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Etude sur les dangers du Cruiser pour les abeilles: écologistes et apiculteurs applaudissent


Etude sur les dangers du Cruiser pour les abeilles: écologistes et apiculteurs applaudissent
PARIS, 30 mars 2012 (AFP) - Ecologistes et apiculteurs ont applaudi vendredi la publication d'une étude dans la revue Science sur les dangers pour les abeilles du pesticide Cruiser et ont réitéré leurs appels à interdire ce produit, dont le fabricant a contesté les conclusions des chercheurs.

Auteurs de l'étude publiée jeudi dans la revue scientifique américaine Science, les chercheurs Mickaël Henry (Institut national de la recherche scientifique) et Axel Decourtye (réseau des instituts techniques agricoles) ont marqué 653 abeilles en collant sur leur thorax une puce à radio-identification permettant de suivre leurs déplacements.

Ils ont ensuite donné à certaines d'entre elles une dose de thiaméthoxam et constaté qu'elles avaient du mal à retrouver leur ruche, réduisant d'autant leurs chances de vivre. Un modèle mathématique établit d'ailleurs que les populations d'abeilles exposées au pesticide chutaient à un niveau ne permettant plus leur renouvellement.

Dès jeudi soir, le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire a indiqué avoir demandé l'avis de l'Agence de sécurité sanitaire concernée, l'Anses, pour qu'elle confirme -ou non- d'ici deux mois, c'est-à-dire avant la nouvelle campagne de semences, que les dangers présentés par le pesticide dans le cadre de l'étude se confirmaient en plein champ.

"Si ces nouvelles données étaient confirmées, l'autorisation de mise sur le marché" du Cruiser OSR, qui protège les semis de colza, "serait retirée", a-t-il indiqué.

L'Union nationale de l'apiculture française (Unaf), qui milite de longue date contre ce pesticide, s'est réjouie du "nouvel éclairage apporté par l'étude". Mais craignant que que les déclarations de M. Le Maire ne s'expliquent que par "la période électorale", elle a demandé une interdiction immédiate.

Selon l'Unaf, un avis au 31 mai serait trop tardif par rapport au calendrier de commande des graines de colza. "Le temps n'est plus aux études mais à l'action politique courageuse", estime le syndicat des apiculteurs.

Le réseau France Nature Environnement (FNE) a pour sa part vu "un message extrêmement positif" dans la réaction du ministère>.

Michèle Rivasi, députée européenne EELV et porte-parole d'Eva Joly, s'est félicitée également de l'annonce du ministère. Elle a rappelé aussi que "les abeilles ne sont pas les seules victimes des phytosanitaires", "de plus en plus d'agriculteurs" étant affectés par ces produits.

Le fabricant du pesticide, Syngenta, numéro un mondial de l'agrochimie, a pour sa part contesté les conclusions de l'étude, en affirmant qu'elle était "fortement éloignée de la réalité".

Selon le groupe suisse, la dose d'insecticide administrée est "au moins trente fois plus élevée que celle du nectar de colza protégé avec du Cruiser", et pour atteindre la quantité de thiaméthoxam retenue dans l'étude, l'abeille devrait consommer quotidiennement jusqu'à sept fois son propre poids en nectar.

Axel Decourtye, un des co-auteurs de l'étude, a contesté ce point, indiquant que l'étude avait été conduite avec une dose qui peut être rencontrée en conditions réelles. Il a par ailleurs fait valoir qu'en tout état de cause le travail des chercheurs consistait à "regarder le danger de ce pesticide sur l'abeille, pas l'exposition des abeilles en condition réelle".

"Chacun son boulot, ce n'est pas à nous, et encore moins à la firme, de définir s'il y a risque ou pas, ce sont les instances officielles qui ont mission de statuer là-dessus", a-t-il indiqué.

chc/alu/bma

Rédigé par Par Christine COURCOL le Vendredi 30 Mars 2012 à 06:38 | Lu 786 fois