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Boris Peytermann démissionne de la direction générale du Port autonome


PAPEETE, 17 juin 2016 - Le directeur général du Port autonome de Papeete a remis sa démission à Albert Solia, mercredi. A ce poste par intérim depuis 10 mois Boris Peytermann estime ne pas y avoir "toute la confiance du président du Pays".

Alors que le gouvernement tarde depuis plusieurs semaines à le nommer en plein exercice, Boris Peytermann a adressé le 15 juin dernier à Albert Solia une lettre de démission de son poste de directeur général par intérim du Port autonome de Papeete. "Encore une fois, je vous rappelle que le défaut de légitimité et l’absence de confiance du président du Pays entravent fortement le fonctionnement et la dynamique de l’établissement et ne permettent pas de poursuivre les réformes en cours, ni de gérer les dossiers sensibles", explique cette lettre de démission à effet immédiat, également adressée en copie à Edouard Fritch. Il y demande l’abrogation "au plus tôt" de son arrêté de nomination, en date du 24 juillet 2015, et constate surtout l’irrégularité de sa situation, au regard d’un texte adopté en mai dernier (2016-38-APF) stipulant qu’un intérimaire ne peut rester plus de six mois à la tête d’un établissement public. Lui est à ce poste depuis 10 mois, après avoir pris la suite de Mario Banner.

Le 7 juin dernier, par courrier déjà, Boris Peytermann avait fait part à son ministre de tutelle du déficit de légitimité lié à sa situation d’intérimaire à la tête de l’Epic : "pour que l’établissement poursuive ses réformes entamées, la main doit être laissée très rapidement à quelqu’un qui aura toute la confiance du président du Pays", soulignait-il alors en demandant la nomination rapide d’un directeur général.

Après de nombreuses évocations, le Conseil des ministres était enfin parvenu, trois semaines plus tôt lors de sa séance du 11 mai, à la demande réitérée d’Albert Solia, à "un accord de principe" au sujet de la nomination Peytermann au poste de DG du port, sans pour autant qu’un arrêté ne soit pris.
"On m’avait informé de cette situation en m’annonçant que ma nomination était imminente. J’en ai naturellement fait part aux acteurs du port. Mais depuis, il ne se passe rien", déplore l’intéressé. "Et il n’y a pas un jour sans que quelqu’un me demande où en est ma nomination. Cela pose plus qu’un problème de légitimité : c’est une question de crédibilité".

En retardant sa nomination au poste en plein exercice, le Conseil des ministres pourrait avoir suivi l’avis rendu par la CCBF le 16 mars. La Commission de contrôle budgétaire et financier de l’assemblée avait ce jour-là donné un timide avis favorable à cette nomination par 3 voix pour, 2 contre et quatre abstentions dont deux venant de toute évidence du camp des pro-Fritch et montrant déjà toute la dualité du positionnement au sein du groupe Rassemblement pour une majorité autonomiste (RMA). Surtout, la CCBF avait assorti son avis d’une nuance de taille : "les membres de la commission aimeraient que le processus d’océanisation des cadres polynésiens soit une réalité, à compétences égales". Une considération que ne réfute par l’intéressé : "c’est un grand classique ; mais encore faudrait-il qu’un système de tutorat soit mis en place à la tête de l’établissement pour amener ces cadres jusqu’aux compétences requises", remarque Boris Peytermann. "Encore une fois c’est une question de choix politique".

Créé en 1962, le Port autonome dispose du statut d’Etablissement public à caractère industriel et commercial (Epic) depuis 1997. Actuellement placé sous la tutelle du ministère d’Albert Solia, l’établissement est engagé en 2016 dans une réflexion d’ensemble sur les réformes qui devront être engagées dans le cadre de son projet stratégique pour les 10 ans à venir. Les conclusions doivent être rendues en fin d’année. La réflexion stratégique doit notamment programmer les investissements liés au développement des infrastructures portuaires dans les années à venir, en vue de l’accueil de plus grands porte-conteneurs. Elle porte également sur l'organisation générale de l'établissement, la politique tarifaire, le mode de gouvernance...

Le Port Autonome de Papeete jouit d’une complète autonomie financière, dispose de ressources propres et gère ses dépenses. Son secteur de compétences s’exerce sur 2250 hectares de domaine maritime et 80 hectares de domaine public terrestre dont le port de Papeete, le port et la marina de Vaiare à Moorea, et la marina Taina à Punaauia.

L’établissement finance ses investissements sur ses propres deniers ou par emprunts auprès d’organismes officiels tels que la Caisse Française de Développement. Ses recettes proviennent essentiellement de la gestion de son patrimoine et d’une taxe de péage sur les marchandises. En 2014, 1,39 million de tonnes ont transité par le port de Papeete, dont plus de 953 000 tonnes à l’international. En 2015 l’établissement a réalisé un chiffre d’affaires de 3,6 milliards Fcfp, en hausse de 2,8 % sur l’année, et clôture ses comptes avec un résultat excédentaire de 228 millions Fcfp.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 17 Juin 2016 à 19:00 | Lu 6779 fois