occuper du développement du Pays. Et ce n’est pas le cas.
A bientôt 84 ans, comment envisagez-vous votre succession à la tête du Tahoera’a Huira’atira ?
Gaston Flosse : Pourquoi me parlez-vous de 84 ans ? Je suis en bonne santé, intellectuellement je suis bien. Vous savez, le nombre d’années, je crois, ne compte pas. C’est un état d’esprit. Je peux encore travailler. Je peux rendre service. Je suis ici au service du groupe Tahoera’a Huira’atira. Je travaille bénévolement. Et, tant que j’ai encore toutes les forces physiques et intellectuelles, je continuerai.
Dans trois ans, souhaitez-vous être de nouveau candidat à la Présidence ?
Gaston Flosse : C’est le Tahoera’a qui décidera. Si le parti me désigne : oui, j’accepterai.
Le Tahoera’a c’est vous, non ?
Gaston Flosse : Non, non, c’est toute une équipe. Je ne suis pas seul à la tête du Tahoera’a. Malheureusement, certains sur qui je comptais et que j’avais placés à des postes de hautes responsabilités, m’ont trahi. Que voulez-vous, c’est le jeu politique. (…)