Tahiti, le 8 décembre 2022 – Renvoyé devant le tribunal correctionnel pour “trafic d'influence” aux côtés de son ancien apporteur d'affaires Gaston Tetuanui et du conseiller du ministre de l'Équipement Jean Chin Foo, l'homme d'affaires Bill Ravel a souhaité répondre à nos révélations sur le contenu de l'ordonnance de renvoi du juge d'instruction. Il détaille ainsi l'état de ses relations avec le syndicaliste de la CSIP Cyril Le Gayic et les deux autres protagonistes qui seront jugés avec lui dans ce dossier.
"En tant qu'armateur, j'ai commencé à desservir la Polynésie en janvier 1987 et ce durant 33 années avec tout d'abord le navire Capitaine Martin. Les différents navires affrétés tout au long de ces années ont effectué 288 escales à Papeete. Au cours du premier semestre 2008 alors que le pétrolier James Cook était en vue des côtes, j'ai été avisé que les 12 employés de la STDO qui devaient décharger le navire étaient en grève. Le port autonome m'a demandé que le navire reste au large pour éviter tout risque d'incident susceptible d'être généré par les grévistes
Mon collaborateur, Kim Than Trong, qui était le Directeur général de la société Petrocéan à l'époque armateur du navire James Cook, s'est rapproché du haut-commissariat pour solliciter une intervention afin de permettre le déchargement des produits pétroliers. Après plusieurs entretiens avec la haut-commissaire de l'époque, Anne Bocquet, cette dernière a confirmé qu'elle avait bien le pouvoir de faire intervenir la force publique s'agissant d'un enjeu stratégique ou de réquisitionner du personnel pour le déchargement. Elle a également indiqué qu'elle ne ferait rien de tout ça, préférant laisser libre cours à la négociation.
Compte tenu du coût journalier de navire, la société armateur du James Cook pouvait décider de faire quitter la Polynésie au navire pour continuer sa route vers les prochaines destinations de desserte. Au lieu de cela et pour empêcher tout risque de pénurie de pétrole, il a été décidé de patienter.
Finalement, après 13 jours d'attente et confronté à l'inaction assumée des autorités du Pays et de l'État, le secrétaire général du syndicat CSIP a été contacté par un de mes collaborateurs qui s'est proposé pour le faire, au regard de ses relations amicales avec le syndicaliste. Mon collaborateur, Gaston Tetuanui, est revenu vers moi 2 heures après pour m'informer que Cyril Le Gayic était disposé à lever la grève à la condition de lui donner 1 million de Fcfp. Je tiens à préciser que je n'ai jamais rencontré et ne connaissait pas même de nom Cyril Le Gayic. Complètement démuni, j'ai fini par céder à ce chantage pour débloquer la situation. J'ai purement et simplement été racketté dans cette affaire et Cyril Le Gayic a fomenté cette grève à dessein. C'était un coup monté pour essayer de soutirer de l'argent à l'armateur. Cela m'a valu une condamnation injuste pour laquelle j'ai fait appel."
"J'ai fait sa connaissance en 1996 dans le cadre de projets professionnels. Il m'a notamment assisté pour la mise en place du navire Ferry à grande vitesse “King Tamatoa”. À aucun moment, contrairement à ce qui a pu être écrit dans l'article double page du journal Tahiti Infos du 06/12/2022, je n'ai considéré ce dernier comme un homme d'influence. Il était uniquement un collaborateur dont la fonction était de me conseiller dans mes affaires.
Gaston Tetuanui n'a jamais été mêlé de près ou de loin à la mise en place d'une convention entre le Pays, les armateurs et les distributeurs de produits pétroliers. La convention en question et ses avenants ont été voulus par le gouvernement de l'époque pour encadrer le ravitaillement du pays et en maîtriser les coûts.
