PAPEETE, le 29 novembre 2018 - En juin 2016 à Paea, suite à une dispute sur fond de rancœur familial, deux frères se battent violemment. L'un d'entre eux, François T, décède des suites de ses blessures. L'accusé comparaissait donc ce jeudi devant la cour d'assises pour des coups mortels portés à son frère. L'homme a été acquitté par la cour d'assises.
Le 4 juin 2016 à Paea, les gendarmes interviennent dans le quartier Baldwin. Deux frères viennent de se battre violemment, l’un d’entre eux, François T est inconscient. Pris en charge par les pompiers, il décède suite à un traumatisme crânien. Placé en garde à vue, l’auteur des coups mortels s’effondre lorsqu’il apprend que son frère est décédé.
Les témoignages recueillis par les enquêteurs dessinent un contexte de rixe familiale sur fond d’alcoolisation massive. La victime, François T, avait beaucoup bu. Les analyses sanguines pratiquées démontreront qu’il présentait un taux d’alcool de 3 grammes par litre de sang.
Le 4 juin 2016 à Paea, les gendarmes interviennent dans le quartier Baldwin. Deux frères viennent de se battre violemment, l’un d’entre eux, François T est inconscient. Pris en charge par les pompiers, il décède suite à un traumatisme crânien. Placé en garde à vue, l’auteur des coups mortels s’effondre lorsqu’il apprend que son frère est décédé.
Les témoignages recueillis par les enquêteurs dessinent un contexte de rixe familiale sur fond d’alcoolisation massive. La victime, François T, avait beaucoup bu. Les analyses sanguines pratiquées démontreront qu’il présentait un taux d’alcool de 3 grammes par litre de sang.
Les faits
Le jour des faits, François T fête son anniversaire. Après une partie de kikiriri, et une première bagarre il regagne le domicile de sa mère au sein duquel il croise son frère, Vatea T. Les deux hommes ont toujours eu une relation compliquée et se sont déjà battus à plusieurs reprises. Alors qu’une dispute éclate sur fond de problématique familiale, François T s’en prend à son frère. Il le fait tomber de sa chaise puis lui assène un coup de pied alors qu’il se trouve au sol. Selon les témoins, l’affrontement est d’une grande violence. Vatea T s'en va mais il est rattrapé par son frère qui le menace de mort. L'accusé assène alors un coup de poing qui fait chuter la victime puis il lui porte deux autres coups de pied. Un homme tente de s'interposer. François T décède dans la soirée suite à un traumatisme crânien.
Vatea T comparaissait donc ce jeudi devant la cour d'assises pour avoir involontairement donné la mort à son frère aîné.
Vatea T comparaissait donc ce jeudi devant la cour d'assises pour avoir involontairement donné la mort à son frère aîné.
Longs silences
Dès le début de son procès, l'accusé s'excuse d'une voix sourde : « Je regrette tout ce qui s'est passé. Je ne voulais pas en arriver là et je demande pardon à tout le monde. » L'homme explique à la cour qu'il a très mal supporté les quelques mois passés à Nuutania, un « endroit pas fait pour les hommes, un endroit invivable où l'on n'avait pas d'eau portable. »
Quand vient le moment d'évoquer les faits, l'accusé, qui semble très abattu tout en ayant le contrôle de lui-même, peine à répondre. De longs silences précèdent ses déclarations. Le soir du drame, l'homme dit qu'il s'est senti en danger de mort lorsque son frère lui a dit « nous ne sommes plus frères et là, je vais te tuer. » Après avoir subi plusieurs assauts de violence, Vatea T rend les coups à son frère pour que ce dernier « arrête de l'attaquer. » Face à la cour, l'accusé affirme que François T ne se serait jamais arrêté s'il n'avait pas été immobilisé.
Les témoins, qui connaissaient la victime et l'accusé, se succèdent devant la cour d'assises et l'on sent bien que chacun d'entre eux tente à sa manière de se positionner dans ce drame intrafamilial. La victime est décrite comme une personne « impulsive » qui ne « supporte pas la contradiction.» A la barre, le frère de la victime et de l'accusé concède que leur mère avait un faible pour François : « François et Vatea étaient aussi bagarreurs l'un que l'autre, j'avais peur d'eux. Mais je sais qu'ils s'aimaient. » Un proche de Vatea T, présent le soir du drame, déclare que l'accusé a continué de frapper la victime alors qu'elle était au sol car il « savait que si son grand frère se relevait, c'était fini pour lui. »
Quand vient le moment d'évoquer les faits, l'accusé, qui semble très abattu tout en ayant le contrôle de lui-même, peine à répondre. De longs silences précèdent ses déclarations. Le soir du drame, l'homme dit qu'il s'est senti en danger de mort lorsque son frère lui a dit « nous ne sommes plus frères et là, je vais te tuer. » Après avoir subi plusieurs assauts de violence, Vatea T rend les coups à son frère pour que ce dernier « arrête de l'attaquer. » Face à la cour, l'accusé affirme que François T ne se serait jamais arrêté s'il n'avait pas été immobilisé.
