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Attaque mortelle d'un fourgon pénitentiaire: minute de silence, le fugitif recherché par Interpol


HANDOUT / INTERPOL / AFP
HANDOUT / INTERPOL / AFP
Caen, France | AFP | mercredi 15/05/2024 - Des centaines d'agents pénitentiaires ont observé mercredi matin une minute de silence devant les prisons en mémoire des deux agents tués la veille dans l'attaque violente d'un fourgon transportant un délinquant, toujours activement recherché avec ses complices, y compris désormais par Interpol.

Dans la cour d'honneur du centre pénitentiaire de Caen, une centaine de personnes ont observé une minute de silence à l'appel de l'intersyndicale nationale pénitentiaire, en présence de pompiers, gendarmes et du préfet du Calvados Stéphane Bredin.

Le silence était lourd d'émotions dans ce centre pénitentiaire, où étaient basées les deux victimes de l'attaque menée par plusieurs malfaiteurs armés mardi à 11h00 au péage d'Incarville (Eure). Elle a également fait trois blessés, l'un d'entre eux ayant encore mercredi son pronostic vital engagé.

"Toute une profession est meurtrie", a confié à l'AFP Olivier Duval, surveillant au centre pénitentiaire de Caen et secrétaire local CGT. 

"Nous sommes en situation de deuil", a renchéri Vanessa Lefaivre, secrétaire locale adjointe FO Justice à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne).

L'intersyndicale a lancé une opération "prisons mortes" pour protester contre le manque de moyens des agents pénitentiaires, une action suivie dans de nombreux établissements français et qui pourrait être reconduite.

Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, avait appelé à ce que la minute de silence soit suivie dans toutes les juridictions.

La traque du détenu multirécidiviste qui s'est évadé, Mohamed Amra, et de ses complices se poursuivait mercredi.

Interpol, organisation internationale de coopération policière basée à Lyon, a annoncé avoir diffusé une "notice rouge" pour localiser le fugitif, surnommé "La Mouche" dans le milieu carcéral. Ces notices rouges permettent de transmettre au réseau des avis de recherche internationaux émis par la justice d'un pays à l'encontre de suspects.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a dit espérer que l'évadé mais aussi le "gang de meurtriers qui l'a accompagné" puissent être appréhendés "dans les jours qui viennent."

"Rien que dans le département de l'Eure", "plus de 450 policiers et gendarmes" ont été mobilisés, a-t-il affirmé sur RTL.

Cette présence policière n'était pas visible sur les routes du secteur, selon un correspondant de l'AFP.

Dans la commune d'Incarville, "les choses se sont apaisées aujourd'hui" mercredi, a constaté le maire Patrick Maugars. "On va essayer de passer à autre chose tout en pensant profondément aux victimes et à leur famille".

Détenu multirécidiviste

L'intersyndicale pénitentiaire a été reçue dans l'après-midi par le ministre de la Justice. 

Les syndicats réclament notamment "la réduction drastique des extractions en favorisant l'utilisation de la visioconférence des magistrats ou leurs déplacements en établissements", "une refonte et harmonisation des niveaux d'escorte".

Face aux agresseurs, les agents n'avaient qu'"un simple Sig Sauer (une arme de poing, NDLR) contre des armes de guerre", a accusé Frédéric Liakhoff, secrétaire FO-Justice au centre pénitentiaire de Caen.

La commission des Lois de l'Assemblée nationale va mettre sur pied une mission "flash" chargée de faire des propositions d'ici à un mois "sur le transfèrement et les extractions de l'administration pénitentiaire" après l'attaque mortelle, a annoncé son président Sacha Houlié (Renaissance).

Le détenu en fuite, Mohamed Amra, 30 ans, a été condamné à 13 reprises, mais jamais "pour infraction à la législation sur les stupéfiants", a précisé devant la presse la procureure de Paris Laure Beccuau.

La dernière condamnation en date remonte au 7 mai, par le tribunal d'Evreux "pour un vol avec effraction" qui lui a valu 18 mois de prison. Il était en détention provisoire pour d'autres dossiers, dont une mise en examen par la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée) de Marseille dans un dossier de meurtre en bande organisée, a-t-elle ajouté.

La Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) a été saisie de l'enquête, confiée à l'Office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO) et la police judiciaire de Rouen.

Durant sa courte détention à Evreux, où il avait été transféré en avril pour être jugé, les barreaux de sa cellule avaient commencé à être sciés, selon la magistrate. Lors de l'attaque, il revenait vers la maison d'arrêt d'Evreux où il était incarcéré après une audition au tribunal judiciaire de Rouen.

"Crime ignoble"

Mardi, en fin de journée, M. Dupond-Moretti était venu rencontrer les familles et collègues des victimes, à l'issue d'une visite au pôle de rattachement des extractions judiciaire de Caen. 

"Naturellement ils sont effondrés", avait-il dit.

C'est la première fois depuis 1992 qu'un agent de la pénitentiaire est tué dans l'exercice de ses fonctions, avait rappelé le ministre de la Justice.

"Tout sera mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ce crime ignoble", avait-il répété. 

L'attaque a été qualifiée sur le réseau X de "choc" par le président Emmanuel Macron. "Nous serons intraitables", a-t-il promis.

le Mercredi 15 Mai 2024 à 05:05 | Lu 554 fois