Pour rappel, les signataires de cette convention et de ses avenants sont le Pays et les sociétés Total, Mobil, Shell Polynésie (PPS) ainsi que les transporteurs maritimes. Gaston Tetuanui n'avait ni l'entregent ni les compétences pour intervenir dans ce type de discussions. Pour finir, à aucun moment Gaston Tetuanui n’a bénéficié de parkings et encore moins en rémunération d'un service d'influence qui n'a en réalité jamais existé."
"Jean Chin Foo était le référent technique du ministère en charge de la rédaction de la convention et de ses avenants. La signature de ces derniers ne dépendait pas de Jean Chin Foo, mais de son ministre et du Président du Pays de l'époque, Oscar Temaru après aval du conseil des ministres.
Supposer une quelconque influence de Jean Chin Foo sur son ministre James Salmon, sur le Conseil des ministres et sur le Président du Pays est purement absurde. Si la convention et ses avenants ont été signés par le Pays, c'est bien que les modalités convenaient au Pays et non simplement parce que Monsieur Chin Foo était un homme supposément d'influence. La convention et ses avenants ont permis le maintien des prix stables au bénéfice de la population polynésienne.
À titre indicatif, le prix de la tonne de pétrole transportée était de 57,20 USD à l'époque. Aujourd'hui, alors que la convention n'a pas été renouvelée par le gouvernement actuel depuis plusieurs années, le prix à la tonne est de 102 USD. Ce qui explique aujourd'hui, compte tenu des fluctuations du marché, les prix à la pompe flambent en Polynésie faute de convention encadrant les tarifs des produits pétroliers importés.
Pour ce qui est de versement d'argent à Monsieur Chin Foo en contrepartie d'influence, je crois avoir parfaitement démontré que tout cela ne tient pas debout et est parfaitement ridicule. Au vu du nombre de contrôles administratifs dont moi et mes sociétés avons fait l'objet depuis mon installation en Polynésie, si j'étais un homme aussi influent que ça, ces contrôles n'auraient pas eu lieu ou auraient été arrêtés avant leur conclusion. Pourtant, ce n'est pas le cas et ça n'a jamais été le cas.
Je n'ai jamais bénéficié de passe-droit et j'ai toujours mené mes affaires honnêtement en respectant la loi."
- Concernant Cyril Le Gayic
"En tant qu'armateur, j'ai commencé à desservir la Polynésie en janvier 1987 et ce durant 33 années avec tout d'abord le navire Capitaine Martin. Les différents navires affrétés tout au long de ces années ont effectué 288 escales à Papeete. Au cours du premier semestre 2008 alors que le pétrolier James Cook était en vue des côtes, j'ai été avisé que les 12 employés de la STDO qui devaient décharger le navire étaient en grève. Le port autonome m'a demandé que le navire reste au large pour éviter tout risque d'incident susceptible d'être généré par les grévistes
Mon collaborateur, Kim Than Trong, qui était le Directeur général de la société Petrocéan à l'époque armateur du navire James Cook, s'est rapproché du haut-commissariat pour solliciter une intervention afin de permettre le déchargement des produits pétroliers. Après plusieurs entretiens avec la haut-commissaire de l'époque, Anne Bocquet, cette dernière a confirmé qu'elle avait bien le pouvoir de faire intervenir la force publique s'agissant d'un enjeu stratégique ou de réquisitionner du personnel pour le déchargement. Elle a également indiqué qu'elle ne ferait rien de tout ça, préférant laisser libre cours à la négociation.
Compte tenu du coût journalier de navire, la société armateur du James Cook pouvait décider de faire quitter la Polynésie au navire pour continuer sa route vers les prochaines destinations de desserte. Au lieu de cela et pour empêcher tout risque de pénurie de pétrole, il a été décidé de patienter.
