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Avec l'AFD, l'Etat contraint la Polynésie à se réformer


Avec l'AFD, l'Etat contraint la Polynésie à se réformer
Tandis qu’Oscar Temaru négocie à Paris les conditions de l’emprunt AFD, des discussions ont lieu parallèlement en Polynésie. Le vice-président, Antony Geros, recevait mardi matin le directeur de l’antenne locale de l’Agence Française de Développement, François Giovalucchi, en présence du ministre de l’économie, des finances, du travail et de l’emploi, Pierre Frebault.

« Il y a un changement de perspective. On est passé d’un soutien inconditionnel à un soutien qui est conditionné » explique François Giovalucchi. « La Polynésie doit faire des réformes qu’un certain nombre d’autres pays ont dû faire dans les années 90 », insiste le directeur de l’AFD en Polynésie. Mardi matin, il a donc abordé avec le vice président, Antony Geros, ces fameuses réformes structurelles que l’Etat attend depuis la publication du rapport Bolliet. Désormais la Polynésie est au pied du mur : avec sa note BB+, elle ne peut plus se tourner que vers l’AFD pour emprunter. « Les autres bailleurs de fonds attendent de voir comment nous nous comportons », explique M. Giovalucchi. L’Etat, via l’AFD, a donc les moyens de contraindre la Polynésie à des réformes profondes.

Mais avant, l’Etat exige symboliquement la vente de l’immeuble de la délégation polynésienne du boulevard Saint-Germain à Paris. Un premier prêt de 3 milliards sera accordé à la Polynésie à cette condition. « C’est au niveau politique que tout va se jouer », confie M. Giovalucchi. Les discussions seront serrées cette semaine, le pays souhaitant plutôt louer le bâtiment. Si l'Etat et le Pays arrivent à un accord, ils signeront vendredi un protocole d’accord entre l’Etat et la Polynésie, et le prêt sera alors débloqué.


L'AFD salue la réflexion sur l'impôt sur le revenu

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Et les discussions ne s’arrêteront pas là. Pour boucler le budget 2010, la Polynésie aura encore besoin de contracter un emprunt de 2 milliards. Il est quant à lui conditionné à la mise en œuvre d’un plan de réformes avant le 30 juin. « C’est court », reconnaît M. Giovalucchi, qui explique qu’« Antony Géros et Pierre Frebault m’ont confirmé qu’ils travaillaient en ce sens ». « Le vice-président m’a bien confirmé ce matin qu’il réfléchissait à l’avenir de la SETIL, de la SAGEP », détaille M. Giovalucchi, « il entame aussi une réflexion sur la mise en œuvre d’une autorité de la concurrence, ce qui pose des problèmes techniques complexes, mais la discussion s’est passée dans un climat de bon partenariat et de franchise ».

Après le budget 2010, il faudra s’attaquer au financement de la partie investissement du budget 2011. «L’idée des réformes qui sont en court, c’est d’économiser sur le fonctionnement, par exemple sur des satellites qui ne sont pas indispensables pour rétablir la possibilité d’endettement, et donc de relancer le pays avec des investissements en infrastructures.On procède étape par étape : quand le budget 2010 sera bouclé, on passera au budget 2011 », précise M. Giovalucchi, pour qui l’Etat attend des réformes d’envergure, et sur le long terme.

L’AFD « salue » au passage le souhait du gouvernement Temaru de mettre en place une fiscalité directe, type impôt sur le revenu, mais qui pourrait, pour des raisons de simplicité, être dans un premier temps une hausse de la CST. Pour l’agence française de développement, et donc pour l’Etat qui fait passer un message à travers elle, un impôt sur le revenu serait un pas en avant vers une fiscalité « plus juste, et mieux ciblée ». Le courant passe mieux qu’on ne le pense entre l’Etat et Oscar Temaru, qui a fait de la mise en place d’un impôt sur le revenu une priorité.

le Mardi 26 Avril 2011 à 16:04 | Lu 4189 fois