Lorient, France | AFP | mercredi 30/11/2021 - Pour réduire la prise d'espèces non ciblées par la pêche, une équipe de l'Ifremer teste à Lorient (Morbihan) des chaluts intelligents permettant de trier le poisson avant même de le remonter à bord des bateaux, mais également de limiter l'impact sur l'écosystème marin.
"Un chalut c'est comme une grande épuisette, on la remorque derrière le navire pendant plusieurs heures sans avoir connaissance de ce qui y entre en temps réel, à savoir est-ce que ce sont des espèces qui sont ciblées par le pêcheur ou non", illustre auprès de l'AFP Julien Simon, du Laboratoire de technologie et biologie halieutique de l'Ifremer.
Avec d'autres partenaires, dont l'université de Bretagne sud (UBS), la société Marport, spécialisée dans les capteurs de haute technologie, et le comité des pêches du Morbihan, l'institut public pilote ce projet de chalut intelligent baptisé Game of Trawls, jeu de mots avec la série à succès Game of Thrones et acronyme de Giving Artificial, Monitoring intElligence tO Fishing Trawls.
Chaque année, 20 millions de tonnes de poisson, soit environ le quart des captures marines totales, sont rejetées en mer ou ramenées à quai bien que non exploitées, selon l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Variable en fonction des espèces ciblées, le taux de rejet dans le cas de la pêche à la sardine est de 22%, quand il atteint 41% pour la pêche à la langoustine, selon des données de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer.
Malgré des engins de pêche de plus en plus sélectifs, grâce à des tailles et des formes de mailles adaptées, leur efficacité dépend toujours de la volonté ou non des poissons de s'en extraire et non d'une décision des pêcheurs.
"Les poissons adoptent souvent un comportement d'évitement face aux mailles des filets qui fait que finalement ils restent à l'intérieur", explique Julien Simon, soulignant également "l'effet banc".
Le chalut intelligent constitue "un outil d'aide à la décision pour les pêcheurs", assure l'ingénieur, dont le projet s'appuie sur les avancées technologiques récentes dans les domaines de l'intelligence artificielle et des réseaux de capteurs.
"bourré de technologie"
Doté de caméras, de capteurs et de puissants logiciels d'analyse le dispositif permet ainsi d'informer le pêcheur en temps réel des espèces capturées, de leur taille et de leur abondance.
"Cela ne m'intéresse pas d'avoir le poisson sur le pont et de le trier une fois qu'il est mort, je préfère le trier sur le fond", note Eric Guygniec, à la tête de l'armement breton Apak et partenaire du projet. Avec un tel dispositif "on sait à tout moment ce qui rentre dans le filet, la taille du poisson et l'espèce, et si l'espèce ne nous intéresse pas on peut ouvrir une trappe", détaille-t-il.
Outre ce dispositif innovant de filet pélagique, c'est-à-dire évoluant entre la surface et le fond sans entrer en contact avec celui-ci, un chalut de fond, également doté de caméras et de capteurs, est en test à Lorient. Mais cette fois le dispositif vise à préserver au mieux l'écosystème marin.
"En fonction de la présence d'espèces ciblées ou non ciblées, le chalut va se mettre en mode pêche ou en mode vol afin d'éviter d'avoir un impact sur les fonds marins", explique Julien Simon, devant un prototype immergé dans ce bassin où un courant est généré afin de simuler l'avancée d'un bateau.
Cependant, sur les quais, certains marins s'inquiètent du coût d'un tel dispositif. Même si, comme toute innovation vertueuse, il pourrait ouvrir droit à des aides lors de sa mise sur le marché d'ici 2025.
"Est-ce qu'on pourra acheter un chalut de ce type bourré de technologie?" s'interroge un patron-pêcheur de Lorient qui n'a pas souhaité donner son nom. Il dit avoir récemment mis en vente son bateau du fait des contraintes "trop lourdes" qui pèsent sur la profession.
