Bangkok, Thaïlande | AFP | mercredi 18/09/2024 - Dans des laboratoires du monde entier, un réseau de médecins et de chercheurs s'efforce d'identifier les nouvelles menaces virales, dont certaines sont liées au changement climatique, dans l'espoir de prévenir la prochaine pandémie.
Cette coalition de "chasseurs de virus", comme elle se surnomme elle-même, a déjà découvert toutes sortes de maux nouveaux, depuis une maladie inhabituelle transmise par les tiques en Thaïlande jusqu'à l'apparition surprise, en Colombie, d'une infection véhiculée par des moucherons.
"La liste des choses dont nous devons nous préoccuper, comme nous l'avons vu avec le Covid-19, n'est pas statique", explique Gavin Cloherty, un expert en maladies infectieuses qui dirige ce réseau, l'Abbott Pandemic Defense Coalition.
"Nous devons surveiller de près la façon dont évoluent les méchants que nous connaissons déjà, mais aussi l'arrivée de petits nouveaux", poursuit-il.
Financée par le géant américain de la santé et des appareils médicaux Abbott, la coalition rassemble des médecins et des chercheurs du monde entier.
En découvrant de nouvelles menaces, la coalition donne à Abbott une longueur d'avance dans la conception des kits de test comme ceux qui ont été au coeur de la réponse à la crise du Covid-19. Et le soutien d'un grand groupe industriel permet à la coalition de disposer de moyens importants pour détecter, séquencer et combattre les nouveaux virus.
"Quand nous trouvons quelque chose, nous sommes en mesure de réaliser très rapidement des tests de diagnostic au niveau industriel", se félicite M. Cloherty. "L'idée est de circonscrire une épidémie, de manière à empêcher une pandémie".
Depuis ses débuts en 2021, la coalition a séquencé quelque 13.000 échantillons.
En Colombie, elle a découvert un foyer d'Oropouche, un virus propagé par les moucherons et les moustiques, qui avait rarement été observé dans ce pays auparavant.
Les travaux phylogénétiques visant à retracer l'arbre généalogique de la souche ont révélé qu'elle provenait du Pérou ou d'Équateur plutôt que du Brésil, un autre point chaud. "On peut voir la façon dont les choses évoluent. Du point de vue de la santé publique, c'est important", selon M. Cloherty.
- Mystérieux "cluster" -
Plus récemment, la coalition a découvert, en collaboration avec des médecins thaïlandais, qu'un virus transmis par les tiques était à l'origine d'un mystérieux "cluster" de malades en Thaïlande.
"À l'époque, nous ne savions pas quel virus était à l'origine de ce syndrome", raconte à l'AFP Pakpoom Phoompoung, professeur agrégé de maladies infectieuses à l'hôpital Siriraj de Bangkok.
Des tests et des séquençages d'échantillons datant de 2014 ont révélé que nombre de patients étaient atteints du syndrome de fièvre grave avec thrombocytopénie (SFTSV), une maladie qui n'avait été diagnostiquée qu'une dizaine de fois auparavant en Thaïlande.
Surveiller ce type de menaces s'avère de plus en plus nécessaire, à mesure que le changement climatique élargit l'éventail des maladies infectieuses dans le monde.
Le lien entre le changement climatique et ce type de maladies est bien établi et présente de multiples facettes: les températures plus chaudes permettent aux vecteurs comme les moustiques de s'installer dans de nouvelles régions, les pluies plus abondantes créent davantage de gîtes larvaires, et les conditions météorologiques extrêmes obligent les gens à sortir à l'air libre, où ils sont plus vulnérables aux piqûres.
L'impact de l'homme sur la planète favorise également la propagation et l'évolution des maladies infectieuses par d'autres moyens: la perte de biodiversité oblige les virus à évoluer vers de nouveaux hôtes, et peut pousser les animaux à entrer en contact plus étroit avec les humains.
L'analyse phylogénétique de la souche du SFTSV en Thaïlande donne un bon aperçu de ces interactions complexes. Elle a démontré que le virus avait évolué d'une espèce de tique à l'aire de répartition géographique réduite vers la tique asiatique à longues cornes, plus résistante.
- Compagnie aérienne pour virus -
Cette évolution serait due en grande partie à l'utilisation de pesticides qui ont réduit le nombre de tiques hôtes. Après avoir évolué, le virus a pu se propager davantage, notamment parce que les tiques asiatiques à longues cornes peuvent vivre sur les oiseaux, qui se déplacent de plus en plus loin et de plus en plus vite en raison, là encore, du changement climatique.
"C'est comme s'ils étaient une compagnie aérienne", résume M. Cloherty.
Les empreintes du changement climatique se retrouvent dans tous les domaines, des épidémies record de dengue en Amérique latine et dans les Caraïbes à la propagation du virus du Nil occidental aux États-Unis.
La propagation mondiale du Covid-19 est venue rappeler avec force les risques liés aux maladies infectieuses. Mais, regrette M. Cloherty, nous oublions vite cette leçon.
