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Edito - ​Le serpent qui se mord la queue


 Après le budget primitif 2025 du Pays la semaine passée, les élus de l’assemblée de la Polynésie française ont reçu mercredi soir le package de lois fiscales qui l’accompagne.
 
Pour la vie chère, il faudra attendre. Werren Dexter l’a évoqué dans son entretien sur Radio 1 jeudi midi : “Le contexte est compliqué avec une économie qui repose essentiellement sur l'importation”.
 
L’importation, justement, c’est sur ce premier levier que le gouvernement souhaite tirer en réduisant les droits de douane des produits origine Océanie. L’idée : appliquer les taux réduits en faveur des produits et marchandises originaires des pays de l’Océanie de la même façon que cela est fait pour les produits venant du marché européen.
 
Une idée en demi-teinte qui pourrait effectivement tirer quelques prix vers le bas, si on considère toujours, évidemment, que nos voisins de Nouvelle-Zélande sont bien dans l’Océanie. En 2023, ce sont pour 14 milliards de francs de biens de consommation qui étaient importés de Nouvelle-Zélande, faisant du Pays au long nuage blanc le 5e exportateur de biens en Polynésie française, derrière la France, la Chine, les États-Unis et la Corée du Sud selon l’Institut de la statistique de la Polynésie française. Ce même ISPF qui notait de plus que les biens importés d’Océanie ne représentaient que 6% des importations, essentiellement des produits laitiers et de la viande, de quoi tuer définitivement les filières locales, ainsi que des produits métallurgiques et des produits en bois.
 
De l’Australie, elle aussi en Océanie donc éligible à ces nouveaux taux réduits, la Polynésie importe peu (à peine 3 milliards de francs), là encore en produits alimentaires (2,1 milliards de francs) mais aussi en produits pétroliers.
 
Il ne faudra donc pas attendre de révolution tarifaire sur les paniers de la ménagère avec cette nouvelle formule, surtout que, comme le rappelait la présidente de l’Autorité de la concurrence pendant son audition lors de la commission d’enquête sur le coût de la vie dans les collectivités territoriales l’année dernière, “l’étiquetage devant se faire en français, l’importation de produits de pays anglophones représenterait un surcoût plus important”.
 
Baisser les taxes sur des produits qui reviendraient plus chers à commander, c’est le serpent qui se mord la queue.
 
Bertrand Prévost

Rédigé par Bertrand PREVOST le Jeudi 21 Novembre 2024 à 19:04 | Lu 2623 fois