Les témoins, qui connaissaient la victime et l'accusé, se succèdent devant la cour d'assises et l'on sent bien que chacun d'entre eux tente à sa manière de se positionner dans ce drame intrafamilial. La victime est décrite comme une personne « impulsive » qui ne « supporte pas la contradiction.» A la barre, le frère de la victime et de l'accusé concède que leur mère avait un faible pour François : « François et Vatea étaient aussi bagarreurs l'un que l'autre, j'avais peur d'eux. Mais je sais qu'ils s'aimaient. » Un proche de Vatea T, présent le soir du drame, déclare que l'accusé a continué de frapper la victime alors qu'elle était au sol car il « savait que si son grand frère se relevait, c'était fini pour lui. »
« Rivalité de longue date »
Pour la psychologue qui a rencontré l'accusé après les faits, les deux frères entretenaient une « rivalité de longue date » qui trouvait son origine dans la supposée préférence de leur mère pour la victime. Durant l'entretien avec la spécialiste, l'accusé avait évoqué la « violence » fréquente de son frère à son égard, les « humiliations» que la victime lui faisait subir.
Selon cette psychologue, entendue par la cour d'assises, l'accusé présente une personnalité « fragile » et « égocentrique » qui a des difficultés à assumer son geste puisque son acte porte atteinte à son narcissisme. A la question de l'avocat général qui s'interroge sur l'attitude de repentance adoptée par l'accusé au cours de son procès, la psychologue indique que Vatea T semble sincère : « cette position démontre qu'il est en train d'encaisser les faits. »
Aux yeux de Me François Quinquis, conseil de la partie civile, ce drame s'est déroulé sur fond de « bêtise » et de « jalousie. » « Lors de la dernière scène de violence, Vatea s'est acharné sur son frère », cette « violence exacerbée » ne peut, selon le bâtonnier, en aucun cas s'apparenter à de la légitime défense puisque la victime était « déjà terrassée à terre » lorsqu'elle a reçu les derniers coups.
Selon cette psychologue, entendue par la cour d'assises, l'accusé présente une personnalité « fragile » et « égocentrique » qui a des difficultés à assumer son geste puisque son acte porte atteinte à son narcissisme. A la question de l'avocat général qui s'interroge sur l'attitude de repentance adoptée par l'accusé au cours de son procès, la psychologue indique que Vatea T semble sincère : « cette position démontre qu'il est en train d'encaisser les faits. »
Aux yeux de Me François Quinquis, conseil de la partie civile, ce drame s'est déroulé sur fond de « bêtise » et de « jalousie. » « Lors de la dernière scène de violence, Vatea s'est acharné sur son frère », cette « violence exacerbée » ne peut, selon le bâtonnier, en aucun cas s'apparenter à de la légitime défense puisque la victime était « déjà terrassée à terre » lorsqu'elle a reçu les derniers coups.
« Thèse irrecevable »
« Ne perdez jamais de vue qu'un être humain a perdu la vie » prévient l'avocat général à l'aune de ses réquisitions. « Aux yeux du ministère public, la thèse de la légitime défense n'est pas recevable. Il faut une vision très claire pour comprendre ce qui a pu se passer le jour des faits. Il s'agit ici de faits volontaires, de coups dont les conséquences ont entraîné la mort (…) Alors que son frère était à terre, l'accusé lui a porté une série de coups. Il a fait preuve d'une violence débridée » Pour l'avocat général, ces faits, qui se sont déroulés sur fond d'alcool et de stupéfiants, sont symptomatiques : « j'ai l'impression de prêcher dans le désert et je me demande encore combien de dossiers de ce type viendront devant nous. » Au terme des réquisitions, l'avocat général requiert cinq ans de prison dont deux ans avec sursis.
A l’œuvre pour la défense, et comme il l'avait annoncé aux jurés, Me Vincent Dubois plaide l’acquittement : « La question principale que vous, les jurés, aurez à trancher est celle de la légitime défense. Les témoins l'ont dit : c'était « sauve qui peut », « lui ou moi. » Ce dossier est celui d'un garçon qui va tuer son frère après avoir été agressé à plusieurs reprises durant dix minutes » Pour l'avocat, il ne faut séparer la scène fatale ni du déroulement des épisodes de violence, ni du passif des deux frères : « La légitime défense est là, dans la globalité de cette situation . Tout ce que dit mon client est qu'il voulait que la violence de son frère cesse, il voulait que François arrête de lui faire du mal. »
La cour d'assises a finalement acquitté l'accusé.
A l’œuvre pour la défense, et comme il l'avait annoncé aux jurés, Me Vincent Dubois plaide l’acquittement : « La question principale que vous, les jurés, aurez à trancher est celle de la légitime défense. Les témoins l'ont dit : c'était « sauve qui peut », « lui ou moi. » Ce dossier est celui d'un garçon qui va tuer son frère après avoir été agressé à plusieurs reprises durant dix minutes » Pour l'avocat, il ne faut séparer la scène fatale ni du déroulement des épisodes de violence, ni du passif des deux frères : « La légitime défense est là, dans la globalité de cette situation . Tout ce que dit mon client est qu'il voulait que la violence de son frère cesse, il voulait que François arrête de lui faire du mal. »
La cour d'assises a finalement acquitté l'accusé.