Namyangju, Corée du Sud | AFP | mercredi 27/12/2017 - Labradors, beagles comme bâtards aboient tant et plus quand leurs sauveurs les extirpent de leurs cages rouillées dans une ferme de Corée du Sud. Ils seront envoyés dans des familles d'accueil occidentales, évitant ainsi de finir dans l'assiette.
Face à une demande en berne, l'éleveur Kim Young-Hwan a accepté de fermer son établissement en échange de dédommagements versés par la Humane Society International (HSI), association dont le siège est aux Etats-Unis.
C'est le dixième éleveur en trois ans à accepter la proposition. Les sommes exactes sont confidentielles mais les transactions se chiffrent en centaines de milliers de dollars, y compris les coûts d'adoption.
Mais les appels à interdire la consommation de la viande de chien, qui émanent pour en bonne partie de l'étranger, se heurtent à des réactions mitigées, voire à des accusations d'hypocrisie occidentale.
"Cette activité est condamnée. J'ai voulu arrêter avant qu'il ne soit trop tard", soupire M. Kim, 56 ans.
Sa ferme d'élevage, située à Namyangju, au nord de Séoul, comptait 170 chiens.
"Les prix se sont effondrés ces dernières années", explique-t-il à l'AFP. "J'arrive à peine à joindre les deux bouts. En plus, les défenseurs des animaux me harcèlent tout le temps. C'est pénible".
D'après les estimations, les Sud-Coréens consomment un million de chiens environ chaque année. C'est un met délicat qui se déguste l'été. La viande rouge et grasse, toujours bouillie pour la tendreté, est réputée énergétique.
Mais la tradition se perd. Les chiens sont de plus en plus appréciés, mais comme animaux de compagnie, et manger leur viande est déjà un tabou parmi les jeunes Sud-Coréens.
Les défenseurs des animaux ont redoublé leurs efforts pour en faire interdire la consommation. Campagnes qui provoquent des débats houleux, nombre de Sud-Coréens dénonçant un deux poids deux mesures culturel.
"Je ne mange pas de chien mais je suis dégoûté par ceux qui prétendent que seuls les animaux suffisamment mignons ou suffisamment aimables aux yeux des Occidentaux méritent de vivre", s'insurge un internaute.
Un cinquième des 50 millions de Sud-Coréens ont un animal de compagnie, surtout des chats et des chiens, relève un autre internaute. Mais pour beaucoup, les chiens "ne sont pas plus spéciaux que les agneaux ou les lapins".
Un débat qui se retrouve dans d'autres sociétés asiatiques consommatrices de chiens, comme en Chine, où le festival de la viande canine de Yulin attire les foules au grand dam des critiques occidentaux.
Taïwan a interdit la consommation de viande canine en avril, avec des réactions mitigées. D'aucuns ont jugé injuste de vouloir épargner certaines espèces en vertu "d'une loi mignonne de défense des animaux".
L'opinion est divisée en Corée du Sud, comme en témoignent les sondages.
Si 70% des Sud-Coréens ne mangent pas de chien, ils ne sont que 40% à exiger l'interdiction d'en consommer. Selon ce sondage récent, ils sont 65% à vouloir que les chiens soient élevés et abattus dans de meilleures conditions.
Il n'y a pas de loi réglementant l'abattage des chiens en Corée du Sud. Les éleveurs demandent au gouvernement de soumettre le secteur à la même règlementation que le bétail mais les défenseurs des animaux exigent son abolition pure et simple.
Chez M. Kim, des cages d'environ deux mètres carrés abritaient deux chiens dans la puanteur des excréments. Ils pouvaient y passer jusqu'à un an avant de partir à l'abattoir.
Pour Kelly O'Meara, une directrice de HSI, aucun animal ne doit subir de telles conditions.
Les opérations de secours canines figurent parmi les initiatives les plus coûteuses du groupe. Toutes les étapes de la fermeture des élevages sont mises en ligne en direct pour susciter les dons.
Ahn Yong-Geun, nutritionniste à l'Université ChungCheong de Cheongju, se demande si ces organisations monteraient au créneau "avec la même agressivité" contre l'élevage porcin et bovin, secteurs bien plus importants qui disposent d'un gros pouvoir de lobbying et du soutien de l'opinion publique.
"Ces militants ne rameuteraient pas autant les donateurs pour des projets de sauvetage de cochons ou de vaches alors que ces animaux ont la même capacité à souffrir et à aimer que les chiens", dit-il.
HSI encourage les gens à "réduire leur consommation de viande", répond Wendy Higgins, chargée des médias internationaux chez HSI.
Elle reconnaît que les opérations de secours aux porcs "ne sont pas très fréquentes". Mais "malgré tout", le battage autour de la viande canine "fait que les gens élargissent le champ de leur compassion à d'autres bêtes d'élevage", estime-t-elle.