"Il faut être vigilant", dit-il. "Quelque chose qui se passe à Bangkok peut se passer demain à Boston".
Cette coalition de "chasseurs de virus", comme elle se surnomme elle-même, a déjà découvert toutes sortes de maux nouveaux, depuis une maladie inhabituelle transmise par les tiques en Thaïlande jusqu'à l'apparition surprise, en Colombie, d'une infection véhiculée par des moucherons.
"La liste des choses dont nous devons nous préoccuper, comme nous l'avons vu avec le Covid-19, n'est pas statique", explique Gavin Cloherty, un expert en maladies infectieuses qui dirige ce réseau, l'Abbott Pandemic Defense Coalition.
"Nous devons surveiller de près la façon dont évoluent les méchants que nous connaissons déjà, mais aussi l'arrivée de petits nouveaux", poursuit-il.
Financée par le géant américain de la santé et des appareils médicaux Abbott, la coalition rassemble des médecins et des chercheurs du monde entier.
En découvrant de nouvelles menaces, la coalition donne à Abbott une longueur d'avance dans la conception des kits de test comme ceux qui ont été au coeur de la réponse à la crise du Covid-19. Et le soutien d'un grand groupe industriel permet à la coalition de disposer de moyens importants pour détecter, séquencer et combattre les nouveaux virus.
"Quand nous trouvons quelque chose, nous sommes en mesure de réaliser très rapidement des tests de diagnostic au niveau industriel", se félicite M. Cloherty. "L'idée est de circonscrire une épidémie, de manière à empêcher une pandémie".
Depuis ses débuts en 2021, la coalition a séquencé quelque 13.000 échantillons.
En Colombie, elle a découvert un foyer d'Oropouche, un virus propagé par les moucherons et les moustiques, qui avait rarement été observé dans ce pays auparavant.
Les travaux phylogénétiques visant à retracer l'arbre généalogique de la souche ont révélé qu'elle provenait du Pérou ou d'Équateur plutôt que du Brésil, un autre point chaud. "On peut voir la façon dont les choses évoluent. Du point de vue de la santé publique, c'est important", selon M. Cloherty.
- Mystérieux "cluster" -
Plus récemment, la coalition a découvert, en collaboration avec des médecins thaïlandais, qu'un virus transmis par les tiques était à l'origine d'un mystérieux "cluster" de malades en Thaïlande.
"À l'époque, nous ne savions pas quel virus était à l'origine de ce syndrome", raconte à l'AFP Pakpoom Phoompoung, professeur agrégé de maladies infectieuses à l'hôpital Siriraj de Bangkok.
Des tests et des séquençages d'échantillons datant de 2014 ont révélé que nombre de patients étaient atteints du syndrome de fièvre grave avec thrombocytopénie (SFTSV), une maladie qui n'avait été diagnostiquée qu'une dizaine de fois auparavant en Thaïlande.
Surveiller ce type de menaces s'avère de plus en plus nécessaire, à mesure que le changement climatique élargit l'éventail des maladies infectieuses dans le monde.
Le lien entre le changement climatique et ce type de maladies est bien établi et présente de multiples facettes: les températures plus chaudes permettent aux vecteurs comme les moustiques de s'installer dans de nouvelles régions, les pluies plus abondantes créent davantage de gîtes larvaires, et les conditions météorologiques extrêmes obligent les gens à sortir à l'air libre, où ils sont plus vulnérables aux piqûres.
L'impact de l'homme sur la planète favorise également la propagation et l'évolution des maladies infectieuses par d'autres moyens: la perte de biodiversité oblige les virus à évoluer vers de nouveaux hôtes, et peut pousser les animaux à entrer en contact plus étroit avec les humains.
L'analyse phylogénétique de la souche du SFTSV en Thaïlande donne un bon aperçu de ces interactions complexes. Elle a démontré que le virus avait évolué d'une espèce de tique à l'aire de répartition géographique réduite vers la tique asiatique à longues cornes, plus résistante.
- Compagnie aérienne pour virus -
Cette évolution serait due en grande partie à l'utilisation de pesticides qui ont réduit le nombre de tiques hôtes. Après avoir évolué, le virus a pu se propager davantage, notamment parce que les tiques asiatiques à longues cornes peuvent vivre sur les oiseaux, qui se déplacent de plus en plus loin et de plus en plus vite en raison, là encore, du changement climatique.
"C'est comme s'ils étaient une compagnie aérienne", résume M. Cloherty.
Les empreintes du changement climatique se retrouvent dans tous les domaines, des épidémies record de dengue en Amérique latine et dans les Caraïbes à la propagation du virus du Nil occidental aux États-Unis.
La propagation mondiale du Covid-19 est venue rappeler avec force les risques liés aux maladies infectieuses. Mais, regrette M. Cloherty, nous oublions vite cette leçon.
"Il faut être vigilant", dit-il. "Quelque chose qui se passe à Bangkok peut se passer demain à Boston".