"C'est sûr que ça va avoir un coût", prévient également Soazig Palmer-Le Gall à la tête de l'armement Bigouden du Guilvinec (Finistère) et présidente de l'organisation de producteur (OP) Pêcheurs de Bretagne.
"Un chalut c'est comme une grande épuisette, on la remorque derrière le navire pendant plusieurs heures sans avoir connaissance de ce qui y entre en temps réel, à savoir est-ce que ce sont des espèces qui sont ciblées par le pêcheur ou non", illustre auprès de l'AFP Julien Simon, du Laboratoire de technologie et biologie halieutique de l'Ifremer.
Avec d'autres partenaires, dont l'université de Bretagne sud (UBS), la société Marport, spécialisée dans les capteurs de haute technologie, et le comité des pêches du Morbihan, l'institut public pilote ce projet de chalut intelligent baptisé Game of Trawls, jeu de mots avec la série à succès Game of Thrones et acronyme de Giving Artificial, Monitoring intElligence tO Fishing Trawls.
Chaque année, 20 millions de tonnes de poisson, soit environ le quart des captures marines totales, sont rejetées en mer ou ramenées à quai bien que non exploitées, selon l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Variable en fonction des espèces ciblées, le taux de rejet dans le cas de la pêche à la sardine est de 22%, quand il atteint 41% pour la pêche à la langoustine, selon des données de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer.
Malgré des engins de pêche de plus en plus sélectifs, grâce à des tailles et des formes de mailles adaptées, leur efficacité dépend toujours de la volonté ou non des poissons de s'en extraire et non d'une décision des pêcheurs.
"Les poissons adoptent souvent un comportement d'évitement face aux mailles des filets qui fait que finalement ils restent à l'intérieur", explique Julien Simon, soulignant également "l'effet banc".
Le chalut intelligent constitue "un outil d'aide à la décision pour les pêcheurs", assure l'ingénieur, dont le projet s'appuie sur les avancées technologiques récentes dans les domaines de l'intelligence artificielle et des réseaux de capteurs.
"bourré de technologie"
Doté de caméras, de capteurs et de puissants logiciels d'analyse le dispositif permet ainsi d'informer le pêcheur en temps réel des espèces capturées, de leur taille et de leur abondance.
"Cela ne m'intéresse pas d'avoir le poisson sur le pont et de le trier une fois qu'il est mort, je préfère le trier sur le fond", note Eric Guygniec, à la tête de l'armement breton Apak et partenaire du projet. Avec un tel dispositif "on sait à tout moment ce qui rentre dans le filet, la taille du poisson et l'espèce, et si l'espèce ne nous intéresse pas on peut ouvrir une trappe", détaille-t-il.
Outre ce dispositif innovant de filet pélagique, c'est-à-dire évoluant entre la surface et le fond sans entrer en contact avec celui-ci, un chalut de fond, également doté de caméras et de capteurs, est en test à Lorient. Mais cette fois le dispositif vise à préserver au mieux l'écosystème marin.
"En fonction de la présence d'espèces ciblées ou non ciblées, le chalut va se mettre en mode pêche ou en mode vol afin d'éviter d'avoir un impact sur les fonds marins", explique Julien Simon, devant un prototype immergé dans ce bassin où un courant est généré afin de simuler l'avancée d'un bateau.
Cependant, sur les quais, certains marins s'inquiètent du coût d'un tel dispositif. Même si, comme toute innovation vertueuse, il pourrait ouvrir droit à des aides lors de sa mise sur le marché d'ici 2025.
"Est-ce qu'on pourra acheter un chalut de ce type bourré de technologie?" s'interroge un patron-pêcheur de Lorient qui n'a pas souhaité donner son nom. Il dit avoir récemment mis en vente son bateau du fait des contraintes "trop lourdes" qui pèsent sur la profession.
"C'est sûr que ça va avoir un coût", prévient également Soazig Palmer-Le Gall à la tête de l'armement Bigouden du Guilvinec (Finistère) et présidente de l'organisation de producteur (OP) Pêcheurs de Bretagne.