Finalement, après 13 jours d'attente et confronté à l'inaction assumée des autorités du Pays et de l'État, le secrétaire général du syndicat CSIP a été contacté par un de mes collaborateurs qui s'est proposé pour le faire, au regard de ses relations amicales avec le syndicaliste. Mon collaborateur, Gaston Tetuanui, est revenu vers moi 2 heures après pour m'informer que Cyril Le Gayic était disposé à lever la grève à la condition de lui donner 1 million de Fcfp. Je tiens à préciser que je n'ai jamais rencontré et ne connaissait pas même de nom Cyril Le Gayic. Complètement démuni, j'ai fini par céder à ce chantage pour débloquer la situation. J'ai purement et simplement été racketté dans cette affaire et Cyril Le Gayic a fomenté cette grève à dessein. C'était un coup monté pour essayer de soutirer de l'argent à l'armateur. Cela m'a valu une condamnation injuste pour laquelle j'ai fait appel."
- Concernant Gaston Tetuanui
"J'ai fait sa connaissance en 1996 dans le cadre de projets professionnels. Il m'a notamment assisté pour la mise en place du navire Ferry à grande vitesse “King Tamatoa”. À aucun moment, contrairement à ce qui a pu être écrit dans l'article double page du journal Tahiti Infos du 06/12/2022, je n'ai considéré ce dernier comme un homme d'influence. Il était uniquement un collaborateur dont la fonction était de me conseiller dans mes affaires.
Gaston Tetuanui n'a jamais été mêlé de près ou de loin à la mise en place d'une convention entre le Pays, les armateurs et les distributeurs de produits pétroliers. La convention en question et ses avenants ont été voulus par le gouvernement de l'époque pour encadrer le ravitaillement du pays et en maîtriser les coûts.
Pour rappel, les signataires de cette convention et de ses avenants sont le Pays et les sociétés Total, Mobil, Shell Polynésie (PPS) ainsi que les transporteurs maritimes. Gaston Tetuanui n'avait ni l'entregent ni les compétences pour intervenir dans ce type de discussions. Pour finir, à aucun moment Gaston Tetuanui n’a bénéficié de parkings et encore moins en rémunération d'un service d'influence qui n'a en réalité jamais existé."
- Concernant Jean Chin Foo
"Jean Chin Foo était le référent technique du ministère en charge de la rédaction de la convention et de ses avenants. La signature de ces derniers ne dépendait pas de Jean Chin Foo, mais de son ministre et du Président du Pays de l'époque, Oscar Temaru après aval du conseil des ministres.
Supposer une quelconque influence de Jean Chin Foo sur son ministre James Salmon, sur le Conseil des ministres et sur le Président du Pays est purement absurde. Si la convention et ses avenants ont été signés par le Pays, c'est bien que les modalités convenaient au Pays et non simplement parce que Monsieur Chin Foo était un homme supposément d'influence. La convention et ses avenants ont permis le maintien des prix stables au bénéfice de la population polynésienne.
À titre indicatif, le prix de la tonne de pétrole transportée était de 57,20 USD à l'époque. Aujourd'hui, alors que la convention n'a pas été renouvelée par le gouvernement actuel depuis plusieurs années, le prix à la tonne est de 102 USD. Ce qui explique aujourd'hui, compte tenu des fluctuations du marché, les prix à la pompe flambent en Polynésie faute de convention encadrant les tarifs des produits pétroliers importés.
Pour ce qui est de versement d'argent à Monsieur Chin Foo en contrepartie d'influence, je crois avoir parfaitement démontré que tout cela ne tient pas debout et est parfaitement ridicule. Au vu du nombre de contrôles administratifs dont moi et mes sociétés avons fait l'objet depuis mon installation en Polynésie, si j'étais un homme aussi influent que ça, ces contrôles n'auraient pas eu lieu ou auraient été arrêtés avant leur conclusion. Pourtant, ce n'est pas le cas et ça n'a jamais été le cas.
Je n'ai jamais bénéficié de passe-droit et j'ai toujours mené mes affaires honnêtement en respectant la loi."
Bill Ravel