M. Kim lui n'élèvera plus d'animaux pour leur viande, conformément à son accord avec HSI. "La société a changé. Manger du chien, c'est vu comme un crime aujourd'hui".
Face à une demande en berne, l'éleveur Kim Young-Hwan a accepté de fermer son établissement en échange de dédommagements versés par la Humane Society International (HSI), association dont le siège est aux Etats-Unis.
C'est le dixième éleveur en trois ans à accepter la proposition. Les sommes exactes sont confidentielles mais les transactions se chiffrent en centaines de milliers de dollars, y compris les coûts d'adoption.
Mais les appels à interdire la consommation de la viande de chien, qui émanent pour en bonne partie de l'étranger, se heurtent à des réactions mitigées, voire à des accusations d'hypocrisie occidentale.
"Cette activité est condamnée. J'ai voulu arrêter avant qu'il ne soit trop tard", soupire M. Kim, 56 ans.
Sa ferme d'élevage, située à Namyangju, au nord de Séoul, comptait 170 chiens.
"Les prix se sont effondrés ces dernières années", explique-t-il à l'AFP. "J'arrive à peine à joindre les deux bouts. En plus, les défenseurs des animaux me harcèlent tout le temps. C'est pénible".
D'après les estimations, les Sud-Coréens consomment un million de chiens environ chaque année. C'est un met délicat qui se déguste l'été. La viande rouge et grasse, toujours bouillie pour la tendreté, est réputée énergétique.
- 'Des agneaux et des lapins' -
Mais la tradition se perd. Les chiens sont de plus en plus appréciés, mais comme animaux de compagnie, et manger leur viande est déjà un tabou parmi les jeunes Sud-Coréens.
Les défenseurs des animaux ont redoublé leurs efforts pour en faire interdire la consommation. Campagnes qui provoquent des débats houleux, nombre de Sud-Coréens dénonçant un deux poids deux mesures culturel.
"Je ne mange pas de chien mais je suis dégoûté par ceux qui prétendent que seuls les animaux suffisamment mignons ou suffisamment aimables aux yeux des Occidentaux méritent de vivre", s'insurge un internaute.
Un cinquième des 50 millions de Sud-Coréens ont un animal de compagnie, surtout des chats et des chiens, relève un autre internaute. Mais pour beaucoup, les chiens "ne sont pas plus spéciaux que les agneaux ou les lapins".
Un débat qui se retrouve dans d'autres sociétés asiatiques consommatrices de chiens, comme en Chine, où le festival de la viande canine de Yulin attire les foules au grand dam des critiques occidentaux.
Taïwan a interdit la consommation de viande canine en avril, avec des réactions mitigées. D'aucuns ont jugé injuste de vouloir épargner certaines espèces en vertu "d'une loi mignonne de défense des animaux".
L'opinion est divisée en Corée du Sud, comme en témoignent les sondages.
- 'La souffrance et l'amour' -
Si 70% des Sud-Coréens ne mangent pas de chien, ils ne sont que 40% à exiger l'interdiction d'en consommer. Selon ce sondage récent, ils sont 65% à vouloir que les chiens soient élevés et abattus dans de meilleures conditions.
Il n'y a pas de loi réglementant l'abattage des chiens en Corée du Sud. Les éleveurs demandent au gouvernement de soumettre le secteur à la même règlementation que le bétail mais les défenseurs des animaux exigent son abolition pure et simple.
Chez M. Kim, des cages d'environ deux mètres carrés abritaient deux chiens dans la puanteur des excréments. Ils pouvaient y passer jusqu'à un an avant de partir à l'abattoir.
Pour Kelly O'Meara, une directrice de HSI, aucun animal ne doit subir de telles conditions.
Les opérations de secours canines figurent parmi les initiatives les plus coûteuses du groupe. Toutes les étapes de la fermeture des élevages sont mises en ligne en direct pour susciter les dons.
Ahn Yong-Geun, nutritionniste à l'Université ChungCheong de Cheongju, se demande si ces organisations monteraient au créneau "avec la même agressivité" contre l'élevage porcin et bovin, secteurs bien plus importants qui disposent d'un gros pouvoir de lobbying et du soutien de l'opinion publique.
"Ces militants ne rameuteraient pas autant les donateurs pour des projets de sauvetage de cochons ou de vaches alors que ces animaux ont la même capacité à souffrir et à aimer que les chiens", dit-il.
HSI encourage les gens à "réduire leur consommation de viande", répond Wendy Higgins, chargée des médias internationaux chez HSI.
Elle reconnaît que les opérations de secours aux porcs "ne sont pas très fréquentes". Mais "malgré tout", le battage autour de la viande canine "fait que les gens élargissent le champ de leur compassion à d'autres bêtes d'élevage", estime-t-elle.
M. Kim lui n'élèvera plus d'animaux pour leur viande, conformément à son accord avec HSI. "La société a changé. Manger du chien, c'est vu comme un crime aujourd'hui".